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miradas Janvier-mars 2008 N˚5. 1 er trimestre www.maec.es al exterior GOBIERNO DE ESPAÑA MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN MAGAZINE D'INFORMATIONS DIPLOMATIQUES DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DE LA COOPÉRATION > EXTÉRIEUR Ambassade d'Espagne à Kinshasa > ÉCONOMIE Inditex, une multinationale en expansion > CULTURE Almadén, avant et après le mercure > COOPÉRATION Fermeture de la plus grande décharge d'Amérique latine > INTERVIEW Victor Gª de la Concha: “Notre devise serait l'unité de l'espagnol” EXPO ZARAGOZA 2008 LA COOPÉRATION ET LA DIPLOMATIE PUBLIQUE S'ENGAGENT DANS LA GESTION DE L'EAU ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE Analyse > Aspects essentiels de l'action consulaire

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Magazine d'informations diplomatiques du Ministere des Affaires Etrangeres et de la Cooperation

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miradas Janvier-mars 2008N˚5. 1er trimestre

www.maec.es

al exterior GOBIERNO DE ESPAÑA

MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

Magazine d'inforMations diploMatiques du Ministère des affaires étrangères et de la coopération

> extérieur ambassade d'espagne à Kinshasa

> économie inditex, une multinationale en expansion

> culture almadén, avant et après le mercure

> cooPérAtionfermeture de la plus grande décharge d'amérique latine

> interview Victor gª de la concha: “notre devise serait l'unité de l'espagnol”

EXPOZARAGOZA2008 La coopération et La dipLomatie

pubLique s'engagent dans La gestion de L'eau et du déveLoppement durabLe

analyse > aspects essentiels de l'action consulaire

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l'éditorial

❖ L'Espagne est un pays complètement engagé dans le Mouvement des expositions internationales. Dans un monde marqué par une dynamique qui va du conflit des civilisations à l’Alliance des civilisations, cet esprit revêt aujourd’hui une dimension particulière car il est, de par son ampleur universelle, au même titre que le mouve-ment olympique, le seul mouvement incon-testé et qui suscite l’adhésion immédiate de larges publics.

❖ L'Expo Zaragoza 2008 inaugure un nouveau genre dans l’histoire des Expositions internationales. Il s'agit d'un grand rendez-vous qui, tout en s’adaptant à l’esprit changeant de l’époque, se concentre sur un thème spécifique, reflet d'une des préoccupations primordiales de l’humanité. L’eau est un bien unique et précieux. Elle est la ressource naturelle la plus sensible aux effets du changement climatique. Aussi l’Exposition de Saragosse souhaite-t-elle constituer une grande plateforme de sensibilisation à un thème qui, du domaine scientifique initial est ensuite passé au do-maine politique, avant de se convertir en un thème de débats quotidien pour l’opinion publique.

❖ Sur le thème « Eau et dévelop-pement durable », l’Expo Zaragoza 2008 sera la voix de plus de 100 pays, un exercice en commun dont le but sera de faire participer des millions de personnes à la recherche générale de solutions autour d'un thème fondamental qui concerne tous les pays. De plus, Saragosse montrera l'exemple et se convertira en une grande vitrine du développement durable : Les 25 hectares devant servir de théâtre à l'Expo et situés le long de l'Èbre constitueront une grande vitrine expérimentale de l'utilisation des nouvelles technologies : architecture bioclimatique, véhicules à hydrogène, matériaux recyclables pour tous ses articles publicitaires, entre autres. En outre, des sources d'énergie renouvelables seront utilisées pour l'alimentation de l'ensemble du site de l'Expo.

❖ Passerelle entre l'Expo Aichi 2005 intitulée « Sagesse de la Nature » et l'Expo Shanghai 2010 sur le thème « Une meilleu-re ville pour une meilleure vie », Zaragoza 2008 entend se convertir en un foyer de coopération dans tous les domaines ayant trait à la gestion de l'eau. ❖ L'Espagne a relevé le défi de mettre

l'instrument qu'est une exposition inter-nationale au service de qu'elle considère être un des grands défis du XXIe siècle : la diffusion de l'idée d'un besoin de nouveaux modes de pensée en matière de gestion de l'eau et de développement durable, deux concepts qui répondent aux défis lancés par le changement climatique.

❖ En effet, l'eau est probablement, outre une ressource vitale, l'indicateur le plus sensible à l'impact du changement climatique. Le concept de développement durable regroupe l'ensemble des réponses aux défis du changement climatique devant permettre de concilier le développement de l'humanité et la préservation de l'environ-nement.

❖ Avec l'Exposition Zaragoza 2008, l'Espagne propose d'aborder ce thème autour de trois piliers :

❖ Un pilier environnemental qui consiste à informer de façon claire et attrayante, par le biais de l'Exposition, de la situation du monde actuel par rapport au phénomène du réchauffement global et des perspectives pour l’avenir. Dans cette dimension environnementale, Saragosse essaiera d’éviter ce que nous considérons comme deux écueils : d’une part, l'attitude qui consiste à nier le problème en laissant entendre que nous nous trouvons face à un problème cyclique que la nature régu-lera d’elle-même, car nous savons que le monde ne résoudra pas les problèmes du réchauffement global en se contentant d’en nier la réalité. Et d'autre part en tombant dans une perception sentimentale et biaisée qui attribue les problèmes à l’économie de marché et à la mondialisation. Nous savons aujourd’hui que ces deux aspects font partie du problème mais qu'ils sont aussi un élément essentiel de la solution. Par conséquent, Saragosse propose un regard prudent sur la réalité du réchauffement en donnant la parole à la communauté scientifique à travers ses membres les plus éminents.

« Eau et développement durable », le défi du XXIe siècle

Emilio Fernández-Castaño y Díaz-Caneja Commissaire de l'exposition internationale ZaragoZa 2008

Comité d'édition. Présidente : Sous-secrétaire du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. Premier Vice-président : Directeur général de la communication externe. Second Vice-président : Secrétaire général technique. membres : Chefs de cabinets du secrétariat d'État aux Affaires étrangères, du secrétariat d'État à la Coopération, du secrétariat d'État à l'Union européenne et du secrétariat d'État à l'Amérique latine et du cabinet du secrétaire général de l'AECI (agence espagnole de coopéra-tion internationale).

VotRE boîtE aux lEttRES. Miradas al exterior se veut un forum vivant et ouvert à vos suggestions et commentaires : [email protected]

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miradas al exterior● l'éditorial

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❖ Le second pilier de l’Expo entend abor-der le thème de l’eau selon une perspective de coopération internationale, comprise de trois façons différentes :

❖ En premier lieu, en tant que coopéra-tion au développement. L’eau fait partie des Objectifs de développement de l'ONU pour le Millénaire et figure parmi les secteurs prioritaires de la Coopération au dévelop-pement. Mais nous savons aujourd’hui que, dans la pratique, cet ordre de priorité n’est pas toujours respecté. L’Exposition entend signaler l’urgence avec laquelle le monde, et notamment les pays les plus développés, doivent coopérer avec certaines régions de la planète, en particulier l’Afrique subsaha-rienne, afin que l’eau, aujourd’hui vecteur de transmission de maladies et de mort, soit là-bas aussi, une source de vie et un moteur d’éradication de la pauvreté.

❖ Une deuxième dimension de la coopération internationale concerne la création et l’ampliation de réseaux mondiaux d’information et d’alerte rapide pour prévenir et atténuer, dans la mesure du possible, les effets des comportements extrêmes du climat dus au changement climatique, qu’il s’agisse d’incendies, d’inondations, d’ouragans ou de toute autre phénomène susceptible de mettre en danger la vie des hommes et la prospérité de régions entières. Le tsunami du sud-est asiatique qui fut détecté à Hawaï mais dont l’alerte ne parvint pas aux zones touchées par la tragédie est un aspect inacceptable de ce que nous pourrions appeler les trous noirs de la mondialisation. Face à des défis mondiaux, il convient d'employer des ins-truments mondiaux. L’Exposition entend favoriser le développement de ces réseaux de communication entre gouvernements mais aussi en direction et à partir de la société civile. La puissance des ordinateurs personnels mise au service de réseaux mondiaux dans le cadre de projets concrets à visées humanitaires est un exemple du chemin à suivre.

❖ Un troisième aspect de la coopération internationale concerne le partage des expé-riences et la visibilité des bonnes pratiques que l’Expo souhaite mettre en œuvre en matière d’encadrement institutionnel de la gestion des eaux et des bassins partagés. À l’échelle internationale, on trouve autant d'exemples de succès que d’échecs en la matière, sur un terrain dénué de modèle unique valable pour tout le monde, mais où nous avons tous quelque chose à apprendre.

❖ Le troisième pilier proposé pour l’Expo est la dimension technologique et économique de l’eau et du développement durable. Nous voulons que Saragosse serve à dissiper l’erreur selon laquelle les solutions au changement climatique porte-raient préjudice à l’économie des citoyens et des pays, alors que l’on sait, au contraire, que les activités économique liées au dé-veloppement durable constituent d’ores et déjà un secteur d’activité à fort potentiel de croissance et de création d’emplois. En ce sens, nous souhaitons que l’Expo Zaragoza serve de vitrine aux meilleures pratiques aussi bien en matière d’infrastructures hydrauliques que de traitement, recyclage et assainissement de l'eau, ainsi qu'aux sources d’énergie propre souvent associées à ces secteurs, ou encore aux interrelations eau/habitat, eau/industrie, eau/agricul-ture, eau/ville, eau/santé ou eau/loisirs.

❖ Tous ces aspects trouveront à Saragosse leur expression au travers de pavillons, comme le veut la tradition dans ce genre d’évènements qui regroupent un grand nombre de pays et d’organisations internationales. Mais Saragosse se veut aussi une approche pragmatique au grand défi du XXIe siècle et disposera pour cela d’une « Tribune de l’Eau », un forum pour le débat technique et scientifique sous la direction des plus grands noms interna-tionaux en matière d'eau. Il s'agira d'une plateforme depuis laquelle on cherchera avant tout l’adhésion et l’engagement des citoyens.

Nº 5. 1er trimestre 2008. NIPO : 501-07-002-0. Dépôt légal : 501-08-029-7 . Publicité, impression et distribution : www.4ccomunicacion.com

RédaCtion. direction : Manuel Cacho. Rédacteur en chef : José Bodas. directeur artistique et éditeur : Javier Hernández. ont collaboré à ce numéro: David Merino, Luis Sánchez, Jacobo García, Ignacio Gómez, Julia Robles, Javier Fernández, A. Issacovitch, Cristina Arenas et Ricardo Losa. adresse: Dirección General de Comunicación Exterior. Serrano Galvache, 26. 28033 MADRID.

Publication éditée par la Dir. générale de communication externe du MAEC. Toute reproduction totale ou partielle sans autorisa-tion expresse de l'éditeur est interdite. Miradas al exterior n'est responsable ni du contenu éditorial, ni des opinions exprimées par les auteurs.

SOMMAIRE4 > action extérieure Zaragoza 2008, eau et dévelop-pement durable. 10 > aspects essentiels de l'action consu-laire. 14 > Madrid a accueilli le premier Forum de l'alliance des civilisations. 18 > action exté-rieure en bref. 24 > L'eSPaGne à L'extérieur rDc, le cœur

de l'afrique. 28 > inditex, une multinationale en expansion. 32 > DécouVreZ L'eSPaGne r&D&i dernier appel. 36 > al-madén, avant et après le mercu-re. 38 > rock in rio, le rendez-vous musical le plus important du monde arrive en espagne. 40 > cuLture et Société

informations. 48 cooPération > La coopération espagnole ferme la plus grande décharge d'amérique latine. informations. 52 > DiVerS Publications. 56 > L'interVieW Víctor García de la concha : « nous ouvrons bien grandes les oreilles pour écouter ce qui se dit et bien grand les yeux pour voir ce qui s'écrit »

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action extérieure

Nous ne sommes plus qu'à quelques semaines d'un nouvel événement international important organisé par l'Espagne. Du 14 juin au 14 septembre 2008, Saragosse accueillera l'Exposition Internationale qui, sur le thème « Eau et Développement Durable », sera la première à adopter le nouveau modèle de ce type d'événements agréé par le Bureau International des Expositions (BIE). Pour organiser l'Exposition Zaragoza 2008, l'Espagne dispose de solides antécédents et de motifs d'ordre international, national, régional et local. Soulignons, par exemple, notre niveau de développement et notre stabilité, le renforce�ment de notre position en tant que destination touristique mondiale de premier plan, ou encore l'expé� en tant que destination touristique mondiale de premier plan, ou encore l'expé�en tant que destination touristique mondiale de premier plan, ou encore l'expé�rience dans l'organisation de grands événements à caractère international, comme les jeux Olympiques de Barcelone et l'Exposition Universelle de Séville, en 1992.

EAU ET DÉVELOPPEMENT DURABLETEXTE : mirada al EXTErior. PHoToS : EXPozaragoza 2008

● À seulement 300 kilomètres de Madrid, Barcelone, Valence ou Bilbao, l'Exposition in-ternationale est aménagée dans le méandre de ranillas, formé par l'Èbre, à l'ouest de la ville de Saragosse. le site est divisé en deux secteurs : celui de l'Exposition proprement dite et celui du Parc de l'Eau. le secteur de l'Exposition occupe l'espace compris entre le sud de la ronda del rabal et la rive gauche de l'Èbre, soit 25 hectares de superficie au total. le « Parc de l'Eau » est, lui, de création récente. Sur une superficie de 120 hectares, il est situé au nord de la ronda del rabal et est bordé par le fleuve. Il s'agit d'un espace vert comprenant de nombreuses zones de jeux pour enfants, des lieux de restauration, un centre thermal, un commissariat de police, le bâtiment abritant le siège du Secrétariat de la Décennie de l'Eau 2005-2015 des Nations Unies, un pavillon des cérémonies, plusieurs

plages fluviales, des zones vertes et naturel-les, des hôtels, un centre équestre, un embar-cadère...

le thème général de l'exposition est « Eau et développement durable ». Ce thème sera subdivisé en trois, pour faciliter son interpréta-tion et orienter la participation des pays pré-sents : « l'Eau, ressource unique », « de l'eau pour la vie » et « les paysages de l'eau ». Un quatrième thème transversal, particulière-ment important compte tenu du fait qu'une Exposition internationale est un événement idéal pour traiter les questions qui concer-nent l'ensemble de la planète, sera « l'Eau, élément de relation entre les peuples ». Ces quatre thèmes seront développés sous forme d'expositions thématiques dans trois pavillons de l'Expo zaragoza 2008. le choix thématique de l'exposition sera complété par des outils in-tellectuels pour le débat, la mise en commun d'expériences innovantes et l'engagement pour l'avenir. la « Tribune de l'Eau » est conçue

pour cela : centre de connaissance, débats et expériences pour contribuer à réorienter et améliorer les modèles et systèmes en vigueur en matière d'eau et de développement du-rable au XXie siècle. À travers la « Tribune de l'Eau », Expo zaragoza 2008 garantit que cet événement international survivra sous forme d'un legs spirituel : « la Charte de Saragosse », un document ayant valeur d'engagement pour les participants.

Enfin, « l'Agora » sera l'espace de participa-tion citoyenne de la « Tribune de l'Eau ». dans cet espace, les visiteurs de l'Exposition inter-nationale et les participants virtuels à travers internet auront la possibilité, pendant la durée de l'Exposition, de prendre part au projet de Tribune ouverte.

● Zaragoza 2008 et son engagement vis-à-vis de l'environnement. l'objectif premier de l'exposition est de parvenir à réduire au maximum les retombées environnementales

ZARAGOZA2008

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de l'événement. Selon ce principe, l'impact des travaux d'urbanisation de cette zone de Saragosse et de l'Exposition elle-même doit être le plus limité possible, conformément aux recommandations de soutenabilité fixées dans l'engagement pris par Expo 2008. le message que recevront les citoyens comme les participants doit provoquer une prise de conscience et contribuer à améliorer les habi-tudes et la situation environnementale.

le matériel promotionnel et d'usage com-mun des différents départements de l'Expo respectent des critères de soutenabilité. Vais-selle biodégradable, stylos en papier d'algues, crayons fabriqués à partir de Cd recyclés... aideront à réduire l'impact environnemental de l'Expo 2008 par leur fabrication et la ges-tion des déchets produits. ils pourront pres-que tous être évacués avec les résidus de re-pas ou de boissons et produire de la matière organique. les sacs remis dans les boutiques de l'Expo sont fabriqués à partir de fécule de

pomme de terre et sont aussi biodégradables. En outre, ils sont produits par une entreprise située à quelques kilomètres à peine de l'Ex-position, ce qui réduit dans une large mesure l'impact environnemental de leur transport.

les besoins énergétiques d'un événement tel l'Expo zaragoza 2008, qui aura lieu durant les mois les plus chauds, seront couverts par l'installation de systèmes de génération d'électricité à partir de sources renouvelables (solaire et éolienne) et par une usine de gé-nération de froid/chaleur et d'électricité qui permettra d'économiser des ressources éner-gétiques et économiques.

Expo 2008 recherche aussi l'implication de la société dans le respect de l'environne-ment. le « Programme de développement du-rable » s'adresse aux citoyens, commerçants, hôteliers et grandes entreprises de Saragosse et des autres villes d'aragon qui souhaitent changer certaines de leurs habitudes pour obtenir un environnement urbain plus soute-

En haut, photo aérienne récente du méandre de Ranillas, formé par l'Èbre, où est aménagée l'Expo 2008.Le volume de travaux implique une transformation radicale de la ville.La « Tour de l'Eau » est l'édifice le plus élevé. À quel-ques mois de l'inauguration, les travaux d'aména-gement de la capi-tale aragonaise s'accélèrent.

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nable et un changement de conscience environnementale.

● Programmation culturelle et spec-tacle. Expo zaragoza 2008 produira trois grands spectacles fondés sur les princi-pes essentiels de l'exposition. le premier est baptisé « iceberg ». Symphonie « Poé-tico-Visuelle » conçue par l'entreprise Focus, il constituera la partie artistique de la cérémonie d'inauguration. dès le deuxième jour de l'Expo, il deviendra le « Spectacle de Nuit » des rives de l'Èbre. d'autre part, la parade « le réveil du Ser-pent », créée par le Cirque du Soleil, par-courra chaque jour l'enceinte du parc de l'Expo. le troisième spectacle produit par Expo zaragoza 2008 est « le Verseau », créé par Pichon Baldinu.

le choix des spectacles prévus pour l'exposition prend le parti de la diversité et de la modernité et utilise comme critè-res de production et de sélection la cohé-rence stylistique, le lien des propositions avec le thème « Eau et développement durable » et leur engagement vis-à-vis de la philosophie de l'Exposition. l'ob-jectif est de satisfaire l'hétérogénéité et la diversité culturelle des visiteurs qui as-sisteront à l'événement. l'exposition est envisagée comme une grande fête et un événement culturel, elle intégrera donc, durant trois mois, plus de 3 400 interven-tions de plus de 350 groupes artistiques.

● Pavillons internationaux et théma-tiques. les pavillons des participants officiels seront répartis dans huit grands bâtiments de deux étages, reliés par un toit recouvert de végétaux. Quant aux pavillons des pays, ils dessineront un es-pace ordonné autour des grandes zones éco-géographiques de la planète : îles et côtes ; oasis ; forêts tempérées ; forêts tropicales ; montagnes ; méditerranée ; prairies, steppes et savanes. En outre, trois pavillons situés dans la partie cen-trale de la zone des participants accueille-ront les pays d'afrique subsaharienne, d'amérique latine et de la Communauté des Caraïbes.

l'un des symboles de zaragoza 2008 sera le « Pavillon Pont ». Construit sur l'Èbre par ingenieria ove arup, sur une idée de zaha Hadid architects. Cette grande œuvre, conçue par la première lauréate du Prix Pritzker d'architecture, constituera l'une des entrées principa-les à l'Expo. Son tracé, curviligne, reliera l'axe du boulevard de la gare intermodale à l'espace du Palais des Congrès, en pre-nant appui sur un îlot. D'une superficie de 7 000 mètres carrés et d'une longueur de 260 mètres, ce viaduc piétonnier a la for-me d'un glaïeul qui s'ouvre et se referme. Ce pont sera le seul pont habité d'Espa-gne et l'un des rares dans le monde dont la caractéristique technique principale

réside dans l'ancrage de l'infrastructure. Ses piliers centraux atteignent une pro-fondeur de 72,5 mètres. le « Pavillon Pont » sera consacré aux bonnes prati-ques de gestion de l'eau, à travers trois espaces d'exposition.

autre symbole de l'Expo : la « Tour de l'Eau », de 76 mètres de hauteur. Elle sera l'élément vertical de référence du parc. Cet édifice, œuvre de l'architecte Enrique de Teresa, est aussi remarquable par son volume vitré que par sa forme en goutte d'eau. le corps de la tour repose sur deux grands piliers qui permettent de créer un espace intérieur ouvert, et sa façade est formée d'un mur de verre ponctué par des lames faisant office de parasols. Au dernier étage, une grande terrasse belvé-dère sera aménagée. la base de la tour est un grand socle de 13 mètres de hau-teur d'où part une passerelle qui consti-tuera une rampe d'accès à l'intérieur de l'enceinte de l'Expo. La superficie totale de l'édifice dépasse les 21 000 mètres carrés. la « Tour de l'Eau » accueillera l'exposition « de l'eau pour la vie », instal-lation artistique recourant aux nouvelles technologies audiovisuelles.

N'oublions surtout pas la construction d'un aquarium fluvial qui sera l'aquarium d'eau douce le plus grand d'Europe. il présentera 5 000 spécimens environ, 300 espèces de la faune caractéristique de plusieurs fleuves du monde, réparties en 60 aquariums et terrariums. il sera le seul aquarium d'Espagne présentant une aussi riche collection d'espèces aqua-tiques de reptiles, de mammifères et d'amphibiens. L'édifice proposera au vi-siteur un parcours autour de cinq grands fleuves de la planète : le Nil, l'Amazone, le mékong, le darling et l'Èbre. il recréera en outre un grand fleuve central, pour ex-pliquer que tous les fleuves ont quelque chose en commun, et établir la relation entre la formation des cinq continents et l'eau douce.

les Communautés autonomes es-pagnoles auront un Pavillon spécifique dans l'Expo. Ce sera l’un des plus grands pavillons et les pavillons individuels des Communautés y seront rassemblés par groupes de quatre. la Communauté d'aragon aura quant à elle son propre pavillon. Son thème « aragon, diversité de

FLUVI, LA MASCOTTEFLUVI est la mascotte officielle d'Expo Zaragoza 2008. Créée par le Catalan Sergi Lopez, son principal objectif est de diffuser des concepts associés à la soutenabi-lité et aux bonnes pratiques environnementales. C'est une créature d'eau au corps translucide et gélatineux. Elle possède la qualité de nourrir tout ce qu'elle touche, rendant les paysages plus agréables.

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TémoIgNAgE EN dirECT

Expos en Espagne : un alliage de coopération et de diplomatie publique

Vicente González LoscertalesSECRÉTAIRE gÉnÉRAldu buREAu InTERnATIonAl dES ExpoSITIonS (bIE)

❖ Depuis la première Exposition Internationale de Barcelone en 1888, l'Espagne a toujours été pionnière en matière d'Expositions. En tant que signa-taire, en 1928, de l'Accord International de fondation du BIE (organisation qui représente actuellement 140 pays et est mandatée pour règlementer et promou-voir les Expositions Internationales), l'Espagne a toujours eu un rôle influent et a prouvé sa capacité à maîtriser leur complexité et à en retirer des bénéfices nationaux et internationaux.

❖ Avec Seville’92, l'Espagne a injecté une énergie nouvelle dans l'univers des expositions, en organisant un événement à résonnance mondiale après 22 années sans expositions universelles. Osaka 1970 avait marqué l'ouverture de l'Orient sur l'Occident et imposé un changement de perspective : les nouveaux concepts de « voyage spatial » et « d'humanisation de la technologie » remplaçaient le « colo-nialisme » et les « progrès industriels ». L'Espagne fut alors confrontée au défi de lancer un projet ayant un retentissement similaire et un impact significatif sur l'avenir.

❖ Seville’92 coïncida avec d'importan-tes transformations géopolitiques : la chute du mur de Berlin, la fin de l'Union Soviétique, la crise de Yougoslavie... L'Expo ’92 elle-même constituait un microcosme politique qui reflétait ces changements : à mesure que les nations se tranformaient, les pavillons nationaux acquéraient eux-aussi de nouvelles identités au cours de l'Exposition. Ce fut une manière unique d'expérimenter l'émergence d'un nouvel ordre mondial,

une expérience qui a eu un fort impact sur les visiteurs, les participants et les organisateurs. Seville ’92 a transformé la ville, lui a donné une nouvelle dimension internationale, a dynamisé l'économie et, entre autres, a introduit le premier train à grande vitesse. Plus de 42 millions de visiteurs, une importante couverture médiatique internationale et un program-me culturel qui produisit plus de 30 000 spectacles, ont contribué à en faire un événement d'une portée sans précédent.

❖ L'été prochain, l'Espagne sera à nou-veau pionnière. Dans l'objectif d'adapter les Expositions au monde actuel et de maintenir leur pertinence en tant qu'ins-truments de coopération, le BIE a intro-duit un nouveau concept d'Exposition où le thème tient une place primordiale. Zaragoza 2008 est une Exposition de ce nouveau genre : enceinte de taille limitée (25 hectares), durée moindre (3 mois), moins de temps de préparation et thème spécifique : « L'Eau et le Développement Durable »

❖ Zaragoza 2008 a les mêmes ambi-tions que les Expositions Universelles : attirer un grand nombre de visiteurs, avoir un écho international et laisser un impact durable sur la ville et la région. C'est précisément dans l'équilibre de ces grandes ambitions et de ces spé-cifications restrictives que Saragosse prouve son dynamisme et sa capacité d'innovation. Depuis sa désignation, en 2005, comme organisatrices de l'Expo 2008, l'Espagne et Saragosse se sont lancées dans cette lutte contre le temps et les attentes. Le plan de construction a été exécuté en un temps record grâce à

une conception, une architecture et des matériaux de constructions innovants ; le parc, structuré en plusieurs niveaux, peut accueillir les plus de 6 millions de visiteurs attendus ; le thème a attiré plus de 100 pays participants, tous désireux d'unir leurs forces et de faire face à l'une des plus grandes crises de notre époque, la crise mondiale de l'eau.

❖ En associant esthétique et fonc-tionnalité, tradition et innovation, diver-tissement et engagement social, utopie et réalité, culture et technologie, les Expos ont réussi à constituer un mode d'expres-sion et de communication de l'identité nationale réellement unique pour les pays participants et organisateurs. En pariant sur les relations tant bilatérales que multi-latérales, les Expos ont acquis une portée internationale et une légitimité qui en font des instruments exceptionnels dans le domaine des relations internationales.

❖ Aujourd'hui, les Expos sont le pro-duit de l'union de la diplomatie publique et de la coopération internationale. D'une part, en tant que plateformes d'éducation du public et véhicules de promotion de l'identité nationale, les Expos sont des exercices de diplomatie publique multila-térale. D'autre part, en tant que vecteurs d'accélération de l'aménagement urbain et des mutations économiques, parce qu'elles attirent la participation de la com-munauté internationale et donnent un nouveau relief au pays organisateur sur la scène internationale, les Expos sont des instruments clés de coopération.

❖ Pour un grand nombre d'acteurs internationaux qui se sont réunis avec succès et de façon productive dans une ville, grande ou petite, pour construire une nouvelle vision calléidoscopique du monde, les Expos constituent un nouvel espace permettant l'expression de voix plurielles dans des conditions d'égalité. Ce qui est réellement exceptionnel, c'est que, unissant diplomatie publique et coo-pération, les Expos fournissent un cadre exempt de conflits, dont les avantages socio-économiques, culturels, politiques ou environnementaux à court et à long terme sont inégalables.

miradas al exteriorexpo zaragoza 2008 ● action extérieure

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paysages », reflètera la trace laissée par l'eau sur cinq civilisations différentes de l'histoire aragonaise des deux derniers millénaires. le bâtiment est l'œuvre des architectes aragonais olano et mendo. inspiré par les formes de la vannerie traditionnelle de la région, après l'expo-sition, le Pavillon deviendra le siège du département de l'Éducation du gouver-nement régional d'aragon. au-dessus de ce grand « panier », sera aménagée une vaste terrasse qui offrira une vue unique sur le parc de l'exposition, la ville de Sara-gosse et l'Èbre.

● Palais des Congrès. À côté des bâ-timents du Pavillon Pont et des Pavillons internationaux, le Palais des Congrès sera un espace public d'accueil de l'Ex-position internationale 2008. Œuvre des architectes Nieto et Sobejana, l'édifice affiche un profil brisé, accidenté, dialo-guant avec les différents espaces qu'il abrite et manifestant expressivement la

présence de lumière naturelle et l'adap-tation du bâtiment au terrain. il comptera deux zones principales, qui accueilleront des salles d'expositions et un auditorium prévu pour 1 500 spectateurs. Plusieurs expositions pourront être présentées si-multanément.

● Le Phare et les places. les organi-sations non gouvernementales et autres institutions de la société civile seront réu-nies dans le pavillon baptisé « le Phare ». Conçu par l'architecte ricardo Higueras, le pavillon a la forme et le fonctionne-ment climatique d'un récipient de terre cuite et il constitue une réponse à la pro-blématique de l'architecture durable du XXie siècle.

Six places indépendantes enrichiri-ront le message de notre relation vitale à l'eau. la place nommée « Soif » apportera un nouveau point de vue sur le besoin d'eau comme source de progrès et de dé-veloppement de techniques extraordinai-

res, de culture et de connaissance. la place thématique « Cités aquati-

ques » traitera de l'eau en tant que res-source urbaine. la place « Eau Extrême » approfondira le sujet des catastrophe écologiques et de leur prévention, ainsi que le rôle de l'être humain, acteur et vic-time des risques hydriques.

le concept général de la place « oikos » est né de l'idée suivante : com-ment disposer d'une énergie écologique, bon marché, accessible à tous et permet-tant de conserver un niveau raisonnable de bien-être. « Eau Partagée » est une place dont l'objectif sera de pousser le vi-siteur à se poser des questions sur la ges-tion des réserves hydiques. Enfin, la place thématique « inspirations aquatiques » se distinguera des autres places par son aménagement intérieur. C'est là qu'aura lieu l'un des grands spectacles produits par Expo zaragoza 2008 : « le Verseau », conçu autour de la relation de l'homme avec l'eau.

PAVILLON DE L'ESPAGNE Ce sera une magnifique vitrine du niveau scientifique et technique de l'Espagne, comme l'annonce son thème : Sciences et créativité. Ont collaboré à sa création l'architecte Patxi Mangado et les conseillers scientifiques qui en ont développé les contenus : le directeur du Centre d'Astrobiologie, Juan Pérez Mercader ; la présidente du Comité Espagnol de l'Année Polaire Internationale, Margarita Yela et le directeur du Département des Sciences et de l'Environnement de la Fondation la Caixa, Jorge Wagensberg. Avec une superficie totale de 8 000 mètres carrés répartis sur trois niveaux, il représente un investissement de 30 millions d'euros. Le pavillon, pour lequel Mangado a bénéficié de la col-laboration du Centre National des Énergies Renouvelables, reproduira une forêt de piliers de terre cuite envoppant des volumes de verre où seront organisées les expositions. Il a été conçu suivant des critères de faible consommation énergétique, utilise des matériaux respectant l'environnement et son vaste toit maintiendra le bâtiment à l'ombre. Le parcours à travers le pavillon se structure en cinq espaces d'exposition. L'Espagne présentera en première mondiale l'exposition « Changement climatique », analyse didactique et rigoureuse du temps géologique, biologique, humain... Le pavillon comprendra un restaurant représentatif de la meilleure gastronomie espagnole, dirigé par Enrique Martínez, une boutique dont la responsable sera la Coordination d'État du Commerce Équitable, des salles VIP, une salle de presse et de réunions, des espaces pour les ateliers et un espace Internet. Le programme culturel particulièrement riche inclura musique, architecture, débats, conférences, gastronomie et ateliers didac-tiques, avec des invités de renommée internationale.

Images virtuelles du Pavillon de l'Espagne, conçu par l'architecte Patxi Mangado.

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TémoIgNAgE EN dirECT

Le Pavillon de l'Espagne : une nouvelle vitrine sur l'extérieur

Javier CondepRÉSIdEnT dE lA SoCIÉTÉ d'ÉTAT pouR lES ExpoSITIonS InTERnATIonAlES (SEEI)

❖ Les expositions universelles et internationales ont déjà une longue histoire. Depuis la première exposition universelle de Londres, en 1851, le mouvement des expositions, ou « Expo movement », comme on le désigne dans le jargon, est passé d'une échelle euro-américaine à une échelle vraiment inter-nationale, avec une présence asiatique active et un intérêt croissant de la part des pays latino-américains et islamiques, qui souhaitent devenir un jour le siège de l'une de ces expositions. Ce qui s'expli-que si l'on constate que pour toutes les villes qui en ont été le siège, il y a eu un avant et un après l'exposition, la structure urbaine étant profondément modifiée, de même que l'image et la projection nationale et internationale de la ville, comme cela s'est produit pour Séville, en 1992 et comme cela se produira pour Saragosse cette année. En outre, dans un monde marqué par de grands conflits, les expositions acquièrent aujourd'hui une importance cruciale, car leur échelle universelle en fait, comme pour le mou-vement olympique, le seul événement incontesté et qui suscite immédiatement l'adhésion des foules et des pays.

❖ L'Espagne a toujours eu, dès les premières expositions, un rôle significa-tif, participant avec son propre pavillon à presque toutes les expositions, et accueillant les expositions universelles de 1888 et 1929 à Barcelone et, sur-tout, l'exposition universelle de Séville, Expo’92, qui a constitué un événement par sa qualité, devenant une référence pour toutes les expositions postérieures. À présent, nous sommes confrontés au

défi d'organiser une exposition internatio-nale : Expo Zaragoza 2008. Sur le thème Eau et développement durable, la ville de Saragosse accueillera cette année, du 14 juin au 14 septembre, la première exposi-tion internationale respectant le modèle agréé par le Bureau International des Expositions (BIE). Sur les 25 hectares du parc de l'exposition, au bord de l'Èbre, dans le méandre de Ranillas, Saragosse accueillera le plus grand forum de débat et une grande rencontre multinationale sur l'eau. Et à l'intérieur d'Expo Zaragoza, le Pavillon de l'Espagne sera une fois de plus remarquable : conçu, construit et géré par la Société d'État pour les Expo-sitions Internationales (SEEI) qui, depuis sa création il y a maintenant sept ans, a déjà géré la représentation de notre pays dans deux expositions universelles et deux expositions à thème.

❖ Il est difficile de faire partager la complexité et l'enthousiasme que suscite la conception d'un pavillon de l'Espagne, depuis l'architecture jusqu'aux contenus, différents pour chaque pays, comme est changeante notre réalité culturelle et éco-nomique ; les programmes d'activités qui tentent de présenter le meilleur de notre culture et de notre art ; la centaine de cérémonies institutionnelles qu'accueille généralement un pavillon dans lequel passent les plus hauts représentants politiques internationaux et, bien sûr, nationaux, sans oublier les communau-tés autonomes auxquelles les pavillons de l'Espagne ont toujours accordé une attention particulière conformément à son rôle institutionnel. À Zaragoza 2008, le Pavillon de l'Espagne souhaite faire

le maximum, comme en témoignent les conseillers qui ont participé à son exé-cution et à ses contenus, pour présenter une Espagne à la hauteur de son époque, ouverte au monde et engagée en faveur de l'environnement et du développement durable, capable d'associer « sciences et créativité », précisément les thèmes que nous avons choisis pour notre pavillon. Un pavillon qui sera celui du pays hôte et par conséquent, une vitrine très spéciale dans laquelle nous avons voulu présen-ter le niveau scientifique et technique de l'Espagne, pour en faire à la fois un pavillon d'idées et un pavillon de valeurs. En commençant par l'architecture, œuvre du Navarrais Patxi Mangado, qui a su imaginer un édifice qui perdurera, inspiré des forêts, avec ses colonnes de cérami-que et ses miroirs d'eau qui recréent un écosystème naturel pour lequel ont été employés des matériaux traditionnels et, surtout, entièrement recyclables. Mais un Pavillon de l'Espagne est bien plus qu'une architecture. Les contenus reflètent aussi des idées et des valeurs centrées sur le thème de l'eau. Des expo-sitions conçues par les meilleurs experts et gérées par les entreprises les plus qua-lifiées, depuis le film en imaxdom, Une histoire de l'eau, utilisant une technologie pionnière au niveau mondial, jusqu'aux salles consacrées à L'eau sur la Terre et à L'Espagne et l'eau, sans oublier une réflexion sur le Changement climatique à travers la première exposition intégra-lement consacrée à ce thème présentée dans notre pays.

❖ Permettez-moi, compte tenu du pu-blic auquel je m'adresse, une dernière ré-flexion sur le sens de la diplomatie dans le monde d'aujourd'hui et les nouvelles formes qu'elle adopte, parmi lesquelles la « diplomatie publique » qui, à travers la participation active à des rencontres et des forums internationaux, peut tant faire pour améliorer l'image et le poids politi-que et économique d'un pays. En ce sens, Expo Zaragoza et le Pavillon de l'Espagne constituent une nouvelle vitrine ouverte au monde qui influera très positivement sur la perception que les citoyens comme les élites politiques internationales ont de nous.

miradas al exteriorexpo zaragoza 2008 ● action extérieure

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La présence espagnole dans le monde est de plus en plus importante. Pour assurer l'assistance et la protection des ressortissants espagnols, la direction générale des Affaires et de l'Assistance consulaires gère, entre autres choses, les adoptions internationales, la situation des détenus dans les prisons étrangères ou l'assistance en cas de catastrophes naturelles, ainsi que de crises politiques et sociales. Les inscriptions au registre d'état civil et les actes notariaux se font dans les consulats.

miradas al exterioraction consulaire ● action extérieure

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Aspects essentiels de l'

action consulaireTEXTE : miradas al EXTErior. PHoTos : EfE

● Les fonctions de la direction générale des affaires et de l'assistance consulaires, qui dépend directement du sous-secréta-riat du ministère des affaires étrangères et de la Coopération, sont aussi variées que nombreuses. Nous nous focaliserons sur le rôle des consulats dans le cadre de la détention de citoyens espagnols, de la gestion des adoptions internationales et des actions du ministère des affaires étrangères et de la Coopération chaque fois que, quelque part dans le monde, des citoyens espagnols se voient affectés par une situation d'urgence.

● Détenus à l'étranger. la protection des ressortissants espagnols se trouvant à l'étranger en tant que résidents ou voya-geurs, est l'une des fonctions les plus em-blématiques de la direction générale.

Cette fonction acquiert une importan-ce singulière lorsque nos compatriotes se trouvent en difficulté dans des pays qui, parfois, ont un système juridique non ho-mologue au système juridique espagnol. Un exemple de situation difficile prolon-gée peut être le cas des personnes incar-cérées, en particulier celles qui se trou-vent dans des centres pénitenciers de pays en voie de développement, et dont

les conditions sont très éloignées de cel-les que l'on pourrait considérer comme raisonnables en Espagne, ou dans des pays de l'Union Européenne, en termes de conditions alimentaires, de sécurité, d'hygiène ou de salubrité.

malheureusement, l'Espagne compte un nombre croissant de citoyens espa-gnols détenus dans des prisons étrangè-res (1 791 au 31 janvier 2008). la majo-rité d'entre eux (77%) sont détenus pour des délits liés au trafic de stupéfiants. La france (avec 183 détenus espagnols), le maroc (avec 165) et le Pérou (avec 149) sont les pays qui en comptent le plus

Citoyens espagnols lors de l'évacuation du Liban, en juillet 2006, une des interventions coordonnées par la direction générale des Affaires et de l'Assistance consulaires. EFE

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grand nombre, mais il y a des citoyens espagnols qui purgent leur peine dans 56 autres pays.

Au fil des années, la direction générale des affaires et de l'assistance consulaires a mis en place un système d'assistance aux détenus, qui est l'un des plus géné-reux au monde, tant par la fréquence des visites dans les prisons que par le volume d'aide financière apporté aux détenus. En 2007, cette direction générale a consa-cré un peu plus d'un million d'euros pour venir en aide à nos compatriotes incarcé-rés à l'étranger.

dès qu'un consulat apprend la dé-tention d'un citoyen espagnol, un agent consulaire se déplace jusqu'au lieu de dé-tention afin d'informer le prévenu de ses droits, de la peine qu'il encourt pour le dé-lit dont il est accusé et s'il existe la possi-bilité de solliciter le concours d'un avocat commis d'office. Si le prévenu souhaite choisir lui-même un avocat, le consulat

peut lui fournir une liste d'avocats dont la solvabilité et l'honnêteté sont reconnues et l'informer à propos du régime de visites consulaires et des moyens de communi-cation avec le consulat.

le prévenu est également informé des aides financières ou d'autre nature qui peuvent être fournies par le consulat et de l'existence ou non d'une convention bilatérale de transférement de person-nes condamnées à une peine privative de liberté, entre l'Espagne et l'Etat de condamnation, ou si l'Etat de condamna-tion a ratifié la Convention de Strasbourg sur le transférement des personnes condamnées, ce qui rendrait possible, avec son accord, son transférement en Espagne après que sa condamnation ferme aura été prononcée.

le consulat et la sous-direction géné-rale de protection des Espagnols à l'étran-ger maintiendront la famille informée de la situation des détenus.

le service des détenus de cette sous-direction générale maintient une base de données complète qui lui permet de réali-ser un suivi de la situation de chacun des détenus. les informations proviennent principalement de nos bureaux consulai-res, mais aussi des proches des détenus ainsi que des organisations qui sont en contact avec eux.

les informations sur le nombre de détenus espagnols dans des pays étran-gers, leurs conditions de détention ainsi que la situation juridique des internés espagnols, est une part essentielle de l'information que la direction générale recueille à l'occasion des rencontres en-tre le ministère des affaires étrangères et de la Coopération et ses homologues des pays étrangers, afin d'accélérer les démarches ou les transférements, amé-liorer leurs conditions, demander des re-cours gracieux, des commutations ou des réductions de peine. En définitive, il s'agit d'essayer d'alléger les épreuves liées à l'incarcération dans les pays de langue, de culture, de coutumes et de conditions différentes des nôtres.

● Adoptions internationales. Environ 90% des adoptions réalisées en Espagne sont internationales : elles ont atteint le chiffre de 4 450 mineurs adoptés par des familles espagnoles en 2006. Bien que l'Espagne se soit ait rejoint plus tardive-ment que les pays voisins le phénomène des adoptions internationales, ces der-nières années, le nombre de demandes présentées dans les entités publiques espagnoles augmente rapidement. En données globales, l'Espagne est le pre-mier pays européen quant au nombre d'adoptions internationales et le second pays au monde, après les Etats-Unis. En tenant compte de la population de l'Espa-gne par rapport à celle des Etats-Unis, il est possible de dire que l'Espagne occupe la première place mondiale en valeurs re-latives.

dans les années quatre-vingt-dix, les pays latino-américains étaient parmi les principaux pays d'origine des mineurs adoptés par les familles espagnoles. Peu à peu, cela a eu tendance a changer et la Chine arrive désormais en tête avec pres-que la moitié du total des adoptions, sui-vie de près par la fédération de russie.

Le système espagnol d'assistance aux détenus est parmi les plus généreux au monde tant par la fréquence des visites que par le volume des aides financières

action consulaire ● action extérieure

AIDE AUX PRISONNIERS ESPAGNOLS A L'ETRANGERDepuis 10 ans, la fondation Espagnols dans le Monde (Fundación Españoles en el Mundo) fournit une assistance gratuite aux prisonniers espagnols à l'étranger. Elle gère actuellement près de 450 cas. L'assistance a essen-tiellement un caractère informatif. Elle fournit des informations sur les systèmes pénaux et pénitenciers de certains pays et assiste les prisonniers espagnols dans leurs démarches. La Fondation collabore avec des institu-tions et des ONG. Avec la collabora-tion du Programme national contre la drogue et de certaines agences de publicité, elle réalise des campagnes de prévention et de sensibilisation qui alertent des graves conséquences que peuvent avoir le trafic ou la consomma-tion de drogues dans certains pays.■ María Dolores Osorio. Fondation Ramón Rubial-Espagnols dans le Monde.

GESTION DE SITUATION DE CRISEDepuis la fin des années quatre-vingt, le gouvernement espagnol dispose d'un système national de gestion des situations de crise, sous la direction du secrétariat général de la présidence du gouvernement. L’une de ses fonc-tions est la détection, la prévision et le suivi des situations de crises nationa-les ou internationales, susceptibles de compromettre la sécurité, la vie ou le bien-être des citoyens espagnols. La communication avec l'unité chargée des situations d'urgence du consu-lat (UEC) du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération est fondamentale afin de garantir que l'in-formation donnée sur une situation de menace à l'extérieur est fiable et ex-haustive. Elle l'est aussi dans le cadre de menaces et de risques potentiels contre des ressortissants espagnols ou contre leurs intérêts.■ Département des Infrastructures et du Suivi des situations de crise. Présidence du Gouvernement

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de la même manière, l'Éthiopie, la Colom-bie et l'Ukraine sont les principaux pays choisis par les adoptants espagnols.

l'importance du phénomène social des adoptions internationales, et la né-cessité de garantir la plus grande sécurité juridique dans les procédures d'adoption ainsi que la sauvegarde des intérêts su-périeurs du mineur, justifient l'implication des administrations publiques dans les procédures.

En ce sens, le ministère des affai-res étrangères et de la Coopération a fait un réel effort d'implication et d'as-sistance. les fonctions du ministère en matière d'adoptions internationales se sont considérablement accrues ces dernières années. Ces fonctions ont un double aspect : d'une part, en tant qu'ad-ministration publique, le ministère colla-bore étroitement avec les communautés autonomes, avec le ministère du Travail et des relations sociales ainsi qu'avec le ministère de la Justice. d'autre part, les consuls sont compétents pour la qualifi-cation des dossiers d'adoption préalable-ment à l'inscription de l'adoption au regis-tre d'état civil et pour la délivrance d'un visa au titre du regroupement familial en vue d'une adoption.

le ministère des affaires étrangères et de la Coopération, par le biais de la direction générale des affaires et de l'assistance consulaires, est membre du Comité Consultatif de l'adoption interna-tionale. Cet organe, créé en novembre 2005, est né avec un double objectif : promouvoir la participation et la colla-boration entre les administrations publi-ques compétentes en matière d'adoption internationale et le reste des secteurs concernés, et analyser de façon perma-nente la situation des adoptions interna-tionales en Espagne.

il est important de mettre l'accent sur le soutien et les conseils que les consuls apportent aux familles adoptantes sur la réglementation locale en matière d'adop-tion. Cela ne signifie pas qu'ils intervien-nent dans les démarches d'adoption, rôle qui revient aux autorités compéten-tes des communautés autonomes et, le cas échéant, aux Entités Collaboratrices d'adoption internationale (ECai).

les ambassades et les consulats

sont les principales sources d'informa-tion officielle en matière d'adoption in-ternationale. leur rôle ne se limite pas à donner des informations sur la légis-lation en vigueur en matière d'adoption dans chaque pays puisque, compte tenu de leur connaissance des milieux locaux, ils peuvent aussi apporter des informa-tions très utiles sur les circonstances et le déroulement des procédures. l'Espa-gne a ratifié la convention de La Haye de 1993 sur la protection des enfants et la coopération internationale en matière d'adoption (ClH). Notre pays a égale-ment passé des accords de coopération en matière d'adoption internationale avec certains pays. la loi sur l'adop-tion internationale adoptée récemment constitue une avancée importante pour le contrôle de cette institution et une ga-rantie supplémentaire pour la protection des intérêts supérieurs du mineur.

● Urgence consulaire. l'unité consu-laire chargée des situations d'urgences, créée au milieu des années quatre-vingt-

dix, doit faire face à un nombre croissant de situations d'urgence étant donné que le nombre d'Espagnols qui se déplacent à l'étranger ne cesse d'augmenter. Cette croissance a une nette incidence en ter-mes de personnel et de moyens maté-riels.

l'unité consulaire chargée des situa-tions d'urgence réalise non seulement des actions à caractère préventif mais intervient également dans la gestion des crises, en étroite collaboration avec les sections consulaires des ambassades et des consulats d'Espagne à l'étranger.

la révision et l'actualisation constan-tes des recommandations aux citoyens espagnols qui prévoient de se rendre à l'étranger sont spécialement importantes dans le cadre de la prévention. d'ailleurs, la rubrique de Conseils aux voyageurs du site internet du ministère est l'une des ru-briques qui reçoit le plus de visites et elle s'est imposée comme point de référence obligé.

dans le domaine de la gestion, l'unité se charge de répondre à tout type de si-tuations d'urgences, dont certaines ont un important écho médiatique, comme le tsunami de 2004, l'ouragan Katrina ou l'attentat du Yémen en juillet 2007. l'unité intervient également en cas d'ac-cidents ou en cas de disparition ou d'en-lèvement de citoyens espagnols.

Pour faire face aux grands défis ac-tuels, on a misé sur les nouvelles techno-logies et un ambitieux projet de moder-nisation a été amorcé. Depuis la fin de l'année 2006, l'unité a inclus une cellule de crise afin de répondre aux appels de personnes se trouvant dans une situation d'extrême urgence. de plus, un program-me informatique permet d'enregistrer les demandeurs et les personnes potentiel-lement touchées dans une base de don-née, ce qui facilite le traitement ultérieur de l'information. d'autre part, un registre informatique de voyageurs va être mis en place afin de permettre à toutes les personnes qui prévoient de se rendre à l'étranger de fournir volontairement au ministère, à travers son site internet, des renseignements sur leur voyage, ainsi que les coordonnées de leur famille et des personnes à contacter en cas d'ur-gence.

L'Espagne est le premier pays européen quant au nombre d' adoptions internationales et le deuxième au monde, derrière les Etats-Unis

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TÉmoigNagE EN dirECT

La fonction consulaire : élément principal de l'action extérieure de l'Etat

Miguel Ángel de FrutosdirEctEUr généraL dEs affairEs Et dE L'assistancE consULairEs

❖ L'un des aspects les plus surpre-nants lors de l'analyse des fonctions consulaires, c'est l'évolution qu'elles ont subie ces derniers temps. Et cela a une plus grande incidence dans notre pays, dans lequel le travail consulaire, sans abandonner ses tâches traditionnelles, a adopté dans certains cas, une approche différente, et dans d'autres, s'est étendu à des domaines qui jusque là ne relevaient pas de son autorité.

❖ Il faut chercher la raison de cette évolution dans la transformation specta-culaire que l'Espagne a subi à tous les ni-veaux. L'Espagne est passée, en très peu de temps, d'un statut de pays d'émigra-tion à celui d'un pays qui subit une forte pression migratoire. En 10 ans, l'Espagne a vu croître sa population étrangère de 2% à 10%, une croissance qui, dans les pays communautaires voisins, a pris cinq fois plus de temps.

❖ Par conséquent, un grand nombre de consulats espagnols à l'étranger se sont vus obligés à faire face, de manière subite, à une surcharge de travail due aux importants flux d'immigrants vers l'Espagne. La responsabilité de nos consu-lats est énorme si l'on prend en compte que leur faculté de délivrer des visas leur confère le rôle d'agir comme un premier filtre pour la sélection des étrangers qui souhaitent entrer en Espagne. A ce pro-pos, il convient de garder à l'esprit que le visa constitue un instrument fondamental dans la lutte contre l'immigration illégale par l'application de l'accord de Schengen et dans la gestion et la régulation des flux migratoires vers notre marché du travail

selon notre propre réglementation en la matière.

❖ Mais si à cet égard la répercussion sur le fonctionnement de nos consulats a été importante, l'impact qu'il y a eu sur l'assistance et la protection des ressortis-sants espagnols à l'étranger n'a pas été moindre. La présence de nos compatrio-tes dans le monde est de plus en plus importante. Il y a plus de quatorze mille déplacements de nationaux espagnols vers l'étranger chaque année, que ce soit pour le tourisme ou pour les affaires. Actuellement, les entreprises espagnoles sont fortement implantées au niveau international. Tout ceci, sans compter la coopération au développement qui impli-que le travail de coopérants espagnols, parfois dans des zones particulièrement conflictuelles.

❖ Cela implique que les Consulats d'Espagne à l'étranger doivent être attentifs afin d'alerter sur les dangers ou les risques qui pourraient menacer leur sécurité tant qu'ils se trouvent hors de nos frontières et afin de leur fournir toute l'assistance nécessaire si besoin est. Dans ce chapitre, il convient de souligner les urgences consulaires causées non seu-lement par les catastrophes naturelles, mais aussi par les crises politiques et so-ciales qui peuvent même exiger l'évacua-tion, parfois en masse, des ressortissants espagnols, et souvent dans des condi-tions extrêmement difficiles. Rappelons pour mémoire le Tsunami, l'évacuation du Liban ou les attentats terroristes de Londres, en Egypte et au Yémen, qui ont eu lieu ces dernières années.

❖ Le travail consulaire aussi doit faire face à de nouveaux défis, comme l'important phénomène des adoptions internationales et des enlèvements parentaux. L'Espagne est actuellement le deuxième pays d'accueil de mineurs pour l'adoption internationale, juste derrière les Etats-Unis. D'autre part, le phénomène de l'immigration et les facilités de communication ont rendu possible la célébration de mariages mixtes qui sont les plus exposés aux problèmes d'enlèvement parental, pro-blèmes qui par leur nature même, sont très difficiles à résoudre. Dans les deux cas, l'intervention de l'appareil diplo-matique et consulaire, dans les limites de ses compétences, est indispensable pour trouver une solution.

❖ Il convient de rappeler que le collectif des résidents espagnols à l'étranger excède un million et demi de personnes, et que la majorité d'entre elles ont un âge avancé et ont besoin d'une plus grande attention de la part du consulat. Par ailleurs, ce collectif va connaître une augmentation importante lors de l'entrée en vigueur, à la fin de cette année, de la réforme censée per-mettre à beaucoup d'étrangers, dont les grands-parents sont espagnols, d'obtenir la nationalité espagnole. Cette réforme apportera un nouvel élan aux fonctions consulaires traditionnelles telles que le registre d'état civil et l'exercice de l'auto-rité légale. Il faut ajouter à tout cela, plus de mille sept cent Espagnols incarcé-rés dans d'autres pays et auxquels la direction générale des Affaires et de l'Assistance consulaires, ainsi que nos consulats à l'étranger consacrent une attention toute particulière.

❖ Par conséquent, la fonction consu-laire, loin de péricliter, est en train d'ac-quérir un essor et un niveau d'activité qui en font un élément primordial de l'action de l'Etat à l'étranger. Et compte tenu de sa proximité avec le citoyen et de sa projection médiatique, le rôle du consulat est devenu un facteur clé pour l'évaluation du bon fonctionnement du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération.

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L' Alliance des Civilisations, iniciative lancée en novembre 2004 par l'Espagne et la Turquiesous l'auspice des Nations Unies, a fait ses premiers pas à Madrid au cours d'un Forum qui a vu l'approbation des premières propositions du projet de dialogue entre cultures et religions

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Madrid a accueilli le premier Forum de l'Alliance des CivilisationsTEXTE : AlEXAndrA IssAcovITch. PhoTos : EfE

● Près de 400 leaders politiques, re-présentants d'organismes internationaux et régionaux, ainsi que de la société civile et de diverses fondations, se sont réunis à Madrid les 15 et 16 janvier derniers pour célébrer le premier forum de l'Al-liance des civilisations. cette rencontre avait pour objectif principal l'exploration

des réponses à apporter au risque que représente pour la paix et la sécurité in-ternationales la polarisation croissante entre nations et cultures du monde en-tier. la deuxième objectif était l'étude du développement de nouvelles voies pour une compréhension multiculturelle à l'échelle mondiale.

Autre ambition du forum de l'Allian-ce : constituer un événement à teneur

éminemment pratique capable d'offrir à ses participants une plate-forme interna-tionale, inexistante jusqu'alors, leur per-mettant de collaborer au développement d'initiatives conjointes. Enfin, permettre l'élaboration d'un espace de convergence au sein duquel les agences gouverne-mentales, les organismes internationaux et les représentants de la société civile qui travaillent et s'impliquent dans le dia-

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logue interculturel et inter-religieux puis-sent partager leurs meilleures pratiques et mettre en oeuvre des campagnes d'ac-tion conjointe.

Plusieurs débats de haut niveau ont ainsi lieu sur les tendances actuelles en matière de relations entre les diverses cultures et religions. d'autre part, le forum a abrité des sessions de travail traitant de questions spécifiques et des-tinées à analyser la mise en oeuvre de nouvelles initiatives. figuraient parmi les participants aux sessions de travail, en plus du Président du gouvernment espagnol Jose luis rodriguez Zapatero, et du Premier ministre turc, recep Tayyip Erdogan, cinq chefs d'état et de gouver-nement : le Premier ministre de Malai-sie, Abdullah Ahmad Badawi ; le Prési-dent de la slovénie, danilo Türk, dont le

Ban Ki-Moon : « Jamais auparavant la compréhension entre les nations n'avait été aussi nécessaire »

alliance des civilisations ● action extérieure

pays assume ce semestre la présidence tournante de l'Union Européenne ; le Premier ministre algérien Abdelaziz Belkhadem, la Présidente de finlande Tarja halonen, dont le pays préside cet-te année l'organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (oscE) et le Président du sénégal, Abdoulaye Wade. des représentants de plus de 60 pays étaient également présents.

le secrétaire Général actuel des na-tions Unies, Ban Ki Moon, qui a défini l'Alliance des civilisations comme "une manière de lutter contre l'extrémisme" et a précisé que "jamais auparavant la com-préhension entre les nations n'avait été aussi nécessaire" a également participé à la réunion de Madrid.

rodriguez Zapatero, qui a inauguré le forum, a commencé par un discours dans lequel il a tout particulièrement salué le soutien des nations Unies et de son haut représentant, l'ancien Président portugais Jorge sampaio, du Groupe de haut niveau constitué par les nations Unies, et du co-parrain de l'Al-liance, le Premier ministre turc, recep Tayyip Erdogan.

le Président espagnol a souligné ensuite que l'Alliance des civilisations était née avec pour objetif la lutte contre "l'intolérance, le radicalisme et le fonda-mentalisme". "Elle prétend démontrer, a-t-il ajouté, qu'il existe des e pratiques de collaboration entre le monde musulman et l'occident qui démentent l'idée d'un choc inévitable entre les civilisations et les cultures". Après avoir passé en revue l'évolution de l'initiative, le Présidente du gouvernement espagnol a signalé que trois ans à peine avaient suffi pour convoquer le premier forum. Il a expliqué que l'idée s'était développée rapidement parce qu'elle "identifie un problème réel : la gestion de la diversité dans un monde globalisé". Une fois les problèmes identi-fiés, l'Alliance des Civilisations constitue un nouvel outil de "compréhension entre des cultures et des visions du monde différentes", a-t-il ajouté. d'après José luis rodríguez Zapatero, "l'Alliance ne durera que si nous continuons à lui don-ner un contenu, à l'articuler en actions concrètes". Pour cela, le Président a présenté le Plan national espagnol pour l'Alliance des civilisations, qui comporte

57 actions distinctes dans les quatre do-maines recommandés dans le rapport du Groupe de haut niveau des nations Unies.

Après l'intervention de José luis ro-dríguez Zapatero, le Premier ministre de Turquie, pays co-parrain de l'Alliance des civilisations, a manifesté son désir de "mettre fin à la souffrance du monde et d'en créer un dans lequel nous pourrons vivre en paix".

Pour sa part, le haut représentant pour l'Alliance des civilisations, Jorge sampaio, a souligné lors de la clôture du forum que le rendez-vous s'était conclu sur des "objectifs atteints", il a présenté les mesures enterrinées et a fait remar-quer que plusieurs pays, parmi lesquels l'Espagne, la Turquie ou la nouvelle Zélande, avaient annoncé la mise en marche de Plans nationaux pour encou-rager le dialogue interculturel, ainsi que d'autres initiatives similaires de la part d'organismes multilatéraux. Jorge sam-paio a confirmé avoir pris contact avec des fondations philanthropiques telles que celles de l'Américain Bill Gates ou du britannique richard Branson pour qu'el-les collaborent avec l'Alliance.

Jusqu'ici, l'Alliance des civilisations a signé des accords d'association avec des oganisations internationales comme l'UnEsco, la ligue Arabe, l'organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture (IsEsco), l'organisation ara-be pour l’éducation, la culture et la scien-ce (AlEcso) et l'organisation mondiale des cités et gouvernements locaux unis (cGlU). En outre, une lettre d'intention a

José Luis Rodriguez Zapatero : « L'Alliance des Civilisations ne durera que si nous continuons à lui donner un contenu, à l'articuler en actions concrètes »

Image de l'intervention du Président du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero au premier Forum de l'Alliance des Civilisations, célébré au Palais municipal des congrès de Madrid. A la table, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, et le Haut Représentant de l'Alliance des Civilisations, Jorge Sampaio

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Audience accordée par leurs Altesses Royales au Palais de la Zarzuela à plusieurs des participants au premier Forum de l'Alliance des Civilisations, célébré à Madrid. EFE/Ballesteros.

PLAN NATIONAL POUR L'ALLIANCE DES CIVILISATIONS

Quelques jours avant la célébration à Madrid du premier Forum de l'Alliance des Civilisations, le Conseil des ministres avait approuvé le Plan National du Royaume d'Espagne pour l'Alliance des Civilisations, dans lequel le gouvernement traduit à l'échelle espagnole les buts

concrets poursuivis par l'Alliance et grâce auquel le gouvernement entend faire jouer à notre pays un rôle exemplaire en accord avec les principes éthiques qui inspirent l'action de l'Exécutif.Le Plan National couvre qua-tre domaines, la jeunesse, l'éducation, les média et les migrations, et envisage de nombreuses actions. Certai-nes de ces mesures visent à favoriser la connaissance mutuelle et le goût de la di-

versité comme, par exemple, le plan de formation d'arabi-sants espagnols, la création du Prix annuel de la Capitale interculturelle ou d'un Corps de Volontaires de l'Alliance des Civilisations. Les autres mesures concernent la pro-motion de valeurs civiques et d'une culture de la paix. Parmi ces mesures, figure la création d'un Institut univer-sitaire destiné à la formation et à la recherche dans des disciplines liées à l'Alliance des Civilisations, avec la

promotion, en collabora-tion avec le gouvernement marocain de l'Université des deux rois, dont le siège est à Tétouan.Signalons également des initiatives destinées à amé-liorer l'intégration et la for-mation des immigrés, avec une attention particulière portée aux jeunes. Parmi ces initiatives, on trouve par exemple l'intégration des jeunes immigrés dans le Programme des jeunes coopérants.

été souscrite avec le conseil de l'Europe.deux femmes ont été les actrices

principales de la réunion, ouvrant des voies et prenant des initiatives impor-tantes présentées au cours du forum de Madrid. En premier lieu, son Altesse cheikha Mozah bint nasser-el-Missned qui a présenté le projet silatech (ton lien, en arabe). ce projet consiste à allouer 100 millions de dollars (67,4 millions d'euros) a un des programmes de l'Al-liance, l'Initiative Globale pour l'Emploi des Jeunes, visant à promouvoir la créa-tion d'emplois et d'opportunités pour les jeunes du Moyen orient et d'Afrique du nord. Après avoir rappelé que 1200 mil-lions de jeunes intégreront le marché du travail dans les pays en voie de dévelop-pement au cours de la prochaine décen-nie, il a justifié l'affectation de ce projet à l'Alliance des civilisations en rappelant que ce sont ces générations de jeunes sans emploi ni espoir qui alimentent les rangs du fanatisme.

Pour sa part, la reine noor de Jorda-nie a présenté une proposition de grande portée : destiner 100 millions de dollars supplémentaires, dont 10 ont déjà été débloqués, à un fonds destiné à cofi-nancer sans but lucratif des productions audiovisuelles avec de grands studios de production d'hollywood. l'objectif est de rompre avec les images stéréotypées des commuanutés et minorités dans les média. le projet compte des partenaires comme des distributeurs d'hollywood, le

portail Internet YouTube ou le studio de production d'“Une vérité qui dérange”, le documentaire d'Al Gore.

Un fonds de solidarité pour les jeu-nes a également été mis sur pied. Il a été financé par l'Espagne à hauteur d'un million d'euros (1,4 millions de dollars), avec une première phase en 2008 pen-dant laquelle des bourses d'études se-ront allouées dans les domaines des échanges culturels, du leadership des jeunes et de la présence active dans les média.

d'autre part, il a été décidé de créer un centre d'information de l'Alliance qui se concentrera sur la promotion de l'édu-cation et de l'alphabétisation à travers divers projets et en collaboration avec 18 universités du monde entier. Il a été éga-lement décidé de créer un Mécanisme de réponse rapide pour les Média, qui

conseille les journalistes sur les "sujets brûlants", et un réseau d'ambassadeurs de bonne volonté pour promouvoir le tra-vail de l'Alliance.

l'Espagne, pays d'accueil du forum de Madrid et premier promoteur de l'Al-liance des civilisations en 2004 devant l'Assemblée Générale des nations Unies, a proposé de nommer un coordinateur national chargé de mettre en marche le Plan national rédigé pour développer les politiques recommandées par le Groupe d'experts de l'Alliance des civilisations nommé par les nations Unies.

le prochain forum de l'Alliance des civilisations aura lieu l'année prochai-ne en Turquie. le Brésil, le Portugal et le Quatar ont exprimé le souhait d'ac-cueillir les prochains forums de l'Al-liance des civilisations, qui auront lieu chaque année.

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TéMoIGnAGE En dIrEcT

les 25 ans du Bureau des droits de l'homme

Fernando Fernandez-AriasdiReCteuR du BuReAu des dRoits de L'hoMMe

❖ Le Bureau des droits de l'homme fête ses 25 ans. Sa création remonte au Décret royal 629/1983, en date du 16 février, en tant qu'unité affectée au Sous-secrétariat du Ministère des Affaires Etrangères, un Arrêté ministériel postérieur en délimitant plus clairement les fonctions. Depuis, cette petite unité, connue de tous en tant que BDH, s'est oc-cupée, en suivant les directives indiquées par ses supérieurs, de concevoir, planifier et exécuter la politique extérieure relative à la protection et à la promotion des droits de l'homme dans le monde.

❖ L'action du BDH, qui est maintenant intégré à la Direction Générale des Na-tions Unies, des Droits de l'homme et des Organismes multilatéraux, couvre plu-sieurs fronts : la participation aux forums multilatéraux des Droits de l'homme (Na-tions Unies, Union Européenne, Conseil de l'Europe, OSCE), la prise en compte de la dimension dans les droits de l'homme des relations bilatérales, la supervision et la préparation, en collaboration avec d'autres unités administratives, des rapports que l'Espagne a obligation de présenter périodiquement aux instances internationales, les actions, croissantes, de formation et sélection d'observateurs électoraux, la protection des défenseurs des droits de l'homme poursuivis dans leur pays et, par-dessus tout, la collabora-tion avec les organisations de la société civile, qui sont les dépositaires des inquié-tudes des citoyens engagés dans la cause des droits de l'homme.

❖ Le Bureau a eu la grande chance de compter à sa tête, au fil des ans, des diplomates exemplaires et brillants : les malheureusement disparus mais toujours

présents dans nos souvenirs Ignacio Masferrer et Julián Palacios, les ambassa-drices Almudena Mazarrasa et Mercedes Rico, l'ambassadeur Juan Manuel Ca-brera, Juan Zurita et José Antonio de Ory. Tous ont légué à la postérité une action de haut niveau difficile à égaler, et sur-tout un dévouement et un engagement sans faille. Ces dernières années, l'action de la politique étrangère des droits de l'homme et du Bureau proprement dit s'est considérablement renforcée avec l'arrivée de l'Ambassadrice en mission spéciale Silvia Escobar, combattante experimentée venue de la société civile pour défendre les droits de tous.

❖ En toute logique, les fonctions du BDH se sont accrues au fil des ans, augmentant dans la même mesure que la politique étrangère espagnole et les exigences des citoyens. Les institutions internationales ont elles-aussi changé : sous peu, le tout jeune Conseil des droits de l'homme, digne successeur de la Com-mission, disposera d'une nouvelle salle de séances en propre, avec une énorme voûte peinte par l'artiste majorquin Miquel Barceló, cadeau de l'Espagne aux Nations Unies.

❖ Le Conseil des droits de l'homme est l'organe central, dans le système des Nations Unies, en charge

de la promotion des droits de l'homme, et c'est en son sein que l'Espagne a présenté une initiative personnelle visant à faire reconnaître l'accès à l'eau potable et l'assainissement comme un droit de l'homme. De même, et pour approfondir la dimension des droits de l'homme de l'Alliance des Civilisa-tions, l'Espagne encourage un suivi de cette initiative par le Conseil. Première étape : l'intervention que fera le Repré-sentant spécial pour l'Alliance, Jorge Sampaio, lors de la séance du mois de mars prochain.

❖ Deux des aspects pour lesquels l'action du Bureau s'est développée de manière quasi-exponentielle au cours des dernières années sont les tâches d'obser-vation électorale et la collaboration avec la société civile. L'observation électorale est devenue un instrument de soutien à la consolidation démocratique des sociétés en transition : soutenir l'organisation d'élections libres et concurrentielles constitue une priorité politique en plus d'un impératif moral. Au BDH nous organisons, en collaboration avec l'Ecole diplomatique, deux cours annuels de formation d'observateurs et nous avons publié récemment un manuel pratique pour les observateurs. C'est le premier du genre publié en espagnol.

❖ Enfin, il faut souligner le travail de collaboration avec la société civile. Outre son rôle de “boîte aux lettres” des ONG des droits de l'homme auprès du Ministère, le BDH gère un programme d'aides et de subventions pour la divulgation, la promotion et la défense des droits de l'homme. Mais c'est dans le dialogue avec les organisations de la société civile et le monde académique spécialisé que réside l'importance de notre travail, car c’est grâce à ce dialo-gue nécessaire que la formulation des politiques publiques se fait l'écho des demandes des citoyens.

❖ Au BDH, nous travaillons dans un esprit d'engagement vis-à-vis de tous les droits, pour tous et partout. Il en a été ain-si au cours de ces 25 premières années et cela continuera.

Au sein du Conseil des Droits de l'homme des Nations Unies, l'Espagne encourage leur surveillance dans le cadre de l'Alliance des Civilisations

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L'Espagne construira aux États-Unis la plus grande centrale solaire du monde● L'entreprise espagnole Abengoa a signé un contrat pour construire dans le dé-sert de l'Arizona (États-Unis) ce qui devien-dra la plus grande centrale solaire du mon-de. Pour donner une idée de l'envergure du projet, elle produira au total 280 mégawatts, presque deux fois plus que la centrale nu-cléaire de Zorita, récemment fermée, ce qui permettra de couvrir la consommation de 70 000 foyers et évitera l'émission de 400 000 tonnes de CO2 dans l'atmosphère. Abengoa est la société lauréate du concours organisé par la compagnie d'électricité Arizona Public Service, aux termes duquel la centrale doit être en service en 2011. D'après Santiago Seage, président d'Abengoa Solar, la cen-trale d'Arizona « marquera un événement mondial dans le domaine de l'énergie solai-re » . La société espagnole a remporté trois autres adjudications de centrales solaires sur le territoire américain. Cette année, elle inaugurera deux centrales solaires à Séville, et elle construit également au Maroc et en Algérie.

Espagne et Allemagne présentent une nouvelle résolution sur le droit de l'eau● L'Espagne et l'Allemagne présen-teront une nouvelle résolution sur le

droit à l'eau devant le Conseil des droits de l'homme, à l'occasion de la septiè-me période ordinaire de sessions des Nations unies qui se tiendra à Genève du 3 au 28 mars. L'objectif ultime est que le droit d'accès à l'eau potable et à l'assainissement soit reconnu comme un droit de l'homme, un droit égal pour tous.

Les efforts consentis par ces deux pays pour l'obtention de ce droit avaient déjà marqué la deuxième session du Conseil des droits de l'homme, au cours de laquelle ils avaient demandé au Bu-reau du haut commissariat une étude sur la portée et le contenu des obligations correspondantes des droits de l'homme émanant des instruments internationaux des droits de l'homme, incluant des sug-gestions et des recommandations. Cette proposition a été soutenue par 33 co-sponsors.

Lors de la sixième session du Conseil, l'intérêt des États pour ce sujet s'est confirmé, et il a cette fois bénéfi-cié de 38 co-sponsors. Le Bureau des droits de l'homme du ministère des Af-faires étrangères et de la Coopération a obtenu une avancée progressive sur ce thème grâce à une stratégie de ‘rupture des blocs’.

La femme d'un soldat otage du Hezbollah reçoit le soutien de l'Espagne● Le ministre des Affaires étran-gères et de la Coopération, Miguel Ángel Moratinos, a reçu, le 17 janvier dernier, Karnit Goldwasser, la femme du soldat israélien Ehud Goldwasser pris en otage avec Eldad Regev le 12 juillet 2006, lors d'une attaque du Hez-bollah contre Israël. L'Espagne et l'UE ont exigé la libération immédiate des deux soldats.

Miguel Ángel Moratinos a assuré une nouvelle fois à l'épouse du soldat Gold-wasser que les autorités espagnoles continueront à exiger la libération immé-diate des deux militaires israéliens, et a transmis aux familles des deux soldats toute la solidarité et le soutien du gouver-nement et du peuple espagnol.

action extérieure en bref

Bilan du plan d'action Asie-Pacifique● La présence institutionnelle es-pagnole en Asie et dans le Pacifique a augmenté de 40 % au cours des trois dernières années grâce à l'élan donné par le gouvernement à la projection de l'Espagne, comme l'indique le bilan du plan 2005-08, présenté le 14 février. Ouverture de nouvelles ambassades en Afghanistan, en Nouvelle-Zélande et au Bangladesh, auxquelles s'ajouteront bientôt celles du Cambodge et du Sri Lanka. D'après le secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Bernardino León, la visibilité politique de l'Espagne en Asie et dans le Pacifique est due à une fréquence de déplacements élevée au plus haut niveau, ainsi qu'au réseau de dialogues politiques bilatéraux, mul-tilatéraux et au renforcement consu-laire. Ont également été renforcés les contacts économiques favorisés par les forums avec la Chine et le Japon et les spécialistes de l'économie de Casa Asia avec l'Inde, la Corée et les Philip-pines. Le plan a misé sur la protection des droits de l'homme, en particulier ceux de la femme et la condamnation de la peine de mort. La stratégie du gouvernement pour la région a permis de multiplier l'aide d'urgence pour les catastrophes naturelles et la coopéra-tion au développement. Dans le domai-ne culturel, notons la création de cinq nouveaux Instituts Cervantes.

Le secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Bernardino León, lors de la cérémonie. EFE/Kiko Huesca

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La Casa del Mediterráneo ouvrira en 2008● La Casa del Mediterráneo débutera ses activités en 2008 avec l'organisation de plusieurs forums sur la Mare nostrum sur les sites provisoires d'Alicante, Benidorm et Javea. C'est ce qu'a annoncé en février le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. Il est prévu qu'Alicante, siège principal de la Casa, organise cette année un ‘Forum international d'experts de l'en-vironnement méditerranéen’ ainsi qu'une ‘Réunion de chercheurs sur le changement climatique sur le pourtour de la Méditerra-née’ à Benidorm et un ‘Forum de juristes’ en complément du ‘Forum des habitants’ à Ja-vea. Suivant le modèle de coopération insti- Suivant le modèle de coopération insti-Suivant le modèle de coopération insti-tutionnelle d'autres organismes analogues comme la Casa Asia ou la Casa Árabe, la Casa del Mediterráneo naîtra d'un consor-tium entre l'État, qui fournira 60 % du bud-get et la communauté de Valence, qui four-nit 20 %, auxquels s'ajoutent les mairies du siège principal (10 %) et des deux sièges secondaires, qui collaboreront à hauteur de 5 % chacun.

Nouvel accord de l'Espagne avec l'Agence ONU pour les réfugiés palestiniens● Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Miguel Ángel Moratinos, a signé le 25 janvier dernier avec Koning AbuZayd, commissaire général de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés de Pa-lestine au Proche-Orient (UNRWA), un ac-cord-cadre de collaboration. Après la signa-ture, ils se sont entretenus et ont abordé la situation délicate de cette région. Le chef de la diplomatie espagnole a rappelé que la coopération avec les territoires palestiniens est une priorité pour l'Espagne, conformé-ment à l'engagement de notre pays pour le processus de paix et la création d'un État palestinien viable. L'Espagne, qui est le hui-tième donneur dans le monde, a augmenté de manière notable l'aide financière à l'UN-RWA. Celle-ci est passée d'un peu plus de trois millions d'euros en 2001 à presque douze millions en 2007.

● Du 31 janvier au 25 février, Casa Sefarad-Israël a présenté au public ma-drilène l'exposition Visas pour la liberté. L'exposition raconte le travail humani-taire courageux et risqué mené entre 1939 et 1945 par plusieurs diploma-tes espagnols dans les pays occupés par l'Allemagne nazie. Suggérée par le passé par Isaac Navón (ex-président de l'État d'Israël) au ministre Miguel Angel Moratinos, cette initiative a débuté par

Ana Sálomon, directrice générale de Casa Sefarad-Israël, et la sous-secrétaire du ministère des Affaires étran-gères et de la Coopération, Mª Jesús Figa, lors de la cérémonie d'inauguration de l'exposition.

Visas pour la liberté : des diplomates espagnols face à l'Holocaust

Vision de l'exposition dans la station de métro Nuevos Ministerios. PHOTO P. Méndez

une recherche rigoureuse appuyée par le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. Casa Sefarad-Israël a ensuite décidé de développer le pro-jet à grande échelle dans l'intention de montrer au grand public le travail des diplomates espagnols et de faire circuler l'exposition dans différentes villes espa-gnoles et étrangères.

Au coeur de la barbarie de la Secon-de Guerre mondiale, l'engagement des diplomates espagnols concernés par l'exposition a permis de sauver environ soixante mille personnes, presque tou-tes juives d'origine séfarade. Cette action a impliqué le premier rapprochement en plusieurs siècles entre l'Espagne et les communautés séfarades de différents pays de l'est de l'Europe. Les diplomates, animés par des motivations éthiques et humanitaires, se sont engagés pour la défense des juifs déportés, ont dénoncé auprès de leur gouvernement la per-sécution dont ils faisaient l'objet et ont réclamé une plus grande flexibilité dans l'application des normes.

L'exposition s'arrête sur l'expérience d'Ángel Sanz-Briz (Budapest), Bernardo Rolland (Paris), Romero Radigales (Athè-nes), Julio Palencia (Sofia), José Rojas (Bu-carest), Propper de Callejón (Bordeaux) et Ruiz Santaella (Berlin), ainsi que d'autres personnages qui les ont secondés. Cer-tains de ces bienfaiteurs publics ont été déclarés « Justes parmi les Nations » par l'État d'Israël, une distintion qui honore le travail mené par les non juifs à cette épo-que. ■ ÁNGEL VAZQUEZ (SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE

CASA SEFARAD-ISRAËL)

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Création de la Fondation conseil Espagne-Russie● Je suis convaincu de l'utilité et de l'ef-ficacité de ce nouvel instrument pour déve-lopper le Forum de dialogue hispano-russe et multiplier les relations économique et sociales entre les deux pays. C'est ainsi que le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération a défini cette Fondation qui entend continuer à contribuer aux rela-tions entre l'Espagne et la Russie, dont les

échanges commerciaux ont augmenté de 40 % en 2006. La Fondation conseil Espa-gne-Russie comporte trois dimensions de base : les aspects culturels, la participation de la société civile et les relations économi-ques et commerciales. En ce sens, Miguel Ángel Moratinos a affirmé que « de nouvel-les perspectives s'ouvrent sur le marché russe pour les entreprises espagnoles, en particulier dans les secteurs financiers, des infrastructures, de l'énergie, du transport et du commerce.

● Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Miguel Ángel Mora-tinos, s'est engagé le 29 janvier dernier, au siège de l'Union africaine à Addis Abeba, à destiner 30 millions d'euros à la prévention des conflits sur le continent africain. L'annonce a été faite au cours de son intervention devant le Conseil exécu-tif des ministres des Affaires étrangères de l'organisation. Il s'agit de la première intervention d'un ministre des Affaires étrangères devant cette organisation.

Dans son discours devant le Conseil, le ministre des Affaires étrangères a sou-ligné l'augmentation de la présence espa-gnole sur le continent au cours des qua-tre dernières années, période au cours de

laquelle six ambassades et une douzaine de bureaux commerciaux et de coopéra-tion ont été ouverts. Il a également affir-mé que « les pays européens ne peuvent pas continuer à commettre les mêmes er-reurs que par le passé, ni à imposer une politique depuis l'extérieur » . Le chef de la diplomatie espagnole a visité le siège de l'Union africaine dans le cadre d'un dépla-cement en Afrique qui l'a conduit au Mali, en Guinée-Bissau, en République démo-cratique du Congo et en Éthiopie pour fa-voriser la coopération de l'Espagne avec ces pays. Le ministre a signé plusieurs accords et a affirmé l'engagement de l'Espagne vis-à-vis du développement du continent africain. Le Mali, la Guinée-Bis- Le Mali, la Guinée-Bis-Le Mali, la Guinée-Bis-sau, la RDC et l'Éthiopie font partie des dix pays les plus pauvres du monde, se-lon le dernier rapport du développement humain de l'ONU, publié en 2007, et sont répertoriés par le gouvernement comme digne d'un intérêt particulier dans le Plan Afrique en vigueur (2006-2008).

Miguel Ángel Moratinos lors de son intervention au Conseil exécutif de l'Union africaine en Éthiopie. EFE/P. Campos.

L'Espagne destinera 30 millions d'euros à la prévention des conflits sur le continent africain

Le Forum hispano-russe est une initia-tive promue par le gouvernement espagnol, à la suite de la visite d'État du président Putin en Espagne, en 2006. Outre les rela-tions politiques et économiques, la coopé-ration culturelle a également été renforcée, en particulier grâce à l'Institut Cervantes et à l'ambassade d'Espagne à Moscou.

La Reine Sofia en visite au Cambodge● Sa Majesté la Reine a pris connais-sance sur le terrain des projets menés par la Coopération espagnole au Cambodge lors de sa visite dans le pays du 18 au 25 février. Parmi ces projets, citons celui mené par Somalí Mam pour éviter l'esclavage sexuel des fillettes ou celui de l'évêque espagnol Enrique Figueredo en faveur des victimes de mines antipersonnel.

La Reine Sofia, qui était accompagnée du directeur de l'Agence espagnole de coopéra-tion internationale pour le développement (AECID), Juan Pablo de la Iglesia, a visité le centre de réhabilitation et de formation pro-fessionnelle Tom Dy, parrainé par l'AECID, où 60 femmes et fillettes auparavant victimes de la prostitution forcée développent leurs connaissances générales, notamment en langue et en mathématiques. La Reine a également visité le Centre Arrupe, dirigé par Mgr Figueredo, qui dispose d'un atelier de montage de fauteuils roulants et d'un centre de formation et de production textile pour en-fants handicapés à cause des mines. Autre projet présenté à la Reine Sofia : la traduc-tion de logiciels en langue khmère, afin de réduire l'inégalité sociale de cette minorité ethnique au Cambodge.

Le sommet franco-espagnol renforce la lutte contre l'ETA● Le président du gouvernement José Luis Rodríguez Zapatero s'est réuni à Paris le 10 janvier dernier avec le président de la République française, Nicolas Sarkozy, pour célébrer le XXe sommet franco-espa-gnol. L'Espagne et la France ont convenu de créer des équipes de recherche permanen-tes avec les polices des deux pays afin de

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prévenir les attentats de l'ETA et de poursui-vre les terroristes.

Les deux dirigeants ont plaidé en faveur « d'une grande politique européenne d'im-migration à travers un grand pacte mar-qué du sceau franco-espagnol » . Les deux pays ont convenu de favoriser la collabo-ration dans le domaine des rapatriements conjoints, et de participer à des politiques de co-développement avec les pays d'ori-gine, en particulier du nord de l'Afrique et les pays subsahariens. Le sommet de Pa-ris a également servi à finaliser le projet de nouvelle interconnexion électrique censé relier les deux pays à travers les Pyrénées orientales. Le président du gouvernement était accompagné des ministres des Af-faires extérieures et de la Coopération, de l'Intérieur, de la Justice, de l'Éducation, du Développement et de l'Industrie.

80 entreprises espagnoles au salon de l'alimentation de Dubaï ● Le salon Gulfood, un des événements les plus importants du Moyen-Orient dans le secteur alimentaire et de l'équipement pour l'hôtellerie et la restauration, qui a eu lieu du 24 au 27 février à Dubaï (Émirats arabes unis), a vu la participation de 80 en-treprises espagnoles, soit 157% de plus que lors de la première édition à laquelle l'Espa-gne avait participé. L'importance du salon Gulfood réside surtout dans le fait que Du-baï est la destination touristique qui connaît la plus forte croissance au monde, d'après l'Organisation mondiale du commerce. De plus, les investissements dans les franchi-ses agroalimentaires y augmentent d'en-viron 27 % par an et Dubaï possède une grande capacité à réexporter les aliments : 72 % des importations agroalimentaires sont réexportées dans 160 pays.

L'Espagne, pays européen possédant le plus d'entre-prises à Miami● L'organisme public chargé du déve-loppement économique de la Floride, ‘En-terprise Florida’, a annoncé le 13 février dernier, que plus de la moitié des entrepri-

ses européennes qui se sont établies dans la région au cours des dernières années sont espagnoles. Soit un total de 47 entre-prises qui ont créé 1 200 postes de travail. En parallèle, plusieurs banques espagno-les se sont également installées dans la région et ont créé un système de soutien international aux entreprises. La prédomi-nance espagnole dans la région devrait se poursuivre à l'avenir. En effet, d'après ‘Enterprise Florida’, sur les 20 entreprises européennes qui pourraient s'installer dans le comté de Miami au cours des pro-chains mois, seize sont espagnoles, trois françaises, deux italiennes, deux britanni-ques et une suédoise.

Trois écoles de commerce espagnoles dans le top-10 européen● Le quotidien britannique Financial Times réalise chaque année un classe-ment des meilleures écoles de commerce du monde et, en 2008, l'Espagne figure à double titre parmi les 15 meilleures éco-les de commerce du monde. La première des écoles espagnoles est l'Instituto de Empresa Business School, qui occupe le huitième rang des 156 écoles analysées ; et la deuxième, l'IESE Business School, est classée en onzième position.

Au niveau européen, l'Espagne pos-sède les 3ème, 5ème et 9ème meilleures écoles du Vieux Continent. La neuvième meilleure école européenne est l'Esade Business School, qui occupe la 21ème place dans le monde. Les critères d'éva-luation des différents centres du Financial Times concernent divers aspects, notam-ment l'ancienneté (au moins cinq ans) du programme de Master in Business and Administration (MBA) et le fait que l'école de commerce ait été accréditée par des organisations internationales.

Le ministre décore le pré-sident d'Arcelor-Mittal, et l'Ala-45 de l'armée de l'air

● Le ministre des Affaires étrangè-res et de la Coopération, Miguel Ángel Moratinos, a décoré, le 8 février dernier,

Majorque reçoit le som-met hispano-allemand● Le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, s'est réuni avec la chancelière allemande, Angela Merkel, le 31 janvier dernier à Majorque, où ils ont souligné leur vision commune du système financier : « Nous partageons la conviction que la communauté internationale et, bien évidemment, l'UE, doivent appliquer de manière résolue de nouvelles mesures assorties de plus d'information, plus de transparence et une meilleure régulation pour prévenir et anticiper les problèmes au niveau des systèmes financiers » -a affirmé le chef de l'exécutif espagnol. Les deux dirigeants ont insisté sur leurs points de vue communs en matière de réchauf-fement de la planète et d'énergies renou-velables. L'Allemagne et l'Espagne sont « deux pays engagés et décidés dans la lutte contre le changement climatique et en faveur des énergies renouvelables » , a affirmé le président. Les deux pays ont convenu de « mettre en oeuvre des pro-jets conjoints en Afrique en rapport avec le changement climatique et les énergies alternatives » a-t-il ajouté. Étaient égale-ment présents au sommet les ministres des Affaires étrangères, de l'Intérieur et de la Défense des deux pays.

Conférence de presse entre le président du gouverne-ment et la chancelière allemande. EFE/ J. Martín

le patron et président de l'entreprise de sidérurgie Arcelor-Mittal, Lakshmi Niwas Mittal de la Grande croix du mérite civil. Le ministre a insisté sur sa satisfaction de remettre cette distinction à « un des chefs d'entreprise les plus remarquables dans le contexte de la mondialisation économique » , et a rappelé « l'importan-ce d'Arcelor-Mittal dans le tissu productif

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Contrôle parlementaire lors de la VIIIe session législative● Le contrôle parlementaire exercé lors de la session législative qui vient de prendre fin (VIIIe session législative, 2004-2008) a été le plus intense qu'un gouvernement ait eu à subir depuis la transition démocratique. Le domaine de la politique extérieure n'est pas resté en marge de cette activité parlementaire. Au contraire, le contrôle du gouvernement par les Chambres a eu des conséquences notables dans ce domaine, donnant lieu à de nombreuses initiatives (certaines à la demande du gouvernement lui-même, d'autres à la demande des groupes par-lementaires) qui ont exigé une présence continue du ministre des Affaires étran-gères et de la Coopération et des quatre secrétaires d'État.

Quelques chiffres illustrent l'augmen-tation de ces initiatives. Tout d'abord, en raison de leur répercussion médiatique, il convient de mentionner les questions orales posées aux ministres au cours des sessions de contrôle hebdomadaires du gouvernement lors des assemblées plé-nières des Chambres : au cours de la VIIIe législature, le ministre des Affaires étran-

gères et de la Coopération a répondu à 117 questions orales en session plénière du Congrès (96 pour la VIIe législature) et à 116 questions en session plénière du Sénat (80 pour la VIIe législature).

D'autre part, bien que moins médiati-sées, il convient de mentionner les com-parutions du gouvernement devant les Commissions compétentes en matière d'affaires étrangères et de coopération, qui constituent le moyen de contrôle par-lementaire de l'action gouvernementale le plus régulier et le plus systématique. Le nombre total de comparutions devant une Commission, pour le ministre et les secrétaires d'État, a été de 241, dont 175 devant le Congrès et 66 devant le Sénat. Sur ce total, 78 comparutions ont été à la charge du ministre des Affaires étran-gères et de la Coopération, et 163 à celle des secrétaires d'État. La Commission parlementaire qui a le plus sollicité la présence des responsables des Affaires étrangères est celle des Affaires étrangè-res du Congrès, devant laquelle le minis-tre s'est présenté à 21 occasions et les secrétaires d'État à 77 occasions.

A C T I V I T É S P A R L E M E N T A I R E S

espagnol» . Pour sa part, le chef d'entre-prise, né en Inde il y a 58 ans, a exprimé la volonté de « maintenir, voire augmen-ter les relations de l'entreprise avec l'Es-pagne » . Arcelor-Mittal est le plus grand groupe sidérurgique du monde. Avec 15 usines dans les Asturies, le Pays basque, à Madrid et Tolède, il produit 46 % de l'acier brut espagnol.

D'autre part, au cours d'une autre cérémonie, Miguel Ángel Moratinos, ac-compagné du ministre de la Défense, José Antonio Alonso, a remis la plaque d'honneur de l'ordre d'Isabelle la Catho-lique au 45ème groupe de l'armée de l'air, en reconnaissance de son travail. Le 45ème groupe est chargé, entre autres, du transport du ministre et d'autres hauts responsables du département lorsqu'ils se rendent à des réunions et des rencon-tres de grande importance pour le déve-loppement de la politique extérieure de l'Espagne. Cette distinction a été créée par décret royal en 1815, dans le but de récompenser ceux qui travaillaient pour la défense des intérêts nationaux.

L'Espagne engagée dans la lutte contre la mortalité infantile● L'UNICEF a présenté en janvier le rap-port ‘État mondial de l'enfance 2008’, qui indique que la mortalité infantile est descendue en dessous de 10 millions par an pour la première fois depuis que des statistiques sont établies. Le nombre de décès infantiles est passé de 20 millions en 1960 à 9,7 millions en 2006.

La secrétaire d'État à la Coopération internationale, Leire Pajín, qui a assisté à la présentation, a souligné que « malgré les données positives du rapport, tant que des enfants continueront à mourir pour des causes évitables, on ne peut pas baisser la garde » . Leire Pajín a si-gnalé que l'Espagne a alloué 37 millions d'euros à l'Unicef en 2007 et a insisté sur la nécessité de miser sur des alliances si-milaires pour éradiquer la pauvreté. « Per-sonne ayant un minimum de conscience ne peut accepter une situation comme celle-ci et encore moins les pays du Nord » , a-t-elle affirmé.

L'Espagne et la Chine investissent ensemble au Cap-Vert● Le port de Mindelo, sur l'île capver-dienne de Sao Vicente fera l'objet d'un accord d'investissements communs en-tre l'Espagne et la Chine. Notre pays se chargera de la réhabilitation de l'unité fri-gorifique d'Internase. Le géant asiatique s'occupera de privatiser les chantiers na-vals de l'archipel. L'objectif du gouverne-ment du Cap-Vert est de créer une base de pêche capable d'attirer les flottes es-

pagnole et chinoise opérant dans la zone maritime d'Afrique occidentale.

Casa Sefarad-Israël organise la journée officielle de la mémoire de l'Holocaust● La cérémonie de la Casa Sefarad-Israël pour la journée officielle de la mé-moire de l'Holocaust et de la prévention des crimes contre l'humanité, le 24 janvier der-nier, a bénéficié de la présence du ministre

● CD Missions d'observation électorale parlementaires en Amérique latine. Récemment, un CD-Rom sur les huit missions d'observation électorale organisées par le MAEC, le Congrès des députés et le Sénat a été présenté au Congrès des députés. Pour le recevoir, écrivez à [email protected]

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miradas al exteriornouvelles ● action extérieure

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des Affaires étrangères et de la Coopéra-tion, Miguel Ángel Moratinos, ainsi que de la ministre de l'Éducation et de la Science, Mercedes Cabrera, et du ministre de la Justice, Mariano Bermejo. La cérémonie officielle avait pour slogan ‘Penser l'Europe c'est penser la Shoah’, et plusieurs inter-ventions, dont celles de Jorge Semprun ou Josep Borrell, ainsi que des œuvres musi-cales étaient au programme. Casa Sefarad-Israël est un consortium entre le ministère des Affaires étrangères, la communauté de Madrid et la mairie de la capitale pour ap-profondir l'étude de la culture séfarade et favoriser les liens d'amitié entre les socié-tés israélienne et espagnole.

Le MAEC et l’Atlético de Madrid ensemble contre la pauvreté● Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération et l’Atlético de Madrid ont signé un accord visant à marquer « un bon but » à la pauvreté grâce à une série de pro-jets en Argentine, au Honduras et au Maroc. Dans le cadre de cet accord, seront mis sur pied un centre de développement complet pour l’enfance en collaboration avec un club de football hondurien, ainsi que trois éco-les sociales et sportives à Tetuán, Buenos Aires et Rosario. Miguel Ángel Moratinos a reconnu que « c’était une journée spéciale pour lui, car elle associat deux de ses gran-des passions : le club rouge et blanc et la lutte contre la pauvreté et l’inégalité dans le monde » . De plus, il s’est montré convaincu du fait que « dans les régions où la situation économique et sociale est désespérante, le football peut aider nombre d’enfants à dri-bler le destin en quête d’un monde meilleur

» . Lors de la signature de l’accord, le minis-tre était accompagné des ambassadeurs du Honduras, du Maroc et de l’Argentine, ainsi que de la secrétaire d’État à la Coopération internationale, Leire Pajín. Représentant le club, étaient présents le président Enrique Cerezo et plusieurs joueurs comme Maxi Rodríguez, Kun Agüero, Leo Franco, Pernía, Raúl García, Antonio López et Pablo Ibáñez, qui parraineront les projets.

Casa África célèbre le premier congrès hispano-africain des entreprises● Le Réseau de femmes pour un mon-de meilleur, le Fonds de développement des Nations unies pour la femme (UNIFEM) et l'université de Las Palmas de Grande Ca-narie ont participé, les 18 et 19 février, au premier congrès hispano-africain organisé par Casa África et au cours duquel ont été abordées les conditions qui rendent possi-ble la création et le développement d'entre-prises par des femmes espagnoles et afri-caines et l'échange d'expériences dans ce domaine. Les interventions du congrès ont traité de facettes de l'activité d'entreprise sous l'angle féminin et dans la zone géogra-phique de l'Afrique, telles que le lancement d'une nouvelle entreprise, l'expérience de l'exportation, le fonctionnement des coo-pératives, les micro-crédits, l'association-nisme ou les réseaux. Dans un registre plus pratique, des expériences de femmes chefs d'entreprise espagnoles travaillant en Afrique ont été exposées, ainsi que des méthodes visant à préparer les femmes via les nouvelles technologies ou des projets de financement de la formation et des projets d'entreprises de femmes africaines.

La télévision publique des États-Unis commence à diffuser ‘Made in Spain’● Le prestigieux chef José Ramón Andrés est le protagoniste d'une série de 26 cha-pitres qui, sous le titre de ‘Made in Spain’, montre la richesse culturelle des différentes régions espagnoles à travers la gastrono-mie, les vins et la culture en général. Le pro-gramme a été inauguré le 15 février dernier

et est diffusé depuis Washington par la télé-vision publique américaine, PBS. Le secré-taire d'État au Tourisme et au Commerce, Pedro Mejia, était chargé de l'inauguration. Ont assisté à la cérémonie des journalistes espagnols et la presse américaine spéciali-sée dans la gastronomie, le tourisme et la télévision.

Casa Árabe participe au « mois du Maroc » ● Casa Árabe a décidé de célébrer à Grenade le ‘mois du Maroc’ pour commé-morer le 75ème anniversaire de l'École d'études arabes du Centre supérieur de recherches scientifiques par le biais de deux conférences. La première a été orga-nisée le 25 février sous le titre Alliance de civilisations : l'Espagne et l'Islam, et c'est le professeur Addeluahed Akmir, directeur du Centre d'études Al-Andalus et de dialo-gue des civilisations de Rabat, qui en était chargé. La deuxième tribune était consa-crée au thème « Le mouvement féministe marocain et les changements sociaux » , et a été donnée par Leila Chafai, présidente de l'Union des écrivains marocains.

Madrid possèdera un centre pour la presse internationale ● La Vice-présidente du gouvernement, María Teresa Fernández de la Vega, a an-noncé le 30 janvier, lors de la remise des prix de l'Association de la presse étrangère (ACPE) en Espagne, la création d'un grand centre pour la presse internationale, qui sera situé près de la Chambre des Députés. Le nouveau centre sera situé dans la rue Duque de Medinaceli et constituera, pour reprendre les termes de la Vice-présidente, « un lieu de rencontre et de travail pour les corres-pondants et tous les journalistes étrangers arrivant en Espagne » . La numéro deux du gouvernement a reçu le prix ‘Impacto Social’ de l'ACPE pour ce projet et pour le soutien apporté aux correspondants dans l'exercice de leur travail d'information. Santiago Car-rillo, Manuel Fraga et Adolfo Suárez ont éga-lement été récompensés pour le rôle qu'ils ont joué lors du passage à la Démocratie.

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, la secrétaire d'État à la Coopération in-ternationale et le président de l'Atlético de Madrid, Enrique Cerezo, lors de la signature de l'accord. EFE

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l'Espagne à l'étranger

Le coeur de l'Afrique est noir et vert, comme ses peuples et ses forêts, comme son passé et l'es-poir naissant en son avenir. L'Espagne travaille activement au développement du pays, comme le démontre sa qualité de Pays d'attention spéciale dans le Plan directeur de la Coopération espagnole

TEXTE : ricardo losa. PHoTos : EfE y javiEr HErnándEz

● La République démocratique du Congo (rdc) est sûrement le coeur du continent noir, où se résument et se concen-trent toutes les essences de ce monde énigmatique, parfois incompréhensible qu'est l'afrique subsaharienne. conrad l'a appelé le coeur des ténèbres, et il le reste, de par sa position centrale sur le continent noir, mais également de par la difficulté que nous éprouvons parfois depuis l'Europe, à comprendre cet immense territoire et sa culture.

Un coup d'oeil rapide sur la carte du continent nous montre son poids mondial.

Pas moins de 9 pays jouxtent la rdc, sa position à cheval sur l'Equateur garantit un débit continu au Grand fleuve (congo), sa voie de communication principale, et éga-lement un labyrithe d'affluents et une vé-gétation dense qui recouvre tout. il permet aussi de découvrir ses immenses difficultés et ses ressources énormes, la diversité du territoire, les différences ethniques et une richesse naturelle saisissante. les fron-tières du congo tracées initialement au congrès de Berlin (pour donner ce qu’on a appelé par la suite "le bassin conventionnel du fleuve Congo"), ont laissé un grand nom-bre de communautés divisées.

la crise humanitaire au rwanda et l'ins-

tabilité qui a ravagé la rdc dans les années 90 ont entraîné la création d’une foule de milices à bases essentiellement ethniques qui ont combattu sur les terres congolaises pour le contrôle des gisements de ressour-ces principales : or, diamants, et ce métal rare et précieux qu'est le coltan. Pendant cette période, des endroits comme Kivus, ituri, Bunia, Goma ou Kisangani se sont malheureusement convertis en lieux pri-vilégiés sur la carte universelle de la crise humanitaire. le processus de paix et les élections de 2006 ont signifié un nouvel espoir pour l'avenir.

la grandeur du congo s'impose tout particulièrement dans sa dimension hu-

RDCle coeur de l'Afrique

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Capitale : Kinshasa.Superficie : 2 344 885 km2 Population : 60,64 millions d'habi-tants (FMI 2006)Nom : République démocratique du CongoMonnaie : Franc congolais (FC)Langues : français, lingala, swahili, tchiluba et kikongo.Densité d'hab./km2 : 22,7 Mortalité infantile : 129 pour 1000 (2005)Espérance de vie : 44 ans (2005)Population urbaine : 33 % (2005)

Taux d' alphabétisation (2000-2004) : 81 % hommes / 54 % femmesPIB total : 8900 millions de dollars américains Croissance annuelle (2007) : 6.5 % PIB par hab. (2006): 141 USD Taux d'inflation (2007) : 10 % Dépense d'éducation (1994-2004) : 0 (estimation 7 % en 2007)Dépense de défense (1994-2004) : 18 Importations en provenance d'Espa-gne : 12,7 M euros (2007)Exportations vers l'Espagne : 3,1 M euros (2007)

> la rdc en chiffres

maine. dans la vie quotidienne. dans ce langage propre, si africain, de la danse et du sourire. la population parvient à avan-cer au milieu d'une infinité de difficultés en utilisant toutes ses capacités et tout son génie, normalement à travers l'économie informelle omniprésente, mais avec une volonté inébranlable de s'en sortir. la puis-sance et l'attrait de la société congolaise se manifestent avec toute leur force dans la musique, une des plus charmantes de tout le continent, et la danse, à travers le goût suprême de l'éphémère, lors de bals au cours dequels les couples dansent inti-mement enlacés, en une célébration de la vie et du bonheur.

dans un pays dans lequel la construc-tion d'infrastructures viales, sociales, sani-taires et éducatives reste une priorité, où l'Etat parvient à peine à contrôler la totalité du territoire, où la réforme du système na-tional de sécurité reste partie remise, on reste néanmoins surpris de l'ardent désir de la population congolaise de construire un pays qui, sur la base du respect de sa pluralité, soit capable de répondre aux grands défis qui se posent à elle.

le nouveau gouvernement du nou-veau congo démocratique est pleinement conscient du moment historique que vit le

pays. Pour la première fois de son histoire, en 2006 des élections présidentielles et lé-gislatives ont été organisées et ont permis de désigner le premier Président élu démo-cratiquement en rdc. Plus de trente ans de dictature cruelle, plus de dix ans de conflits éthniques larvés, et des millions de victimes ont causé un véritable ouragan de désirs de paix, de liberté et de développement.

le Président Kabila sait qu'il ne peut échouer face aux attentes des congolais. la communauté internationale le sait éga-lement et c’est la raison pour laquelle elle s'est consacrée, et l'Espagne avec elle, à la consolidation de la démocratie dans le nou-veau congo. Mais il n'y aura pas de conso-lidation démocratique sans consolidation

du développement ou, ce qui revient au même, pas de consolidation démocratique sans développement durable pour un pays qui occupe actuellement la 168ème place sur 177 dans l'indice de développement Humain du Programme des nations Unies pour le développement.

Le défi est considérable, mais il compte un allié de poids : les immenses envies, ambitions, espoirs, aspirations et désirs des 60 millions de congolais. les congo-lais qui, comme personne, savent célébrer même dans des circonstances très hostiles la vie et la joie selon une alliance unique entre univers magique et monde réel qui, au congo, ne sont pas parallèles mais se croisent continuellement.

ATTAQUE A L'AMBASSADE D'ESPAGNELa date du 23 mars 2007 restera gravée dans les mémoires à l'Ambassade d'Espagne de Kinshasa suite à l'impact d'un obus qui a obligé à évacuer ses 17 fonctionnaires. Les affrontements dans la ville ont provoqué l'attaque de l'Ambas-sade pendant cinq heures. Divers impacts de balles ont touché toutes les fenêtres. L'obus a laissé un trou de quelque 30 centimètres dans la façade. Après des heures de tension, les militaires urugayens intégrés à la force déployée par le Nations Unies ont évacué tout le personnel. Les images ci-dessous reflètent les dégâts provoqués par cette attaque.

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— Quelle expérience avez-vous acquise depuis votre arrivée au Congo il y a treize ans ?— En ce temps-là le pays vivait une situation extrêmement difficile, à la fin du régime Mobutu. Aujourd'hui, malheureusement, les choses ont peu changé et la population conti-nue de souffrir. l'éducation et la santé, par exemple restent com-plètement abandonnées. sans la présence et l'accompagnement des missionnaires et coopérants, qui se dépensent sans compter, l'es-poir deviendrait une utopie absolue pour ces populations. Pour moi, vi-vre avec ces gens est un présent de dieu : toujours souriants, toujours proches de vous... — Comme se passe la relation avec

les Congolais au quotidien ? — la majorité des habitants de Kimbanseke, et par extension de l’ensemble du pays, ne mangent qu'une fois par jour, et néanmoins, si vous leur rendez visite sans pré-venir, ils se sentent vexés, parce que ce qu'ils souhaitent vraiment c'est connaître à l'avance le moment de votre arrivée pour vous préparer quelque chose à manger. ils vous font voir la vie différemment, et à nous en particulier. notre congrégation s'occupe d'of-frir une formation intégrale, la plus complète et pratique possible, à des jeunes filles qui n'ont pas eu la possibilité de faire des études. nous leur apprenons des métiers qui, en définitive, les forment et leur

donnent une autonomie person-nelle qui leur permet d'aider leurs familles respectives.— Que pouvons-nous apporter en tant que citoyens d'un pays déve-loppé ?— je pense que le bagage culturel et spirituel que nous apportons à ces contrées, en harmonie avec celui des congolais, contribue à un développement basé sur le respect mutuel, car ensemble nous nous ouvrons à de nouvelles réalités : d'où l'importance de la coopéra-tion internationale. Et je peux dire avec fierté que dans cette mission immense, nous, coopérants et mis-sionnaires, pouvons compter sur le soutien inconditionnel de notre am-bassade.

"Vivre avec ces gens est un présent de Dieu"UNE ESPagNoLE EN RDC Elisa Ávila Mor-cillo fait partie de la Congré-gation de Saint Dominique de Grenade et elle vit à Kimban-seke, un quartier de la périphérie de Kinshasa depuis 1995.

les relations bilatérales entre l'Espagne et la république démocratique du congo ont toujours été bonnes bien que rares. Toutefois, ces dernières années la situation est en train de changer compe tenu de l'im-portance potentielle du congo pour l'avenir du sous-continent et de l'attention renouve-lée que notre pays lui porte. la rdc a été désignée Pays d'attention spéciale dans le cadre du Plan directeur de coopération espagnole 2005-2008, ce qui s'est traduit par une augmentation considérable de la coopération ces dernières années. sur le plan économique bilatéral, l'intérêt crois-sant des entreprises espagnoles pour la rdc doit augmenter. certaines d'entre elles se sont déjà installées dans le pays, avec pour objectif de participer à l'activité intense de réhabilitation des infrastruc-tures, financée aussi bien par la Banque Mondiale que par d'autres organisations internationales. En outre, l'Espagne est en première ligne du soutien internatio-nal à la paix dans la région. Par exemple, avec l'accord unanime de la chambre des députés, notre pays fait partie d'une des deux missions européennes sur le terrain, dénommée EUPol, et participera bientôt à l'autre mission, dite EUsEc.

Diverses dépendances de l'ambassade d'Espagne à Kinshasa et l'édifice où elle se trouve dans la capitale.

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TéMoiGnaGE En dirEcT

La RDC : l'engagement solidaire de l'Espagne

Miguel Fernández-Palacios M.AmbAssAdeur d'espAgne en république démocrAtique du congo

❖ Située au coeur de l'Afrique et doté d'un sous-sol extrêmement riche en res-sources minérales, la République démo-cratique du Congo est un pays crucial pour l'avenir du continent et, plus précisémment, de la région des Grands Lacs, de par son extension, son potentiel économique et sa situation géo-stratégique.

❖ Néanmoins, l'histoire de cet immense pays depuis son indépendance n'a pas été spécialement pacifique : un processus d'in-dépendance compliqué, avec des tentatives de sécession interne, a précédé une longue dictature qui s'est soldée par deux guerres dévastatrices. La lassitude nationale et inter-nationale vis-à-vis d'une situation insoutena-ble et dans laquelle la population civile était la principale victime a accéléré le processus de transition vers la démocratie dans lequel l'engagement de la Communauté internatio-nale, Espagne comprise, a été déterminant. De fait, la célébration fin octobre 2006 du second tour des élections présidentielles et législatives ont mis fin à un processus de transition commencé en 2002 après la signature d'une série d'accords entre les participants à ce qu'on a appelé la « Première guerre mondiale africaine » qui s'est soldée par trois millions de morts, trois millions d'exiles intérieurs et des violations massives des droits de l'homme. ❖ Aujourd'hui, le Gouvernement et le peuple congolais sont confrontés à une multitude de défis : la lutte contre la corrup-tion, la réforme du secteur de la sécurité, la construction d'infrastructures viales, sanitaires et éducatives, la lutte contre l'impunité, l'exclusión et la pauvreté ou la pacification de l'est du pays sont autant de défis pour le Gouvernement du Président Kabila. La Communauté internationale soutient les efforts des autorités congolai-

ses dans tous les domaines.

❖ Et l'Espagne n'a pas voulu rester en marge de cet immense engagement international en faveur de la RDC. C'est pourquoi la République démocratique du Congo, avec laquelle l'Espagne entretient des relations diplomatiques depuis le 3 novembre 1964, continue de figurer dans le Plan Afrique au titre de Pays d'Attention Spéciale, une catégorie soumise à des inter-ventions directes en matière de transition politique et de normalisation démocratique. Exemple d'un tel engagement : le déploie-ment entre juillet et décembre 2006 d'une companie renforcée de la Légion dans le cadre de la force européenne, EUFOR, de soutien au processus électoral. De même, nous contribuons à la Mission des Nations Unies pour le Congo (MONUC), la plus grande opération de maintien de la paix des Nations Unies dans toute son histoire, via la présence de deux officiers de nos Forces armées qui réalisent des missions d'observation dans des zones extrêmement dures de la géographie congolaise.

❖ Le renforcement de notre engagement politique a continué de se manifester au cours des derniers mois avec l'échange incessant de visites de haut niveau entre les deux pays. Ces douze derniers mois, le Président de l'Assemblée nationale de la RDC et les ministres congolais des Affaires étrangères, de l'intérieur, de la condition féminine et de l'environnement ont visité notre pays, alors que le Chef d'Etat-major de la Défense, le général d'armée Sanz Roldán, s'est rendu en RDC en décembre 2006 et que le ministre Moratinos vient de finaliser une viste officielle dans ce pays, la première d'un ministre des affaires étrangères espa-gnol au cours des 25 dernières années.❖ Pour leur part, les entreprises espa-

gnoles commencent à se rendre compte des immenses possibilités qu'offre le nou-veau Congo. Des entreprises espagnoles de secteurs stratégiques comme l'éléctricité, l'énergie et l'aviation commerciale, ou celui de la gestion portuaire, ont trouvé un es-pace dans un pays dont nos entrepreneurs étaient auparavant absents.

❖ D'autre part, l'actuel Plan Directeur de la Coopération espagnole considère la RDC comme un Pays d'Attention Spéciale. De fait, nous sommes passés au cours des 4 dernières années d'une coopération non remboursable à caractère purement anecdo-tique aux plus de 20 millions d'USD actuels. Le programme de coopération de l'Espagne en RDC porte essentiellement sur le soutien au processus de décentralisation du pays, sur les questions de genre (également par l'intérmédiaire du Fonds AECI-NEPAD), sur l'accès accrû aux services sociaux élémen-taires et sur l'action humanitaire. Ainsi, les principaux vecteurs de ce programme sont, en premier lieu, l'aide humanitaire canalisée par le biais d'agences et de programmes internationaux spécialisés comme le PAM, l'UNICEF ou l'OCHA et plusieurs ONG hu-manitaires aussi bien espagnoles qu'interna-tionales. En second lieu, on trouve les ONG : une part importante des fonds de coopéra-tion a traditionnellement été consacrée à la fourniture de services de santé, d'éducation et d'assainissement de l'eau, principalement par l'intermédiaire d'ONG espagnoles. Et en dernier lieu, il y a les agences internationales comme le PNUD, l'OCHA, ou UNHABI-TAT.

❖ Mais c'est la Convention de base de coopération bilatérale, signée par le ministre Moratinos à l'occasion de sa visite récente à Kinshasa, qui doit permettre de fixer désormais le cadre logique d'action de notre coopération dans ce pays.

❖ Je ne peux conclure sans me référer au magnifique travail que nos missionnai-res et religieuses effectuent dans ce pays depuis plus de 50 ans. Leur engagement vis-à-vis de la RDC constitue la preuve la plus palpable de l'effort de solidarité de l'Espagne en faveur de ce pays. Je leur adresse à tous mon hommage et ma recon-naissance.

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TEXTE : Miradas al EXTErior. PHoTos : indiTEX

● Inditex, groupe espagnol distribu-teur international de mode, avec huit for-mats commerciaux (zara, Pull and Bear, Massimo dutti, Bershka, stradivarius, oysho, zara Home et Kiddy’s class), re-groupe plus d'une centaine de sociétés liées aux différentes activités du secteur de la conception, de la fabrication et de la distribution textile. le groupe inditex compte actuellement 3701 établisse-ments dans 68 pays.

la singularité de son modèle de ges-tion, basé sur l'innovation et la flexibilité, ainsi que les succès remportés, ont fait d'inditex un des plus grands groupes de distribution de textile. sa vision de la

mode, faite de créativité et de qualité dans la conception, en plus une réponse rapide aux besoins du marché, lui a per-mis de croître rapidement à l'internatio-nal et de bénéficier de l’excellent accueil de la proposition commerciale des diffé-rentes chaînes du groupe. depuis le 23 mai 2001, le groupe inditex est coté en bourse et ses actions figurent dans les principaux indices boursiers espagnols et internationaux, avec une capitalisation qui dépasse les 25 000 millions d'euros.

la première boutique zara a ouvert en 1975 à la corogne (Espagne), lieu où le Groupe a commencé son activité et où se trouvent les services centraux de l'en-treprise. ses boutiques, toujours situées dans des emplacements privilégiés, sont

présentes dans plus de 400 villes d'Eu-rope, d'amérique, d'asie et d'afrique. la culture d'entreprise du groupe inditex re-pose sur le travail en équipe, la commu-nication ouverte et un haut niveau d'exi-gence. ces principes sont à la base de l'engagement personnel vis-à-vis d'une tâche centrée sur la satisfaction des clients. le groupe inditex compte plus de 70 000 professionnels dans le monde entier. son personnel est international (la moitié des employés travaillent hors d'Es-pagne), à majorité de femmes ( 82,8 %) et de jeunes, avec une moyenne d'âge de 26 ans.

● Le modèle commercial. depuis sa création, le groupe inditex privilégie un

INDITEXune multinationale en expansion

Le commerce mondial de la mode connaît une situation paradoxale. Alors que l'industrie semble fatiguée, la conception vit sa meilleure période. Et en Espagne la situation est similaire. La question évidente est donc la suivante : La mode espagnole se porte-t-elle bien ou stagne-t-elle ? Dans le même temps, les grandes entreprises mondiales de la mode poursuivent leur croissance. Et certai-nes d'entre elles sont espagnoles : Mango, Cortefiel et le groupe Inditex. Depuis des années, ces trois entreprises développent une stratégie d'expansion de plus en plus ambitieuse. Actuellement, elles comptent des milliers d'établissements dans le monde entier et enregistrent des bénéfices qui se chiffrent par centaines de millions d'euros.

n Paris (France) n Londres (Royaume uni) n Berlin (Allemagne) n New York (Etats-Unis)

UN EMPIRE PRESENT DANS LE MONDE ENTIER

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modèle commercial à haut niveau d'inté-gration verticale, via une structure flexi-ble et une attention spéciale au client. le temps, l'adaptation de l'offre aux désirs des clients, priment sur les coûts de pro-duction. En contrôlant toutes les phases du processus de la mode, le groupe textile inditex garantit tant l'homogénéité de sa production que son image internationale.

d'autre part, le succès des collections du groupe inditex réside aussi bien dans la connaissance du marché que dans la capacité d'assimilation des changements de tendances.

● Formats commerciaux. actuellement, le groupe inditex compte huit chaînes de distribution de mode. Elles partagent toutes la même approche commerciale, même si elles bénéficient d'une certaine autonomie de gestion. les équipes de di-rection sont indépendantes dans la prise des décisions commerciales et dans la manière de gérer les ressources. inditex, en tant que société mère, est responsable des services centraux de l'entreprise, no-tamment l'administration, l'utilisation des

techniques logistiques, la politique géné-rale de ressources humaines, les aspects juridiques, etc.

● Trajectoire du groupe Inditex. de 1963 à 1974, amancio ortega Gaona, président et fondateur d'inditex, exerce son activité professionnelle en tant que fabricant de prêt à porter. l'entreprise grandit progressivement jusqu'à comp-ter plusieurs centres de fabrication, qui distribuent leurs produits dans différents pays européens. En 1975, il lance zara, avec l'ouverture de sa première boutique dans une rue du centre de la corogne. le concept de mode de zara connait un si bon accueil que l'entreprise est bientôt en mesure d'étendre son réseau de bou-

depuis sa première boutique en 1975 à la corogne, le groupe a ouvert plus de 3700 établissements en un peu plus de 30 ans

n Mexique DF (Mexique) n Beyrouth (Liban) n Casablanca (Maroc) n Fukuoka (Japon)

UN EMPIRE PRESENT DANS LE MONDE ENTIER

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tiques aux principales villes espagnoles. 1985 voit la création d'inditex comme entité dirigeante du groupe d'entreprises. au cours des années qui suivent, les en-treprises de fabrication du groupe orien-tent la totalité de leur production vers la chaîne zara, posant ainsi les bases d'un système logistique adapté au fort rythme de croissance prévu.

En décembre 1988, zara ouvre sa première boutique hors du territoire es-pagnol, à oporto (Portugal) pour être précis. Ensuite, le groupe démarre son activité aux Etats-Unis et en france avec l'ouverture d'établissements à new york (1989) et Paris (1990). En 1991 naît la chaîne Pull and Bear, et l'entreprise ac-quiert 65 % du groupe Massimo dutti. Pendant ce temps, l'ouverture de nou-veaux marchés internationaux se pour-suit : Mexique en 1992, Grèce en 1993, Belgique et suisse en 1994. de 1995 à 1996, inditex acquiert la totalité du capi-tal de Massimo dutti et ouvre des bouti-ques à Malte et à chypre. En 1997, nor-vège et israël rejoignent la liste des pays dans lesquels inditex est présent.

En 1998, la chaîne Bershka est lan-cée. Elle s'adresse à un public féminin plus jeune et permet des ouvertures dans de nouveaux pays : royaume uni, Turquie, argentine, vénézuela, Emirats arabes, japon, Kowaït et liban. Un an plus tard, inditex acquiert stradivarius, qui devient la cinquième chaîne du groupe. de nou-

velles boutiques sont ouvertes dans de nouveaux pays : Pays-Bas, allemagne, Po-logne, arabie saoudite, Bahrein, canada, Brésil, chili et Uruguay. Puis en 2000, in-ditex installe ses services centraux dans un nouvel édifice situé à Arteixo (La Co-rogne) alors que des boutiques ouvrent dans quatre autre pays : andorre, autri-che, danemark et Quatar.

En 2001, la chaîne de lingerie oysho est lancée. dans le même temps le grou-pe est introduit en irlande, islande, italie, luxembourg, république tchèque, Puerto rico et jordanie, alors que commencent les travaux de construction du nouveau centre logistique de zara à saragosse. Un an plus tard, le groupe ouvre ses premiè-

res boutiques en finlande, en suisse, au salvador, en république dominicaine et à singapour.

En 2003, inditex ouvre les premières boutiques zara Home, la huitième chaîne du groupe, et inaugure à saragosse le centre de distribution Plateforme Europe. dans le même temps, ont lieu les premiè-res ouvertures de boutiques en slovénie, slovaquie, russie et Malaisie. En 2004, le groupe ouvre sa 2000ème boutique à Hong Kong, et dispose désormais d'une présence dans 56 pays d'Europe, d'amé-rique, d'asie et d'afrique. cette même année, les premières boutiques ouvrent au Maroc, en lettonie, en roumanie, en Hongrie, en lithuanie et au Panama.

En 2005, inditex ouvre ses premières boutiques à Monaco, en indonésie, en Thaïlande, aux Philippines et au costa rica. En 2006, la serbie, la chine et la Tunisie rejoignent la liste des marchés où inditex est présent. l'année dernière, indi-tex a ouvert des boutiques au Guatemala, en croatie, en colombie et à oman.

Pour cette année, le géant espagnol de la mode prépare son entrée dans plusieurs pays d'Europe de l'est, notam-ment l'Ukraine avec une boutique au cen-tre de Kiev, et le Monténégro. de même qu'à séoul (corée) et en Egypte. ainsi, à fin 2007, le groupe fondé par Amancio ortega compte près de deux millions de mètres carré répartis en 3691 boutiques dans 68 pays.

zara 1.134Pull and Bear 520Massimo dutti 426Bershka 510stradivarius 383oysho 293zara Home 205Kiddy’s class / skhuaban 230TOTAL 3.701

INDITEX DANS LE MONDE

Amérique

294Afrique

9

Asie et Pacifique

88

Europe

3.118Moyenorient

192 n nombre de boutiques par marquesau 19/02/2008

n nombre de boutiques au 19/02/2008

nb d'employés 69.420Bénéfice net 1 002 millions et

ventes internationales 60,4%nb de pays 64

n chiffres au 31/01/2007

depuis mai 2001, date de ses débuts en bourse, inditex est une valeur en hausse dans les principaux indices boursiers nationaux et internationaux

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miradas al exteriornotre économie à l'étranger ● l'Espagne à l'étranger

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TéMoiGnaGE En dirEcT

Inditex et notre modèle d'internationalisation

Pablo IslaVice-president et conseiller delegue d'inditeX

❖ Une des caractéristiques les plus marquantes du groupe Inditex, c'est sa vocation internationale, avec une trajec-toire initiée il y a déjà deux décennies qui a fait du groupe une des entreprises espagnoles les plus présentes sur les marchés étrangers. Depuis ses débuts, le groupe a clairement privilégié la croissance, notamment via un accrois-sement de sa présence commerciale sur de nouveaux marchés. Cette stratégie lui a permis d'être présent dans de nombreuses villes espagnoles dix ans à peine après l'ouverture de la première boutique de La Corogne, et de passer ensuite immédiatement aux marchés internationaux.

❖ De nos jours, la consolidation de ce processus nous a conduit à considé-rer le continent européen comme le marché intérieur du groupe. De fait, depuis 2006 les ventes sur le reste des marchés européens ont une impor-tance plus grande que les ventes en Espagne. Ceci reflète une stratégie de croissance essentiellement tournée vers la croissance en Europe.

❖ Le groupe Inditex compte de nos jours plus de 3100 boutiques en Europe, près de 300 sur le continent américain et d'autres aussi bien en Asie Pacifique et au Moyen orient qu'en Afrique. En Europe, sa pré-sence est remarquable sur les grands marchés : France, Italie, Royaume-uni et Allemagne, et le groupe compte des établissements dans la quasi-totalité des membres de l'Union européenne. Les pays d'Europe de l'est et la Russie constituent une des régions du monde où sa croissance a été la plus impor-tante au cours de l'année écoulée,

avec une croissance de la superficie commerciale supérieure à 60 %. De même, en avril de cette année nous ouvrirons la première boutique en Ukraine, dans un excellent emplace-ment de la capitale, Kiev.

❖ Après l'Europe, la seconde priorité en termes d'expansion est la région Asie-Pacifique, une zone dans laquelle Inditex augmente sa superficie com-merciale à une rythme qui double la moyenne de notre croissance dans le reste du monde. Ses propositions en matière de mode reçoivent un excellent accueil de la part du public asiatique et la croissance des trois dernières années a permis d'y tripler notre présence com-merciale, ce qui confirme cet intérêt. Les marchés japonais, chinois et aussi coréen, pays dans lequel nous com-mencerons nos activités courant 2008, sont les trois axes stratégiques à partir desquels nous comptons explorer les multiples possibilités de cette région, où nous disposons de boutiques dans cinq autres pays.

❖ Le renforcement de l'Europe comme marché principal et de l'Asie-Pa-cifique comme seconde priorité sont les clés qui définissent la direction straté-gique de l'expansion d'Inditex pour les prochaines années. Pourtant, le modèle commercial du groupe, et plus particu-lièrement le caractère universel de nos propositions de mode, nous permettent de profiter des opportunités qui se pré-sentent dans les autres régions. Ainsi, l'entreprise possède 300 établissements aux Etats-Unis, au Canada et dans une grande partie des économies latino-américaines, dont le Mexique, pays où la présence d'Inditex est la plus forte

sur le continent américain. Dans les autres régions, comme le Moyen orient et l'Afrique du nord, nous comptons plus de 200 établissements.

❖ La vocation de croissance interna-tionale fait partie de notre définition en tant qu'entreprise. En 2007, cette vocation s'est traduite par l'ouverture hors d'Espagne de 80 % des 560 bou-tiques ouvertes en cours d'années. Le groupe a lancé des opérations sur qua-tre nouveaux marchés et au cours de l'exercice, il a augmenté son nombre de boutiques dans cinquante pays du monde entier. Un effort d'expansion de cette ampleur n'est possible que dans une entreprise dont les mem-bres, aujourd'hui au nombre de 80 000 et de 140 nationalités différentes, assument avec un esprit ouvert nos possibilités sur le marché mondial.

❖ La croissance d'Inditex sur les marchés étrangers a commencé très tôt, à une époque du développement de l'entreprise où les multiples oppor-tunités sur le marché intérieur (Zara disposait alors d'environ 60 boutiques en Espagne) auraient pu faire passer cette vocation à l'internationalisation pour un pari difficile à justifier, voire une décision risquée. Pourtant, les premières ouvertures à New York et à Paris au début des années 90, puis les 65 nouveaux marchés qui allaient sui-vre, ont modelé et amélioré le modèle commercial de notre entreprise, notre capacité à coller au marché, à écouter les clients et, chose peut-être plus importante encore, ont apporté des valeurs nombreuses et très positives à une culture d'entreprise difficile à imiter de nos jours. En résumé, Inditex a abordé la croissance sur les marchés extérieurs avec l'humilité de celui qui considère l'expansion avant tout comme une opportunité d'appren-tissage, mais qui est en même temps très motivé par la confiance qu'il a dans un modèle commercial innovant dans son secteur, et qui sait que dans un contexte de concurrence de plus en plus mondial, l'internationalisation est la garantie de la croissance future.

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connaître l'Espagne

R+D+idernières nouvelles

Pouvons-nous être satisfaits des résultats obtenus jusqu'à maintenant en matière de recherche, de développement et d'innovation (R+D+i) ? Pouvons-nous être optimistes en ce qui con-cerne un avenir proche dans lequel nous jouons notre place dans le club des pays les plus développés ?

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miradas al exteriorr+d+i ● connaître l'Espagne

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R+D+idernières nouvelles

TEXTE : jacobo garcía. PHoToS : arcHivE

● D’accorder aux hommes des bé-nédictions sans rien attendre en re-tour. aussi, lorsqu'ils nous ont permis de découvrir les bénéfices de l'innovation, ils nous ont imposé la difficile tâche de devoir innover mieux et plus rapidement que nos voisins pour que nos découvertes aient une quelconque valeur.

Jusqu'à très récemment, l'innovation était l'apannage d'une poignée de pays ouverts au talent et à l'effort, et disposés à en payer le prix. Le reste du monde vivait tranquillement, en achetant ce que les pays novateurs inventaient en échange de matières premières ou de produits in-dustriels à faible valeur ajoutée.

Le changement de siècle et les prém-ices de la mondialisation ont tout bous-culé. Aujourd'hui, nous sommes nombreux à vouloir innover : de fait, tous les pays ont été surpris par les grands concurrents asi-atiques, qui se rapprochent à toute vitesse et nous marchent déjà sur les talons. Juste quelques exemples de ce rythme fréné-tique : il y a huit ans, IBM avait deux mille employés en Inde, aujourd'hui'hui ils sont 54 000. Le nombre d'ingénieurs qui sort chaque année des universités chinoises est deux fois plus élevé que celui des Etats-Unis et de l'Union Européenne réunis.

L'Espagne avance plus lentement que des pays comme l'Irlande, qui est pas-sée en très peu d'années de l'une des dernières places de l'Union Européenne

en termes de revenu par habitant, à l'une des premières places, en particulier grâce au fait d'avoir misé sur le secteur des tech-nologies. Mais par rapport à d'autres pays qui semblent se résigner à figurer indéfini-ment aux dernières places de l'Union Euro-péenne, l'Espagne s'en sort plutôt bien. Et si la comparaison prend en compte notre propre passé, on arrive à la conclusion que l'Espagne est capable d'innover d'une manière relativement rapide étant donné le manque d'expérience historique qu'elle possède en la matière.

En quelques années, l'Espagne, qui était un pays en voie de développement tels que le sont aujourd'hui l'Inde et la Chine, bien qu'à une moindre échelle, est devenue un pays développé. De pays producteur d'émigration, l'Espagne est devenue un récepteur d'émigration, et le pays ne se contente plus d'exporter des oranges mais rachète aussi des banques et des compagnies étrangères. Mais dans les conditions actuelles, tout cela ne suf-fit plus : Aujourd'hui, certaines de nos en-treprises sont rachetées par des pays que nous appelons pays émergents, comme les émirats du Golfe, et d'ici peu nous devrons à nouveau affronter la difficile question de savoir comment payer nos importations de pétrole, de gaz naturel, de minerais straté-giques et de technologie. C'est pour cela que nous devons dépasser cette mentalité d'acheteurs d'innovation et devenir nous-

Nous sommes capables d'innover d'une manière relativement rapide compte tenu de notre manque d'expérience historique en la matière

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

0,80%

1,00%

1,20%

1,40%

1,60%

1,80%

Diagnostic de la situation et défis actuelsEn termes de pourcentage du PIB, les ressources que l'Espagne consacre à la R+D+i sont limitées comparé à l'UE (2%)

Données 2006Données 2005Données 2004

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miradas al exteriorr+d+i ● connaître l'Espagne

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mêmes des innovateurs.Cette obligation concerne tout le

monde : du gouvernement espagnol jusqu'aux petites et moyennes entreprises, en passant par les grandes entreprises et les universités. Lors de ce processus, cer-tains vont trébucher et chuter. D'autres, une faible proportion, tirera son épingle du jeu.. Il s'agit de savoir qui et comment aider. Et pour cela, il est inutile de préciser qu'il faut laisser définitivement de côté les vieux usages d'une culture subventionnée et adopter une mentalité d’entrepreneurs, ouverte et clairement partisane de l'égalité des chances.

Lors d'un séminaire sur la mondialisa-tion récemment organisé par la Fonda-tion Vodafone Espagne, nous avons eu l'occasion d'écouter un grand nombre de propositions d'autant d'experts (dix-huit, pour être précis) en rapport avec la R+D+i. Beaucoup de ces propositions étaient non seulement raisonnables, mais brillantes et captivantes, au point que l'on pouvait se demander s'il ne s'agissait pas d'un récit de science-fiction. Une minorité de propo-sitions, au contraire, malgré une base tech-nologique solide, manquaient manifeste-ment de sens commun.

Comment qualifier sinon la proposition d'une importante multinationale du sect-eur aéronautique désireuse de développer un prototype d'avion individuel capable de remplacer l'automobile privée, en ces temps de changement climatique et de lutte désespérée contre les multiples dé-gâts du trafic routier ? Suffit-il qu'une chose soit techniquement et économiquement viable pour qu'il faille nécessairement la produire ?

Autre exemple. Le département in-novation d'une banque est en train de développer une technologie dans le do-maine des « télécommunications natives » (des machines qui parlent entre elles et traitent les résultats) destinée à pré-dire quand un client est sur le point de divorcer afin de lui proposer des produits financiers adaptés à sa nouvelle situa-tion. Est-il raisonnable de penser que cette ligne de recherche qui semble nous rapprocher encore un peu plus, même inconsciemment, du cauchemar formulé par George Orwell dans son roman 1984 puisse profiter à la société ?

Et pour finir, que penser du travail d'un département universitaire spécialisé dans l'intelligence environnementale qui con-siste à faire que notre propre maison nous reçoive en allumant la lumière et en diffu-sant une mélodie préalablement choisie ? Tout ces efforts pour nous robotiser un peu

plus et nous rendre encore plus dépen-dants vis-à-vis de la technologie que ce que nous sommes, valent-ils réellement la peine ?

À l'opposé se trouvent toutes les ini-tiatives dont l'objectif est de guérir et de prévenir les maladies, d'éliminer ou de sim-plifier les tâches les plus dures, d'élargir et de mieux transmettre nos connaissances, d'épurer l'information qui nous parvient quotidiennement par vagues croissantes, de nous aider à voyager à travers le monde, ou à nous déplacer dans la ville, de transporter des marchandises à moin-dre coût économique et environnemental, de protéger l'environnement, de récupérer les forêts, de purifier l'air, de sauver la pla-nète.

Il existe de bonnes raisons de penser que tout ce qui brille n'est pas or. Certains bureaux ouverts par les différents services administratifs pour faciliter les initiatives citoyennes dans le domaine de la R+D+i, ont l'air d'être plus intéressés par leur pro-pre publicité que par l'aide effective qu'ils peuvent éventuellement apporter aux in-novateurs. Le citoyen lambda contemple admiratif ce que les différents échelons de l'administration dépensent pour faire con-naître ces plate-formes, mais seul le citoyen novateur est capable de distinguer si elles sont d'une quelconque utilité. La promesse existe de créer en 2008 un guichet unique dans le domaine de la recherche, du dével-oppement et de l'innovation.

Quant aux entreprises qui disent pos-séder un département de R+D+i, seule la moitié d’entre elles ont une personne concrète en charge du département, selon une enquête menée par IBM Espagne. Est-

Il est nécessaire d'oublier les vieux usages d'une culture subventionnée et d'adopter une mentalité empresariale, ouverte et partisane de l'égalité des chances

Le nouveau plan national de R+D+i pour la période 2008-2011 prévoit un inves-tissement de plus de 47,7 milliards d'euros

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miradas al exteriorr+d+i ● connaître l'Espagne

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ce qu'un département peut fonctionner efficacement sans un responsable avec nom et prénom ? Ou est-ce juste une façon peu coûteuse de se faire de la publicité et/ou de chercher des aides et des subven-tions ?

Quant aux universités, aux maux tra-ditionnels tels que l'endogamie et la bu-reaucratie, s'est ajouté dernièrement un phénomène de prolifération. Dans un monde global, une institution ainsi atomi-sée est-elle en mesure de rivaliser avec les autres ?

Enfin, il y a les brèches que nous de-vons colmater afin de faire le grand pas nécessaire dans le domaine de la R+D+i.

Les brèches qui existent entre le monde rural et le monde urbain, entre hommes et femmes, entre les entreprises qui peuvent s'offrir les services d'un cabinet-conseil pour savoir dans quelle communauté au-tonome il sera plus avantageux de fixer leur domicile fiscal et les entreprises qui ne peuvent pas se payer ce luxe, entre le cher-

cheur au statut d'employé et le chercheur qui doit se contenter de bourses pendant un temps indéfini pouvant parfois dépass-er dix ans...

Le budget que l'État a consacré au do-maine de la R+D+i en 2007 était de 6,54 milliards d'euros, alors qu'il n'atteignait pas les 3 milliards en 2004. Le Plan Ingenio prévoyait d'atteindre 2 % du PIB en 2010 et on en est toujours à 1,2 %. Des efforts importants restent à faire. Le nouveau Plan de R+D+i pour la période 2008-2011 a des objectifs bien plus ambitieux. Cela n'a plus de sens de s'interroger sur notre capacité à atteindre nos objectifs, car en réalité nous n'avons pas d'autre choix que de réussir.

PLAN NATIONAL DE R+D+i 2008-2011Le plan national de Recherche scientifique, Développement et Innovation Technologique est l'instrument de program-mation de la R+D et de l'Innovation Technologique de l'administration générale de l'Etat. Dénommé ainsi depuis l'an 2000, c'est aussi le mécanisme dont le but est de fixer les objectifs et les priorités de la politique de recherche et d'innovation à moyen terme, et de concevoir les instruments qui garantis-sent leur réussite. Le nouveau plan pour la

période 2008-2011 multiplie par deux le financement par rapport à la dernière période de quatre ans, soit un investissement supérieur à 47,7milliards d'euros, et inclut d'importants change-ments en termes de structure et de gestion. Il passe d'un modèle à base de domaines thématiques, qui s'est avéré utile les années précédentes, à un modèle fondé sur la définition d’instruments, in-struments qui sont la réponse de l'administration publique aux objectifs stratégiques et objectifs fixés dans la Straté-gie Nationale en matière de Sciences et de Technologie. Parmi ses objectifs, il faut mentionner la promotion d'un tissu économique

compétitif, le progrès dans la dimension internationale, le renforcement de la culture scientifique et technologique de la société afin de situer l'Espagne à l'avant-garde de la connaissance. Le plan national de R+D+i 2008-2011 s'adresse aussi bien à des or-ganismes publics, universités ou centres technologiques, qu'à des entreprises, des joint venture et des groupes de recherche, et met l'accent sur quatre grandes lignes de travail. La première consiste à générer les connaissances et les capacités nécessaires pour former et incorporer un personnel hautement qualifié. Cela inclut la mise en marche du Programme Severo Ochoa, conçu pour intégrer

des chercheurs de prestige international dans les centres espagnols. L'objectif de la deuxième ligne de travail est d'améliorer et d'encourager la collaboration entre les institu-tions publiques et privées. La troisième ligne de travail repose sur l'accroîssement de l'innovation technologique par secteurs. Quant à la qua-trième ligne, elle développe cinq actions stratégiques con-crètes dans les domaines de la santé, de la biotechnologie, de l'énergie et du change-ment climatique, des télécom-munications, de la société de l'information, de la nanosci-ence et de la nanotecholo-gie, et enfin, des nouveaux matériels et des nouveaux processus industriels.

Le Programme Severo Ochoa est conçu pour intégrer des chercheurs de prestige in-ternational dans des centres espagnols

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miradas al exteriorles mines d'almadén ● connaître l'Espagne

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Al-Maden, la mine. C'est ainsi que les arabes ont appelé ce gisement des contreforts de la Sierra Morena, dans la province de Ciudad Real. Une mine vitale pour les romains en raison de sa couleur, vénérée par les alchimistes en raison de sa composition et essentielle à l'obtention de l'or et de l'argent d'Amérique, qui allaient forger un empire.

TEXTE : DAVID MERINO. PHOTOS : PARC MINIER D'ALMADÉN

● Les mines les plus connues d'Espagne contiennent la plus grande réserve de mercure au monde sous forme de cinabre, un mélange de mercure et de soufre. On calcule que les ventes du minerai d'Almadén ont représenté plus de vingt mil-liards d'euros en valeur actuelle, du XVIème siècle à aujourd'hui. Mais ce gisement, duquel on a extrait le tiers du mercure utilisé par l'humanité, n'est pas entré dans les an-nales de l'histoire à cause du mercure, mais grâce au cinabre lui-même à l'état pur.

Ceux qui ont vu le nouveau bâtiment du Musée du Prado, se souviendront de ses murs d'un brillant rouge pompéien. Un rouge qui rappelle les fresques de la ville ensevelie par le Vésuve. Ce qui est curieux, c'est que ce pigment utilisé pour peindre les murs des demeures seigneuriales de Pompéi provient des pierres de cinabre d'Almadén, près de Ciudad Real.

Chaque année, il était envoyé à Rome

avant et après le mercureenviron 10 000 livres de minerai que l'on traitait afin d'obtenir un rouge très prisé. Un authentique produit de luxe qui était utilisé pour colorer les tissus, les murs ou les joues des femmes les plus fortunées.

● L'amalgamation S'il y eut un moment où les mines devinrent un axe fondamental de l'économie espagnole, ce fut bien le XVI siècle, quand le sévillan Bartolomé Medina découvrit l'amalgamation. Une technique qui utilise le mercure pour séparer l'argent et l'or des autres matériaux, à un moment où l'Espagne avait besoin de ces techniques pour épurer ses découvertes d'outremer. L'importance économique d'Almadén était si grande que Charles 1er put honorer ses dettes vis-à-vis des banquiers qui avaient financé son couronnement comme em-pereur ainsi que les guerres européennes, en leur cédant le contrôle des mines. Alma-dén continua à jouer un rôle fondamental lors du changement de dynastie. Avec les lumières apportées par les Bourbons, naît

l'Académie des Mines et de la Géographie souterraine, la quatrième académie la plus ancienne au monde dans ce domaine.

● Entre la science et l'alchimie Avec le temps, les utilisations du mer-cure d'Almadén se sont multipliées. Des baromètres, des piles, des lampes, des in-terrupteurs, des plombages et même des explosifs ont contenu du mercure. Au fil des siècles, l'imaginaire collectif a rajouté de nouvelles propriétés à ses dérivés qui, avec plus ou moins de succès, ont ensuite été utilisés comme laxatifs, antidépresseurs, antiparasites ou comme conservateurs.

Quand les chrétiens conquirent Alma-dén, il n'y eût que les moines guerriers de Calatrava pour oser contrôler une terre si proche du territoire musulman. C'était l'époque dorée des alchimistes qui pen-saient que le mercure était l'élément clé pour transformer le plomb en or. Ils pen-saient que tous les métaux se compos-aient de mercure et de soufre dans des

Almadén

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miradas al exteriorles mines d'almadén ● connaître l'Espagne

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Le parc minier d'Almadén prétend encourager le tourisme et la la connaissance scientifiques de cette partie du patrimoine espagnol

proportions variables. De sorte que pour changer en or ou en argent n'importe quel métal, il suffisait de modifier les quantités des deux composants du cinabre.

Durant la Rennaissance, un nouveau fléau s'étend en Europe : la syphilis. Les médecins croient découvrir que le mercure peut combattre cette nouvelle maladie, même si les résultats furent plus toxiques que curatifs. On a toujours su que le mercu-re pouvait être nuisible, mais ces dernières décennies, il a été démontré que de faibles niveaux de mercure peuvent nuire à notre capacité à parler, à voir, à entendre ou à penser. L'année dernière, la Commission Européenne a interdit les exportations de mercure et la fabrication de thermomètres en contenant.

● Almadén au XXIème siècle Almadén a anticipé la décision de la Commission Européenne puisque dès 2003, la mine a cessé de produire du mercure. Trois ans plus tard, une convention entre l'entreprise

propriété de l'Etat, Minas de Almadén et Arrayanes S.A., l'assemblée de Castilla-La-Mancha et la municipalité du lieu, a per-mis la création du parc minier d'Almadén. Un projet de 20 millions d'euros pour ren-forcer le tourisme et les connaissances scientifiques d'un prodige de la nature né il y a 430 millions d'années, suite à une éruption de mercure, mélangé avec du soufre des fonds marins.

Une visite du parc minier permet de re-vivre les conditions dans lesquelles les tra-vailleurs obtenaient le cinabre jusqu'aux progrès du XXème siècle. Il s'agit d'un voyage dans le temps, qui va du XXème au XVI siècle, et durant lequel les visiteurs

descendent jusqu'à 50 mètres sous terre pour voir les puits d'extraction, les ate-liers et la zone des fours de distillation, à laquelle on accède en train.

Almadén se bat aujourd'hui pour deve-nir Patrimoine de l'Humanité. L'Espagne a présenté cette candidature à l'UNESCO conjointement avec la Slovénie (qui pos-sède la seconde mine la plus importante au monde), le Méxique et le Pérou, dont les gisements ont vu se développer les tech-niques d'amalgamation. La route du mer-cure se présente comme un itinéraire cul-turel entre continents, source d'importants échanges. Les contacts d'Almadén avec le Nouveau Monde furent très fréquents, de la Patagonie jusqu'à l'Amérique du Nord. Très près de la Silicon Valley, symbole de la technologie de pointe américaine, il existe un parc naturel appelé « Almaden Quic�sil-« Almaden Quic�sil-Almaden Quic�sil-ver County Par� « en honneur aux mines espagnoles. C'est précisément à cet endroit que l'on a extrait le mercure nécessaire à l'amalgamation pendant la Ruée vers l'or.

Différentes images des installations du Parc minier d'Almadén, où on a reconverti les anciennes installations de celles qui furent les mines les

plus importantes du pays pendant des siècles.

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miradas al exteriorrock in rio ● connaître l'Espagne

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Rock in Riole rendez-vous musical le plus important au monde arrive en EspagneTEXTE : DAVID MERINO. PHOTOS : ROCk IN RIO ET ARCHIVE

● Rock in Rio c'est le festival des chif-fres. Les installations d'Arganda del Rey, à 25 kilomètres de Madrid, occuperont une surface de l'ordre de 200 000 mètres car-rés, avec des espaces verts, deux plate-formes imposantes pour les spectacles : ‘Escenario Mundo’ et ‘Hot Stage’, où se produiront près de 70 artistes durant le dernier weekend du mois de juin et le pre-mier weekend du mois de juillet. Parmi les groupes internationaux, joueront The Police, James Morrison, Jamiroquai, Franz Ferdinand et Lenny Kravitz, et parmi les espagnols, El Canto del Loco, Alejandro Sanz et Hombres G.

Depuis l'entrée à la Ciudad del Rock (la Cité du Rock), on pourra voir l'une des constructions les plus emblématiques du complexe : une fontaine de plus de 200 mètres de haut, dans laquelle l'eau dansera au rythme de la musique. Rock in Rio Madrid installera aussi un chapi-teau électronique où mixeront 25 DJ's de renommée internationale. Il y aura aussi une zone VIP climatisée d'une capacité de 2 000 personnes, l'Espace Fashion consacré aux défilés et aux expositions de mode, la Zona Radicale, où seront in-stallées des pistes de patinage, de snow-board et de zip-line (alias tyrolienne). Bien

Le plus grand spectacle musical de tous les temps, le festival Rock in Rio, aura lieu dans la localité madrilène d'Arganda del Rey. Les cinq éditions antérieures ont eu lieu au Brésil et au Portugal. Le nombre de spectateurs en direct a atteint les quatre millions et celui des téléspectateurs, plus d'un milliard à travers les ondes, dans 70 pays. Aujourd'hui, l'Espagne prend la relève.

entendu, Arganda disposera aussi d'un en-droit pour les plus petits, baptisé Espace Enfants, où les parents pourront confier leurs enfants à des éducateurs et à des moniteurs pour profiter des concerts.

● Pour tous publics. Les organisateurs du festival veulent attirer des gens de tous âges à la Ciudad del Rock. Pour cela, outre l'aire de jeu pour les plus je-unes, chaque journée sera consacrée à

un style de musique différent. Les promo-teurs calculent que les jours de festival, 100 000 personnes environ se rendront au Rock in Rio de Madrid.

Ce « Parc thématique du Rock » sou-haite se démarquer des autres festivals, en proposant tous les services néces-saires pour que les visiteurs en profitent dès le début de l'après-midi, et jusqu'à une heure très avancée de la nuit. L'espace fonctionnera comme une authentique ville, avec son aménagement du sol, son réseau d'éclairage, sa téléphonie, son système d'arrosage et de canalisations,

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miradas al exteriorrock in rio ● connaître l'Espagne

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Rock in Riole rendez-vous musical le plus important au monde arrive en Espagne

six grands restaurants, 40 magasins, plus de 500 toilettes, un hôpital et trois postes d'assistance médicale.

● Engagés dans la lutte contre le changement climatique. Rock in Rio est aussi un festival engagé. Depuis l'édition de 2001, le festival a pour devise « Pour un Monde Meilleur » , une devise adaptée lors de l'édition madrilène au problème du changement climatique. Pour cela, les

organisateurs ont prévu de planter des ar-bres afin de compenser les émissions de CO2 du festival, et de favoriser les éner-gies renouvelables (la scène principale utilisera l'énergie solaire), d'économiser l'électricité et enfin, d'utiliser les trans-ports collectifs.

Entre 2 et 5 % des bénéfices engendrés par le festival Rock in Rio de Madrid se-ront consacrés à des projets destinés à faire prendre conscience aux enfants et aux jeunes espagnols que l'avenir de la planète dépend de chacun d'entre nous. L'événement a même ses ambassadeurs solidaires, comme le chanteur Alejandro Sanz : « Je suis très préoccupé par le sort de la planète dont nos enfants vont hériter, par le réchauffement global et les émissions de CO2, a expliqué le gag-nant du Grammy 2008 pour le meilleur disque pop latino. C'est pourquoi que je pense qu'il est important de transmettre ce message » . Une autre ambassadrice d'exception est la chanteuse brésilienne Ivette Sangalo, très populaire dans les pays de langue portugaise.

● Histoire d'un succès. Il y a 22 ans, le publicitaire brésilien Roberto Medina décidait de faire connaître au monde la musique de son pays, avec des auteurs comme Barao Vermelho et Kid Abelha, en lui adjoignant celle de grands groupes de prestige international comme Queen, AC/DC, Rod Stewart et Iron Maiden. Cette première édition du festival battit presque tous les records.

En 1991, eût lieu la deuxième édition de Rock in Rio, auquel participèrent, entre autres, George Michael, les Guns N’Roses, Joe Cocker et Prince. Il fallut attendre 2001 pour profiter enfin de la troisième édition, où étaient présents les Red Hot Chili Peppers, Sheryl Crow, Oasis ou Car-

linhos Brown. L'esprit solidaire de cette édition rendit possible le financement des études de 3 000 jeunes et le parrainage de 29 projets par le biais de l'UNESCO avec la devise « cultivons des vies, désarmons la violence » , à travers tout le Brésil.

En 2004, le festival arrive en Europe. À Lisbonne, Sting, Paul McCartney, Alicia Keys, Metallica ou encore Evanescence se donnent rendez-vous. Le succès fait que l'édition se repète en 2006 dans la capitale portugaise, au parc Bela Vista, où remontent sur scène des artistes comme Sting ou les Guns N' Roses, aux côtés de Shakira, de Jamiroquai ou d'Anastacia.

2008 est une année spéciale pour le festival Rock in Rio. Pour la première fois, le festival aura lieu en même temps dans deux pays différents : l'Espagne et le Por-tugal. Notre pays sera l'épicentre du rock les 27 et 28 juin, ainsi que les 4, 5 et 6 juillet. Les concerts du dernier weekend du mois de mai et du premier weekend du mois de juin auront lieu à Lisbonne.

● L'avenir. Le maire d'Arganda del Rey, Ginés López, a expliqué que la mairie veut s'engager dans le projet Rock in Rio au delà de 2008 et a proposé de créer un ré-seau de villes « Pour un Monde Meilleur » , auquel participeront les villes qui ont ac-cueilli le plus grand festival du monde, ou celles qui sont censées le faire à l'avenir, afin de resserrer les liens entre les dif-férents pays.

Un réseau auquel pourront probable-ment se joindre de nombreuses villes puisque les organisateurs de Rock in Rio veulent l'exporter dans d'autres pays, en plus du Brésil, de l'Espagne et du Por-tugal, jusqu'à 2013. Après cette date, l'objectif des organisateurs est encore plus ambitieux : célébrer le festival dans trois pays à la fois.

Simulation de l'enceinte de

200 000 mètres car-rés à Arganda del Rey (Madrid) où aura lieu le festival Rock in Rio

pendant l'été 2008.

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culture et sociétéDes journalistes de Colombie, du Brésil, d'Argentine et d'Espagne récompensés par les prix Rey de España● Les Colombiens Rubiel Navia, Juan Pablo Noriega et l'équipe de la revue « Semana » , que dirige Alejandro Santos, le Brésilien Rodrigo Cavalheiro, l'Argentin Ja-vier Drovetto, le Mexicain Raúl Alejandro, et les Espagnols Fran Sevilla et Juan An-tonio Sacaluga ont été récompensés par les prix internationaux de journalisme Rey de España. Les prix internationaux de jour-nalisme Rey de España sont convoqués annuellement par l'agence Efe et l'agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID).

L'équipe de la revue « Semana » a reçu le prix dans la catégorie Presse pour son ar-ticle « La Parapolítica » . Le Brésilien Rodrigo Cavalheiro et l'Argentin Javier Drovetto par-tagent le Prix latino-américain pour des arti-cles publiés dans les quotidiens « Zero Hora » et « Clarín » . Le jury a souligné « l'approche binationale originale d'un même thème, la corruption, qui a révélé les extorsions pratiquées par des agents de la police de la route argentins à des camionneurs et conducteurs brésiliens » . Le Mexicain Raúl Alejandro Estrella a été récompensé dans la catégorie Photographie pour un cliché publié dans le quotidien « El Universal » . Les Colombiens José Rubiel Navia et Juan Pablo Noriega ont obtenu le prix dans la ca-tégorie Journalisme numérique pour « Los Yukpas, un pueblo guerrero » , publié sur « eltiempo.com » .

Les Espagnols Fran Sevilla et Juan An-tonio Sacaluga ont été récompensés res-pectivement dans les catégories Radio et Télévision. Sevilla, correspondant de Ra-dio Nacional de España (RNE) en Améri-que latine, a reçu le prix pour un reportage intitulé « Las madres de la Ciudad Juárez » . Sacaluga a été récompensé pour la série de reportages « La lucha de las mujeres » , diffusée par la chaîne publique Televisión Española (TVE).

Le prix Don Quijote a été attribué au Mexicain Germán Dehesa pour son arti-cle « ¡Ah, qué tiempos! » , publié dans le

quotidien « Reforma » , article dont le jury a souligné « la synthèse brillante » entre la langue espagnole et le parler populaire mexicain.

SEACEX organise «Ventana al títere ibérico» à New Delhi● La Société étatique pour l'action cultu-relle extérieure, SEACEX, le centre d'initiati-ves de Tolosa, CIT, l'Indira Gandhi National Centre for the Arts, IGNCA, et l'Ishara Pup-pet Theatre Trust, ont organisé à New Delhi l'exposition de marionnettes « Ventana al títere ibérico » ouverte au public jusqu'au 26 février 2008. Cette exposition a été or-ganisée avec le concours des ministères de la Culture et des Affaires étrangères et de la coopération d'Espagne, de l'Indian Council for Cultural Relations, Teamwork, India Habitat Center et de l'Ambassade d'Espagne en Inde. Cette exposition fait partie de la programmation du festival Is-hara International Puppet Festival de New Delhi et a réuni plus de 350 pièces en provenance d'Espagne et du Portugal. Le parcours de l'exposition commence avec les marionnettes du XVIIIème siècle et se termine avec les oeuvres de créateurs contemporains. Parmi les marionnettes les plus remarquables figurent celles de la Tía Norica de Cádiz, le Betlem de Tirisiti d » Alcoy, les Bonecos de Santo Aleixo de l'Alentejo portugais, celles d'Hermenegildo Lanz, qui a sculpté les têtes des marion-nettes utilisées pour plusieurs spectacles mis en scène par Lorca, ou celles réalisées par Joan Miró pour la pièce Mori el Merma, une version particulière du classique « Ubu » . Les pièces proviennent de divers fonds, notamment le centre dramatique d'Évora,

la mairie d'Alcoy, le Musée national du théâ-tre d'Almagro, entre autres, ainsi que de quelques collections privées. Après l'Inde, l'exposition gagnera le Jinsha Site Museum de Chengdu, en Chine, où elle pourra être visitée du 7 juin au 7 juillet 2008.

Cervantestv, espagnol universel et numérique● La première chaîne culturelle de té-lévision en espagnol avec une couverture mondiale vient de commencer à diffuser ses émissions. Cervantestv.es est une ini-tiative de l'Institut Cervantes présentée le 12 février dernier. La directrice de l'Institut, Carmen Caffarel, a affirmé que cette initia-tive répond au besoin de faire parvenir les contenus culturels et didactiques « là où nous ne pouvons pas nous rendre en per-sonne » . La programmation (qui comporte quatre heures quotidiennes de program-mation propre) inclut un bulletin quotidien d'informations, une revue culturelle, des interviews, des débats, des reportages et des documentaires. En septembre, elle commencera à diffuser un cours d'espa-gnol constitué de plus de 200 programmes et que suivront plus de deux millions d'étu-diants pendant les cinq premières années.

Francisco Casavella remporte le prix Nadal● L'écrivain catalan Francisco Casavella a remporté le prix Nadal (décerné chaque

Image de l'exposition organisée par SEACEX.

Francisco Casavella. EFE

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année par la maison d'édition Destino) pour son roman « Ce que je sais des vampires » . Casavella (Barcelona, 1963) est devenu célèbre en 1990 avec « Triomphe » , une histoire de gitans amateurs de rumba. Il a poursuivi avec d'autres titres ayant comme cadre les bas-fonds de Barcelone comme « Reste » et « Un nain espagnol se suicide à Las Vegas » , et consacré plusieurs années à sa trilogie « Le jour du Watusi » , terminée en 2003. L'oeuvre récompensée cette fois-ci se déroule au tournant des XVIIIème et XI-Xème siècles et, selon son auteur, « elle n'est pas historique et ne traite pas de vampires, contrairement aux apparences ». Le prota-goniste du livre est un galicien, Martín de Viloalla, qui accompagne les jésuites après leur expulsion d'Espagne en 1767, passe par Rome, l'Allemagne, le Danemark et le Paris de la Révolution et fait partie d'une société « d'escrocs, marginale, itinérante, philosophi-que et artistique » , qui erre de cour en cour en cachant son identité sous « un masque permanent » . La finaliste du prix Nadal était la journaliste Eva Díaz Pérez (Séville, 1971) avec « El Club de la Memoria » et le gagnant du prix Josep Pla de prose en catalan, le jeu-ne écrivain Melcior Comes (Sa Pobla, 1980) avec « La batalla de Walter Stamm » .

Hommage à Eduardo Arroyo à l'IVAM● L'Instituto Valenciano de Arte Moderno (IVAM) accueille jusqu'au 13 avril une rétrospective consacrée à l'ar-tiste pluridisciplinaire Eduardo Arroyo (Madrid, 1937). Trente-et-un tableaux et vingt-deux sculptures montrent l'évolu-tion de cet artiste, l'un des plus repré-sentatifs de l'art espagnol contempo-rain, pendant une période au cours de

Le Brésil, invité d'honneur, et la rénovation des espaces ont marqué la 27ème édition d'ARCO● Galeristes, collectionneurs, et pro-fessionnels de l'art du monde entier se sont donné rendez-vous à la Foire inter-nationale d'art contemporain de Madrid, ARCO 2008 qui, à cette occasion, a ré-nové ses espaces et présenté un conte-nu modifié. La 27ème édition d'ARCO a réuni 295 galeries de 34 pays.

Cette dernière édition d'ARCO est re-marquable en raison du nombre élevé de nouveaux participants, un total de 118 galeries, dont 76 participaient pour la première fois à la foire (7 espagnoles et 69 étrangères) et 42 avaient déjà participé par le passé. Cette tendance confirme l'intérêt croissant suscité par ARCO et par le marché espagnol au ni-veau international. Parmi les nouvelles propositions, il faut noter une importan-te participation des établissements des grands centres artistiques : New York et Londres.

L'Amérique latine a toujours été l'un des objectifs essentiels de projec-tion de cette foire internationale d'art contemporain, et cette situation s’es-trenforcée lors de cette dernière édition avec la présence du Brésil comme in-vité d'honneur. 32 galeries ont exposé à Madrid le meilleur de l'art brésilien, qui a bénéficié ces dernières années d'une très importante projection internationa-

le grâce à une création métissée, qui se réinvente en permanence, et dont le ca-ractère hybride est beaucoup plus vas-te que la vision de l'art brésilien que le public international peut normalement avoir. Parmi les artistes les plus célè-bres dont les oeuvres étaient exposées à la foire, figuraient le photographe Vik Muniz, l'artiste électronique Eduardo Kac, et les créatrices Rosângela Rennó et Leonora de Barros, l'une des premiè-res vidéastes du pays.

La participation du Brésil fut com-plétée par un vaste programme d'ex-positions, de cycles de cinéma et de concerts dans les principaux musées et centres culturels de Madrid. Parmi les propositions, l'installation au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía de Jose Damasceno, l'un des principaux représentants de l'art des années qua-tre-vingt-dix, fut particulièrement remar-quée.

La prochaine édition d'Arco aura lieu du 11 au 16 février 2009, et analysera l'expérience du processus de conception et de distribution architecturale de cette édition afin d'améliorer et d'optimiser les espaces de la prochaine édition. Parmi les initiatives que présentera ARCO » 09 figure la présence de l'Inde comme pays invité d'honneur.

« Anónimo de España al revés » d'Eduardo Arroyo.

laquelle il a fait preuve d'une créativité intense et a acquis une grande renom-mée internationale. L'importance de la sculpture dans cette exposition est par-ticulièrement significative. Ces dernières années, Eduardo Arroyo a développé un univers sculptural aux références sim-ples et avec des résonances totémiques et mythiques : têtes de bouc, boeuf, va-che, ou mouton en blocs de pierre de la région de Laciana (León), où est situé son atelier de sculpture.

L'Espagne, en tête du don d'organes● L'Espagne conserve son premier rang mondial pour le don d'organes. En 2007, l'Espagne a atteint les 1 550 donneurs, un record historique qui situe le taux moyen de don à 34,3 par million d'habitants, le taux le plus élevé au mon-de, de huit points supérieur à la moyenne des Etats-Unis (26,5) et le double du taux de l'Union européenne (17,8). Les 1 550

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donneurs d'organes ont permis la réalisa-tion de 3 829 greffes, avec des maxima historiques pour les interventions sur les reins, le foie et les poumons. Par commu-nautés, la hausse la plus spectaculaire s'est produite dans La Rioja, qui est pas-sée en trois ans de 30 à 74,2 donneurs par million d'habitants, et qui obtient ainsi le record du monde en matière de don d'organes. A l'autre extrême, l'Estré-madure n'atteint que 17,4.

Une auteure d'origine marocaine remporte le prix Ramón Llull● Le prix des lettres catalanes Ra-mon Llull, considéré comme le Planeta catalan car son montant est le plus important pour cette langue (90 000 euros) a récompensé l'auteure d'origine marocaine Najat El Hachmi, pour son roman « L » ultim patriarca » , qui a par-ticipé sous le pseudonyme de Mimouna Bouziane, un nom fréquent dans le Rif. La narration aborde un thème pleine-ment d'actualité qui est celui de l'immi-gration.

Née dans la ville marocaine de Nador en juillet 1979, alors que son père avait

Rétrospective de Juan Muñoz● La SEACEX et la Tate Modern co-pro-duisent l'exposition Juan Muñoz. Cette rétrospective, inaugurée le 23 janvier 2008, pourra être visitée jusqu'au 27 avril. L'exposition bénéficie de la collabo-ration du Tate International Council et de l'appui de la Fondation Henry Moore.

Cette exposition regroupe des oeuvres fondamentales de toutes les facettes de l'oeuvre de Juan Muñoz, notamment ses célèbres sculptures et installations, des éléments sonores et de mise en scène, ainsi que les esquisses pour les « des-sins-gabardine », entre autres séries. Juan Muñoz (1953-2001) est considéré comme l'un des plus importants sculp-teurs contemporains, célèbre pour ses installations. Il est devenu internationale-ment célèbre dans les années 1980 avec une série d'installations sculpturales qui plaçaient la figure humaine dans des environnements architecturaux spécifi-ques. Sa célébrité est due à sa capacité de créer une tension entre l'illusoire et le réel, entre les actes opposés d'obser-ver et de recevoir, ainsi qu'à l'isolement pathétique de l'individu plongé dans un groupe ou dans la foule. Les installations de Muñoz sont dramatiques et théâtra-les. L'artiste y utilise l'échelle et la pers-pective pour donner forme à la rencontre du spectateur avec l'oeuvre. Son oeuvre comprend des dessins, des pièces sono-res et des textes littéraires qui adoptent la narration et la communication comme point de départ de recherches sur la for-me et la structure.

Les premières installations de Muñoz délogent les éléments architecturaux fa-miliers en les important dans l'espace de la galerie. Séparés de leur environne-ment naturel, souvent avec un change-ment subtil d'échelle ou parfois réduits à une échelle minuscule, ces balcons, ces rampes, ces escaliers et ces meubles, bien que reconnaissables, deviennent étranges en raison de leur aspect dé-nudé, de leurs légères modifications ou de leur position trompeuse. Ces instal-lations et sculptures jouent avec la pré-sence et l'absence d'un sujet et souvent situent le spectateur au centre dramati-que de leurs ambiances.

En plus de son oeuvre sculpturale, la série d'environ quarante dessins Raincoat Drawings (dessins-gabardine) examine des espaces domestiques in-térieurs. Elaborées avec du fusain blanc sur une toile de gabardine noircie, ces dessins de pièces à peine meublées incluent toujours des images de portes qui conduisent à d'autres espaces aussi dépeuplés.

Juan Muñoz est né 1953 à Madrid, où il a vécu jusqu'à sa mort. Il a étudié à Londres et à New York, et participé à des expositions internationales telles que Do-cumenta IX (1992) ou la Biennale de Ve-nise (1986, 1993). En Espagne, Muñoz a commencé par travailler comme commis-saire d'expositions avant de se concentrer sur son travail de sculpteur. Muñoz a reçu en 2000 le presitigieux Premio Nacional de Artes Plásticas.

« Many Times » , l'une des oeuvres du sculpteur Juan Muñoz exposée à la Tate Modern de Londres. EFE/Mañoso.

Najat el Hachmi.

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l'ordre, suite à la démission du Néerlan-dais Peter-Hans Kolvenbach, à la tête de la Compagnie de Jésus pendant 24 ans. Les 217 électeurs, réunis pour leur 35ème congrégation générale, ont élu au deuxième tour Adolfo Nicolás, né à Palencia le 29 avril 1936.

Le nouveau Préposé général des jé-suites vit depuis 43 ans en Asie, surtout au Japon, où il a étudié et travaille com-me professeur de théologie, à Tokyo. Sa vie ecclésiastique a commencé en 1953 lorsqu'il est entré au noviciat d'Aranjuez, a obtenu une maîtrise de à Madrid avant de partir s'installer à Tokyo, où il fut or-donné prêtre le 17 mars 1967.

En 2005, il fut promu Préposé gé-néral des Provinces d'Asie et d'Océanie et transféra sa résidence à Manille, où il résidait jjusqu’à ce jour. Le Préposé des Jésuitesest surnommé le « Pape noir », en raison du grand pouvoir que cet ordre a toujours eu au sein de l'Egli-se Catholique et à son habit de couleur noire. Nommé à vie, Alfredo Nicolás sera à la tête de l'ordre le plus influent, présent dans 127 pays et avec des cen-taines de centres éducatifs dans 69 d'entre eux.

La Curie des Jésuites à Rome a sou-ligné que le nouveau Supérieur général représente surtout « l'universalité » et « l'inculturation » . A été également évo-quée sa proximité avec la figure de Pedro Arrupe, le natif de Bilbao élu Préposé général de la Compagnie de Jésus le 22 mai 1965, qui fut également envoyé au Japon, où il fut témoin de l'explosion de la bombe atomique sur Hiroshima.

Cildo Meireles remporte le prix Velázquez 2008● Le sculpteur brésilien Cildo Meire-les a remporté le VIIème Prix Velázquez d'Arts plastiques 2008 en reconnaissan-ce de sa trajectoire artistique. Le jury a décidé d'accorder le prix à l'artiste brési-lien, de 60 ans, « à l'unanimité » . Selon le compte-rendu du jury, « l'oeuvre de Cildo Meireles postule un engagement poli-tique qu'il a su harmoniser avec les né-cessités poétiques de toute création. Tout au long de sa trajectoire, il a montré une

déjà émigré à Vic (province de Barcelone), El Najat Hachmi est arrivée en Catalogne à l'âge de huit ans, grâce au regroupe-ment familial. L'écriture fut au début pour elle un entraînement, mais elle est deve-nue avec le temps un moyen de canaliser ses sentiments sur le fait d'appartenir à deux endroits à la fois, ainsi qu'une pos-sibilité de rapprocher les deux mondes dans lesquels elle a ses racines. Najat El Hachmi, qui possède la nationalité espa-gnole depuis un an et demi et a étudié la langue arabe à l'Université de Barce-lone, est une femme qui écrit, tout en élevant un fils de sept ans, et qui travaille comme médiatrice culturelle à la Mairie de Granollers. Elle a publié en 2004 un livre autobiographique « Jo també sóc ca-talana » dans lequel elle réfléchissait sur l'identité et l'enracinement.

Ken Follet a choisi Vitoria● L'écrivain Ken Follet, auteur du très célèbre « Les piliers de la terre » , s'est rendu récemment à Vitoria pour présen-ter mondialement son nouveau roman « Un monde sans fin » , suite du précédent. Ce choix n'est pas le fruit du hasard, car la capitale de la province d'Alava et plus concrètement la Cathédrale de Santa María, ont servi d'inspiration à l'auteur gallois pour reconstruire dans son roman une autre cathédrale, celle de Kingsbrid-ge. Le geste de Follett a été salué par la ville qui lui a consacré une sculpture en bronze, située sur la Place de la Burulle-rías, devant le célèbre édifice.

Ken Follet n'est cependant pas le pre-mier à avoir utilisé comme inspiration la Cathédrale de Santa María. Elle avait déjà été utilisée par Paulo Coelho pour son ro-man « Le Zahir » , et aussi pour « La som-bra del templo » de l'auteure vitorienne Toti Martínez de Lezea.

L'espagnol Adolfo Nicolás, nommé nouveau Supérieur des Jésuites● Le jésuite espagnol Adolfo Nicolás a été élu à Rome nouveau Supérieur de

Javier Bardem obtient un OSCAR historique● Les pronostics se sont vérifiés et Javier Bardem restera dans l'histoire du cinéma pour son rôle dans le film « Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme » , des frères Coen, grâce auquel il a rem-porté l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. Ce prix marque une date décisive dans le cinéma espagnol et la carrière de cet acteur de 39 ans, frère, neveu, cousin et petit-fils d'acteurs. Bar-dem avait déjà été nommé en 2001 pour « Avant la nuit » . L'acteur termine ainsi une année pendant laquelle aucun prix ne lui a résisté, particulièrement aux Etats-Unis, où il a obtenu 16 récompen-ses, notamment le Golden Globe et le prix du Syndicat des acteurs.

Avant l'Oscar de Javier Bardem, 15 autres statuettes avaient été attribuées à des représentants du cinéma espa-gnol. Juan de la Cierva fut le premier à l'obtenir, en 1970, pour sa contribution technique à l'industrie cinématographi-que. Les autres espagnols récompensés ont été les réalisateurs Luis Buñuel, José Luis Garci, Fernando Trueba et Alejandro Amenábar, le décorateur Antonio Ma-teos, le couturier Antonio Cánovas del Castillo et le directeur de la photogra-phie Néstor Almendros. Mais seuls deux espagnols ont remporté deux oscars chacun : le réalisateur Pedro Almodóvar et le directeur artistique Gil Parrondo.

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capacité constante à inventer et créer de nouvelles formes » .

Meireles, considéré comme l'un des plus grands artistes conceptuels du monde, est le créateur de sculptures et d'installations qui recherchent la com-plicité avec le public et qui approfondis-sent, principalement, des éléments spa-tiaux et temporels. L'oeuvre de Meireles cherche à « transgresser le réel », selon l'artiste lui-même, qui a exposé dans des lieux tels que le Museum of Modern Art de New York, le MACBA de Barcelone ou la Tate Modern de Londres.

Ce prix, doté de 90 450 euros, pré-voit de plus une exposition de l'artiste au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía de Madrid. Le sculpteur récom-pensé devra quant à lui choisir un autre artiste, de moins de 35 ans, qui recevra la bourse Velázquez, dotée de 30 000 euros.

Le prix Velázquez d'Arts plastiques est né avec la vocation de créer des liens étroits entre la culture et la création ar-tistique des peuples latino-américains. Il a été attribué pour la première fois il y a quatre ans, au peintre et poète mur-cien Ramón Gaya, suivi par les peintres et sculpteurs Antonio López, Pablo Pala-zuelo, Juan Soriano et Luis Gordillo.

L'Espagne construira deux nouveaux bateaux pour la recherche océanographique● L'Institut espagnol d'océanogra-phie (IEO), une institution qui se consa-cre à la recherche sur nos côtes et qui dépend du Ministère de l'Education et de la Science a commandé deux nouveaux bateaux pour renforcer sa flotte actuelle composée de six bateaux. Les nouveaux bateaux, de 64 mètres de long, et coû-tant plus de 30 millions d'euros, seront construits dans les chantiers navals M. Cies de Vigo, et seront équipés de techno-logies de pointe. Tant la construction que les équipements seront intégralement espagnols et rempliront les critères de la dénomination « bateaux propres » , ce qui signifie que leurs émissions sont minima-les et que la gestion des ressources obéit conformément à des normes très stric-tes. Le plan prévoit de consacrer l'un des bateaux à la mer Cantabrique et à l'Atlan-tique, tandis que l'autre sera destiné à la côte méditerranéenne. Ils effectueront des recherches sur le changement clima-tique, la dynamique des courants, les res-

sources de pêche ou la pollution marine. Actuellement, l'organisme dispose d'un plan pour substituer le « Cornide de Saa-vedra » , le navire amiral de la flotte.

Des archéologues espagnols découvrent des antiquités importantes en Egypte ● Deux équipes archéologiques es-pagnoles ont découvert des gisements importants en Egypte ces derniers mois. L'équipe dirigée par José Manuel Galán, archélogue du CSIC, a récemment décou-vert la tombe intacte d'un archer de haut rang vieille de plus de 4 000 ans. Il s'agit d'une « découverte unique et surpre-nante, car les archéologues ont très rare-ment la chance de découvrir une tombe intacte aussi ancienne » , explique Galán dont c'est la septième campagne dans le cadre de ce projet. D'autre part, des membres du Musée Archéologique Na-tional, dirigés par Carmen Pérez Die, ont découvert des antiquités pharaoniques de la première période intermédiaire de l'époque pharaonique, à environ 120 ki-lomètres au sud du Caire.

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Casa Asia accueille la plus importante anthologie consacrée au Raghu Rai● Des documents historiques sur la complexité d'un pays et d'une époque. C'est ainsi que se résume l'oeuvre photo-graphique de Raghu Rai (1942, Jhhang, aujourd'hui au Pakistan), dont Casa Asia accueille aujourd'hui les oeuvres les plus représentatives pour former la plus impor-tante rétrospective jamais consacrée à ce photojournaliste en Espagne. Près d'une centaine de photographies grand format en noir et blanc et en couleur sont expo-sées dans les diverses salles d'exposition que cette institution possède à Barcelone et à Madrid grâce à un projet unique, inti-tulé « Raghu Rai. Pasajes de la India » vi-

sible dans les deux centres jusqu'au 27 avril. Les photographies de cette exposition couvrent une période cruciale de l'histoire de l'Inde, de 1964 à 2007. Conçues dans la perspective du photojournalisme, mais avec une indiscutable valeur artistique et documentaire, ces images montrent tant la vie quotidienne du pays et ses personnes anonymes que des faits qui ont marqué son histoire récente, comme la tragédie chimique de Bhopal en 1984. Elle dresse également un portrait de la facette la plus humaine de figures essentielles pour le pays telles que Mère Teresa de Calcuta ou l'ex-Premier ministre Indira Gandhi.

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Des Goya inattendusTEXTE : MIRADAS AL EXTERIOR. PHOTOS : EFE

● Surprise lors de la cérémonie de remise des prix Goya attribués chaque année par l'Académie des arts et des scien-ces cinématographiques d'Espagne. Le film « L'orphelinat » a remporté sans surprise sept prix, mais la plupart étaient des prix techniques. Mais les prix du Meilleur film et du Meilleur réalisateur ont été attribués à « La solitude » et à son réalisateur, Jaime Rosales, la véritable surprise de la soirée. Le prix de la Meilleure révélation masculine a été attribué à José Luis Torrijo, également pour ce film. Le Goya d'honneur a été attri-bué à l'acteur vétéran Alfredo Landa.

Les deux grands perdants ont été « Les 13 roses » , bien que ce film ait obtenu qua-tre prix Goya, et « Sept tables de billard fran-çais » , qui a a obtenu le prix de la Meilleure actrice pour Maribel Verdú et celui de la Meilleure actrice dans un second rôle pour Amparo Baró. De son côté, « Sous les étoi-les » a obtenu les prix du Meilleur acteur pour Alberto San Juan et de la Meilleure adaptation pour Félix Viscarret.

Jaime Rosales, Barcelonais de 37 ans, cinéaste très admiré dans un lieu aussi emblématique que le Festival de Cannes, où il a présenté avec un très grand succès ses deux films, a obtenu les trois prix pour lesquels il était nommé. Après avoir surpris il y a quatre ans avec son premier film « Les heures du jour » , Jaime Rosales est revenu

au grand écran avec « La solitude » , un film qui évoque la façon dont les petites et les grandes tragédies marquent les vies hu-maines. Personne ne s'attendait à ce qu'un film indépendant, avec un petit budget, et tourné avec un système original de dou-ble écran, puisse dépasser les deux favo-ris. De plus, ce film est resté très peu de temps dans les salles. Dans son discours de remerciement, Rosales a évoqué les parents de sa génération et leurs enfants, leur conseillant de « les emmener le plus tôt possible au cinéma » , et « pas seulement pour voir les films de Disney mais aussi pour qu'ils voient d'autres films, comme par exemple « Le voleur de bicyclettes » de Vit-torio de Sica » .

Après la projection de divers extraits des films « Atraco a las tres » , « El crack » , « Amor a la española » ou « Les saints inno-cents » , l'acteur vétéran Alfredo Landa (qui a récemment pris sa retraite) a reçu le Goya d'honneur, sous les applaudissements de ses collègues. Le film argentin« XXY » a rem-porté le prix du Meilleur film étranger en langue espagnole.

✒ Toute décision qui implique des inclusions et des exclu-sions met en jeu diverses in-terprétations. Je me permets d'ajouter une interprétation qui selon moi a des implica-tions sur notre façon de voir le cinéma espagnol et une autre qui gravite autour d'une idée de la communauté latino-américaine et la coopération. ✒ Un. L'adjectif « expéri-mental » utilisé de façon généralisée à propos du film

« La solitude » est à mon avis incorrect. Il s'agit d'une confusion entre ce que tout acte créatif a de recherche et par conséquent de risque et l'idée d'expérimental dans laquelle prévaut le concept d'expérimentation, d'essai en vue de possibles améliora-tions ou applications : la pra-tique, l'essai, l'exercice, l'ap-prentissage, ainsi que le note l'une de ses acceptions dans le dictionnaire. En qualifiant « La solitude » d'expérimental, nous attribuons un caractère d'immaturité au film qui a remporté le Goya du Meilleur fim. La réalité est que la frag-

mentation de l'écran a des antécédents dans le cinéma des années soixante, et peut remonter, conceptuellement, au montage des attractions d’Eisenstein. « La solitude », est le fruit d » un acte créatif d'une solidité et d'une matu-rité expressive bien supérieu-res à des films qui reprodui-sent fadement des stratégies narratives canoniques. ✒ Deux. Jaime Rosales, sa directrice de production María José Díez, et sa directrice du son, Eva Valiño, sont diplô-més de l'Ecole internationale de cinéma et de télévision créée par Gabriel García Már-

quez, à Cuba. Et avec laquelle la coopération espagnole alors à ses débuts (pensant à la perspective d'un espace audiovisuel latino-américain intégré) et alors que cette école n'avait pas un an, a conclu un accord pour permettre la présence d'es-pagnols, contrevenant à ses statuts qui ne prévoyaient que des étudiants d'Asie, d'Afri-que et d'Amérique latine. Cet acte de recherche et de prise de risque a, comme toutes les actions créatives, diverses interprétations et peut surtout apporter des instruments pour l'action.

la note d' ALBERTO Gª FERRER. Secrétaire général de l'ateI (association de télévision educative latino-américaine)LE PRix : cRéATiOnET RisquE

Le réalisateur Jaime Rosales recevant le Prix Goya du Meilleur film de l'année. EFE.

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en dette vIS-à-vIS de . . . Il a débuté à Paris à l'âge de vingt ans. Presque trente ans plus tard, il continue à composer des chansons dans lesquelles le sentiment et la technique édifient des palais aériens sans murs sur des textes poétiquement irréprochables.

❖ Jusqu'à ce qu'il ose écrire ses propres vers et les mettre en musique. Le résultat fut un long oratorio, en huit mouvements, pour deux voix solistes et un ensemble instrumental de chambre formé par deux guitares, une flûte, un violon et un violoncelle. La nouveauté la plus importante d'Emboscados (1994) est l'apparition d'une autre voix principale, la voix féminine, dans ce cas celle de Clara Montes, avec laquelle Amancio chante le monde des Celtes, un monde de forêts pluvieuses, de trésors qui renferment une signification mystique faite d'hommes et de femmes qui se rencontrent et essaient de mettre à l'unison des valeurs aujourd'hui perdues ou dissociées.

❖ L'un des éléments caractéristiques de son image scénique, ce sourire séraphique qui reflète une tranquillité d'esprit qui peut aujourd'hui sembler une rareté, ne signifie pas selon moi qu'il veut nous faire croire que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles. Loin de là. Même ses chansons d'amour sont empreintes d'un certain sentiment de nostalgie, d'une temporalité qui menace tout. Mais elles ne professent pas ce culte à la laideur que partagent aujourd'hui tant de choses qui passent pour de l'art. Et peut-être veulent-el-les nous dire que nous vivons dans le meilleur des mondes qui serait possible si nous le voulions.

❖ La preuve que ses chansons ne cherchent pas à flatter nos instincts est qu'elles ne figurent pas toujours parmi les grands succès. Et quelle importance cela a-t-il ? L'important, comme le dit la chanson vénézuélienne qu'il a écouté Chicho Sánchez Ferlosio chanter si souvent, et qu'il chanta aussi avec lui, « El cantar tiene sentido, / entendimiento y razón, / la buena pronunciación / y el instrumento al oído. »

Par Jacobo García (JournalISte)AmAnciO PRAdA

la bonne prononciation

de revêtir le texte original d'atours qui paraissent d'un autre monde.

❖ Pendant des années, les choses continuèrent ainsi, lui choisissant avec un goût certain les fruits les plus exquis de la langue galicienne et castillane (les deux branches d'un même arbre), selon un critère très personnel qui n'a jamais tenu compte des diktats de la mode ni des idéologies. Puis en les mettant en musique, toujours pour la voix (la sienne) et un nombre réduit d'instru-ments, presque toujours une guitare, un violoncelle et une flûte (curieusement, jamais un piano, alors qu'il a étudié le pia-no pendant deux ans au Conservatoire de Valladolid). Et enfin en les interpré-tant, avec une voix d'une clarté et d'une limpidité rares.

❖ Bastabales, sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle à Noia, est aujourd'hui un lieu dont l'esthétique souffre de la présence de lotissements, mais lorsque Rosalía de Castro décida d'évoquer dans un poème le son de ses cloches, et sa beauté rurale, digne, modeste et tranquille, il permettait encore de rêver à un monde idyllique. Ces cloches ont sonné à nouveau plus de cent ans plus tard, le jour où un jeune chanteur de Bierzo, qui étudiait la ges-tion des entreprises agricoles à Vallado-lid mit en musique les vers rosaliens.

❖ Cette version, Rosalía de Castro (1975), qui fut en réalité son deuxième disque aurait suffi pour consacrer Aman-cio Prada (*Dehesas del Bierzo, León, 1949) troubadour de l'ère moderne. Mais à la suite de ce premier album, il a ajouté de la musique, de la voix et une instrumentation à un brillant recueil poétique et il est impossible de dire quelles sont les plus belles pièces, celles qui appartiennent à la poésie anonyme et populaire ou à la poésie littéraire, celles en galicien ou en castillan.

❖ Rosalía fut suivie par Miguel Hernán-dez, Federico García Lorca, Celso Emilio Ferreiro, Agustín García Calvo, par les premiers troubadours galaïco-portugais, par Saint Jean de la Croix, par le roman-cero castillan...

❖ La composition du Cantique spiri-tuel de Saint Jean de la Croix a duré des années et fut l'un de ses autres grands succès. La beauté surnaturelle de la poésie amoureuse du frère carmélite a inspiré Amancio et imprégné son chant d'un halo de mysticisme qui termina

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coopération

TEXTE : crisTina arEnas lópEz

● Dans le Quartier d'Acahualinca, où vivent plus de 18 000 personnes (dont 40 % d'enfants et de jeunes), se trouve la décharge de la chureca, dans laquelle sont déversées chaque jour 1 300 tonnes d'or-dures provenant des logements de Mana-gua, de l'industrie et des hôpitaux, sur une superficie de 40 hectares où s'accumulent 3 millions de mètres cubes de déchets, et où travaillent hommes, femmes et enfants, dans des conditions inhumaines. Outre les plus de 2 000 personnes qui travaillent cha-que jour dans cette décharge (dont 50 % ont moins de 25 ans et environ 110 enfants sont âgés de moins de 13 ans) plus d'un millier de personnes survivent dans des

conditions extrêmes et plus de 3 000 per-sonnes ont une activité liée à la collecte, au recyclage et au traitement des ordures, pour des revenus inférieurs à deux dollars par jour.

En août 2007, la Vice-présidente du Gouvernement, Maria Teresa Fernandez de la Vega, en voyage officiel au Nicara-gua, a souhaité se rendre compte de la situation par elle-même : elle s'est rendue à la chureca pour examiner les conditions de vie et elle s'est engagée à les amélio-rer. Quelques semaines après cette visite, l'aEciD a commencé à élaborer un projet sur le terrain, en collaboration avec les autorités nicaraguayennes, la Mairie de Managua et les habitants d'acahualinca et de la chureca.

le 15 janvier dernier, Maria Teresa Fer-nandez de la Vega et la secrétaire d'État à la coopération internationale, leire pajin, ont présenté au siège de l'agence Espagnole de coopération internationale pour le Dévelop-pement, le projet de développement inté-gral du quartier d'acahualinca-la chureca, à Managua. ce projet, qui sera mis en œu-vre conjointement avec la Mairie de la capi-tale du nicaragua, prévoit la fermeture de la décharge de la chureca, la plus grande décharge habitée d'amérique latine, ainsi que la création d'emplois et de conditions de vies dignes pour ses habitants.

ce projet débutera en 2008 et sera mis en oeuvre par étapes, pour s'achever en 2011. il s'agit d'un projet très innovant, d'une part en raison de son envergure et de son coût, estimé à 30 millions d'euros, et d'autre part en raison de son caractère intégral, qui implique tous les secteurs (éducation, santé, habitabilité, gouvernabi-lité, croissance économique, notamment) et tous les instruments de la coopération espagnole.

● Ce projet comprend trois grandes lignes d'action. En premier lieu, améliorer les conditions de vie des personnes qui vi-vent dans la décharge, objectif fondamen-tal du projet, à travers différents domaines d'intervention : éducation (avec un budget de 1,1 million d'euros) ; formation (avec un programme de bourses pour la formation professionnelle et un programme d'école atelier, d'un montant de 1,1 million d'euros) ; aménagement sanitaire (pour un montant de 2 millions d'euros) ; habitabilité (avec un budget de 8,5 millions d'euros pour le trans-fert d'urgence des familles, l'aménagement d'égouts, le raccordement à l'eau potable, l'éclairage public et l'amélioration des lo-gements) ; autodéveloppement à travers des crédits et des incitations économiques ; gouvernabilité. En second lieu, seront mi-ses en œuvre des alternatives de dévelop-pement durable à travers l'ouverture d'une nouvelle décharge pour traiter de manière appropriée les résidus solides (pour un coût de 8,6 millions d'euros) et enfin, la déchar-ge actuelle sera fermée et les terrains sur lesquels elle se trouve seront consacrés à un autre usage, au bénéfice des habitants du quartier (pour un montant de 8 millions d'euros).

Le projet, dont le coût est estimé à 30 millions d'euros environ, a pour objectif principal d'améliorer les conditions de vie des personnes qui vivent et travaillent sur place.

La Coopération Espagnole ferme la plus grande décharge d'Amérique latine

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des politiques ; amélioration de l'effica-cité de l'aide ; qualité de l'aide : les buts à atteindre en 2008 sont, entre autres, la mise en œuvre de la nouvelle agence Espagnole de coopération internationale pour le Développement (récemment ap-prouvée en conseil des ministres) ; mul-tilatéralisme actif, sélectif et stratégique, avec pour objectif, par exemple, la mise en œuvre de la stratégie multilatérale et de l'éducation pour le développement.

« Et la Parole devint Musique », un parcours à travers la chanson d'auteur hispano-américaine● Le 24 janvier a eu lieu, au siège de l'Uni-versité san carlos de Guatemala, l'inaugu-ration de l'exposition itinérante « Et la parole devint musique », précédemment exposée, durant l'année 2007, dans différents lieux de cartagena de indias et de Bogota, en colombie. l'exposition, dont les commissai-res sont Fernando González lucini et Javier lucini, est organisée par la Fundation autor (Fondation auteur) et la Direction Générale des Relations Culturelles et Scientifiques du Ministère des affaires Étrangères et de la coopération, avec le soutien du centre culturel d'Espagne au Guatemala et de l'Université de san carlos de Guatemala.

« Et la parole devint Musique » exprime l'importance sociale et culturelle de la chan-

son d'auteur espagnole et hispano-amé-ricaine durant les 50 dernières années, à travers l'œuvre d'un grand nombre d'artis-tes plasticiens qui ont illustré les pochettes des disques édités durant cette période. parmi ces illustrations, un grand nombre sont consacrées aux plus grands poètes et auteurs-interprètes des deux côtés de l'at-lantique. Elles reflètent l'importance de la chanson sociale qui resserre les liens entre les peuples hispano-américains.

La Reine, avec la Croix Rouge à la Casa África● Les 28 et 29 janvier, la casa África a accueilli une réunion organisée par la croix rouge espagnole, réunion qui a rassemblé les présidents et présidentes des sociétés nationales de la croix rouge d'afrique cen-trale et de l'Ouest, provenant de 19 pays afri-cains (côte d'ivoire, liberia, nigeria, Tchad, république du congo, sierra leone, Bénin, Burkina Faso, Burundi, cap-Vert, cameroun, Guinée équatoriale, Guinée conakry, Mali, république centrafricaine, congo, sao To-mé-et-principe, Togo et Ghana).

la croix rouge espagnole est en train de mettre en œuvre un projet de soutien à différentes sociétés nationales de la croix Rouge en Afrique occidentale, afin d'amé-liorer leur capacité de réponse, à travers la restauration et l'équipement des locaux, la formation de bénévoles, ainsi qu'une for-mation à la gestion des catastrophes et à la gestion financière. Durant la matinée du 28 janvier, sa Majesté la reine a assisté à la première session sur les défis que rencon-tre l'afrique centrale et de l'Ouest, session au cours de laquelle est intervenue la pré-sidente de la croix rouge de côte d'ivoire, Monique Coulibaly. Doña Sofia a ensuite visité l'exposition anthropologique « l'art de Vivre, les derniers indigènes », présentée dans les salles de la casa África.

Séminaire international sur les peuples autochtones à Malaga● Les 2 et 3 avril prochains, à la Faculté des sciences de l'Éducation de l'Univer-sité de Malaga, se tiendra le séminaire international intitulé « les technologies de l'information et de la communication dans le développement éducatif des peuples autochtones ». cette rencontre a pour ob-jectif d'aborder la problématique éducative des peuples autochtones, et le rôle éven-tuel des technologies dans la préservation de la diversité culturelle, biologique et lin-guistique, ainsi que dans le développement de projets éducatifs. ce séminaire est orga-nisé par le Groupe de Technologie Éduca-tive d'andalousie (GTEa) sous le parrainage de l'aEciD.

Le Plan Annuel de Coopération Internationale 2008 a été approuvé● Le Conseil des Ministres a approuvé, fin janvier, le Plan Annuel de Coopération internationale (paci) 2008, qui porte l'aide Officielle au Développement (AOD) pour l'année à venir à 5 509 millions d'euros, ce qui permettra à l'Espagne de respecter l'en-gagement pris dans le cadre du plan Direc-teur de la coopération Espagnole (2005-2008) d'allouer cette année à l'aOD 0,5 pour cent du revenu national Brut (rnB). l'amérique latine restera une zone géo-graphique prioritaire pour la coopération espagnole et l'investissement sera doublé en afrique subsaharienne. concrètement, cette région du continent africain, qui avait reçu à peine plus de 200 millions d'euros en 2004, recevra cette année plus de 800 millions d'euros.le paci 2008 développe son objectif général de consolidation d'une politique publique en sept points : lutte contre la pauvreté, avec des ob-jectifs concrets, comme l'augmentation de la quantité et de la qualité de l'aOD en matière d'eau et d'assainissement ; dialogue et concertation entre acteurs, afin que tous les acteurs participent au plan Directeur 2009-2012 ; cohérence

Affiche de promotion de l'événement au Guatemala.

Photo de groupe de la réunion à Casa África.

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Premier Forum International Femme et Politique Locale● Cordoue a accueilli, les 26 et 27 fé-vrier, le premier Forum international sur la Femme et la politique locale, forum qui a rassemblé femmes politiques et mairesses d'Europe, d'amérique latine, du Maghreb, d'afrique subsaharienne et du proche-Orient. le Forum a permis d'analyser les ini-tiatives permettant de faire face aux défis d'un monde « globalisé » et interconnecté. il a aussi permis de débattre et de mettre en place des réseaux communs de travail et d'échange sur les incidences de ces ques-tions sur le milieu local. le premier Forum international sur la Femme et la politique locale a été organisé par le Fonds andalou des Municipalités pour la solidarité interna-tionale (FaMsi), avec le soutien du ministè-re des affaires étrangères et de la coopéra-tion d'Espagne (MaEc), l'agence Espagnole de coopération internationale (aEciD), la casa Árabe (Maison arabe), la Fondation internationale pour l'amérique Hispanique d'administration et de politiques publiques (Fiiap), la Députation de cordoue, l'UniFEM et l'initiative arT du pnUD.

L'AECID, à la Foire d'Art Contemporain de Madrid● L'Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement (aEciD), a présenté à la Foire internationale d'art contemporain de Madrid, arcO8, le projet arte inVisible, dont l'objectif était de présenter une exposition d'art contempo-rain provenant de pays membres de la coo-pération, ayant peu de possibilités d'être exposés dans des salons internationaux.

la réalité présente souvent des situa-tions de difficulté et de pauvreté qui coexis-tent avec des tentatives de conservation d'une vie culturelle digne, pour défendre une identité propre dans un monde offrant une grande diversité de création. c'est la raison pour laquelle, même si cela peut sembler nouveau, il est logique d'incorporer peu à peu des initiatives liées à l'art et aux processus de création dans le cadre de la coopération pour le développement. arte

● Le Prince des Asturies, Don philip-pe de Bourbon, a inauguré le samedi 12 janvier, à panama, le centre logistique Humanitaire de la coopération Espagno-le en amérique latine. la création de ce centre logistique avait été annoncée en 2007 par le président du Gouvernement, M. Jose luis rodriguez zapatero, durant le XViie sommet hispano-américain, qui s'est tenu au chili. Ont assisté à l'inau-guration le président de la république, M. Martin Torrijos Espino et la première Dame, Vivian de Torrijos, ainsi que des ministres d'État, des représentants du corps diplomatique et d'organismes in-ternationaux.

le centre logistique Humanitaire de la coopération Espagnole en amérique latine, capable de gérer simultanément deux crises, est la réponse de l'agence Espagnole de coopération internatio-nale pour le Développement (aEciD) à la recherche de nouvelles solutions lo-gistiques face aux urgences provoquées par les catastrophes ou les crises dans la région. ce centre logistique s'ajoute à celui que la coopération Espagnole pos-sède depuis 2005 sur la base aérienne de Torrejon de ardoz, cédé par le minis-tère de la Défense.

la situation privilégiée du nouveau centre permettra de réduire le coût du transport de l'aide et augmentera la ra-

pidité de réponse de l'aEciD. ce centre contribuera aussi à adapter les matériels et les procédures de secours aux néces-sités locales. lors des 4 dernières an-nées, l'aEciD est intervenue en amérique dans 29 situations d'urgences, la plupart en amérique centrale.

le choix de panama pour l'installation du centre logistique Humanitaire répond non seulement à ses avantages logisti-ques et de transport, mais aussi à sa posi-tion géographique idéale, qui contribuera à la coordination avec les pays auxquels l'aide devra être apportée, garantissant ainsi un contact direct et quotidien avec les acteurs opérant dans la région.

la coopération Espagnole a prévu un million d'euros pour l'approvisionnement de l'entrepôt cette année. la quantité d'articles et la taille de l'entrepôt seront donc graduellement augmentées, en fonction des besoins de la région. le cen-tre logistique sera équipé de matériel de refuge, couvertures, tentes ou bâches, de matériel d'assainissement de l'eau, de groupes électrogènes et d'ustensiles de base comme des kits de cuisine et d'hy-giène, et des jerricans (bidons d'eau).

En 2007, le continent américain a reçu 20,70 % de l'aide humanitaire de l'aEciD, pour un montant de plus de 21 millions d'euros. la tragédie provoquée en août par le tremblement de terre au pérou a été l'opération bilatérale d'aide d'urgence la plus importante mise en œuvre durant l'année 2007. Entre les mois d'août et de novembre, ont notam-ment reçu une aide de la coopération es-pagnole les victimes des inondations au Mexique, de l'ouragan Félix au nicaragua et de la tempête noël en république Do-minicaine et en Haïti.

Inauguration du Centre Logistique Humanitaire en Amérique Latine

Le Prince durant la visite des installations à Panama.

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inVisible invite à une lecture esthétique non exotique de l'art africain présenté à l'arco, et à une expérience de contact avec des créateurs d'autres latitudes pouvant dialo-guer et interagir avec des projets artistiques de notre pays. Depuis l'origine, arte inVisi-ble a vocation d'éclairer l'activité artistique du continent africain. après trois années consécutives de présence à arco, ce projet s'est consolidé : il permet de montrer et de faire pénétrer dans les circuits internatio-naux des artistes contemporains indigènes d'amérique latine, ainsi que 30 artistes ve-nant de 8 pays africains.

Stratégies sectorielles pour la lutte contre la pauvreté● La Secrétaire d'État à la Coopération Internationale, leire pajin, a présenté au siège de l'agence Espagnole de coopéra-tion internationale pour le Développement (aEciD), les stratégies sectorielles de la coopération espagnole pour lutter contre la pauvreté. il s'agit de onze documents de planification et d'orientation qui fixent les objectifs à développer par la coopération

espagnole dans différents secteurs, et qui ont été élaborés avec la participation et l'accord de tous les acteurs de la coopé-ration. les stratégies présentées sont les suivantes : santé, éducation pour le déve-loppement, aide humanitaire, lutte contre la faim, culture et développement, coopé-ration avec les peuples autochtones, genre, gouvernabilité, construction de la paix, éducation et environnement. avec le lance-ment de ces stratégies, s'achève le cycle de planification et de « réflexion » lancé depuis que le plan Directeur, cadre conceptuel de la coopération espagnole, a été approuvé. leire pajin a souligné que ces stratégies permettent de mettre en évidence des sec-teurs comme les peuples autochtones ou les afrodescendants, d'apprendre d'eux et d'incorporer de nouveaux acteurs. En ce sens, elle a souligné la stratégie sectorielle de culture et Développement, « nouveau signe d'identité » de la coopération espa-gnole qui, à la défense de la diversité et des droits culturels, ajoute la culture en tant qu'élément de développement non seule-ment des modes de vie, mais aussi dans une perspective économique.

Casa África (la Maison de l'Afrique) collabore avec les Coordinations des ONG d'État et des Canaries● Début février, casa África a ouvert ses portes aux présidents des coordinations des organisations non gouvernementales œuvrant à la coopération pour le déve-loppement, aussi bien au niveau de l'État (coordination des OnG pour le Développe-ment) quà celui de la communauté autono-me des canaries (coordination des OnGD des canaries), ainsi qu'aux représentants des ONGD des îles. Profitant de l'occasion, le directeur général de casa África, alfonso Ortiz, a signé des conventions-cadres avec les deux coordinations et a demandé leur collaboration pour améliorer l'œuvre de l'institution qu'il dirige.

après la signature, le président de la coordination d'État des Organisations non Gouvernementales pour le Développement, José María Medina, a souligné une fois de plus l'importance du rôle d'une institution aussi « nécessaire » que casa África au sein de la société espagnole.

BAPAK JAFARUDDIN

El tanque de plancton Windu, es un tipo de gamba que se captura aquí, mejor y más valora-da que la gamba tigre.

Images de l'exposition.

● L'Indonésie a certainement été le cadre de la plus importante opération humanitaire de l'histoire. le tsunami qui a frappé l'océan indien le 26 décembre 2004 a coûté la vie à plus de 240 000 personnes et a détruit les moyens d'exis-tence de plusieurs générations. la coopé-ration espagnole, sous l'égide de l'agence Espagnole de coopération internationale pour le Développement (aEciD) et avec la participation de nombreux ministères, communautés autonomes, OnG... a été l'un des acteurs internationaux qui a dé-ployé le plus rapidement ses équipes d'ur-gences après le tsunami et qui, depuis les premiers jours de 2005, a participé aux travaux de reconstruction des zones dé-vastées.

Trois ans après le raz-de-marée, l'aE-

ciD a accueilli en son siège de Madrid l'exposition « après le Tsunami. le re-gard des survivants », projet de la pho-tographe espagnole Maria Heredero et de l'OnG « Vues d’un monde », dans le-quel quelques survivants racontent leur propre histoire à travers la photogra-phie. après avoir participé à plusieurs ateliers de photographie, 27 membres des communautés du nord de sumatra, devenus photographes, nous montrent comment ils vivent actuellement. le résultat est un travail de grande valeur, non seulement culturelle, mais aussi documentaire car, dans leurs photos, ils expriment le grand effort qu'ils ont four-ni avec l'aide de l'action humanitaire, et les problèmes qu'eux-mêmes et leurs familles doivent affronter.

Exposition « Après le Tsunami. Le regard des survivants »

BAPAK ISHAK

El señor Jafar está preparando las redes antes de pescar.

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> ‘L'Europe à un tournant, déclin ou résurgence ?’, Fidel Sendagorta. Éditions Biblioteca Nueva. Real Instituto Elcano.Fidel Sendagorta est diplo-mate et écrivain. Sa carrière l'a conduit dans les ambas-sades d'Espagne à Tokyo, La Havane et Rabat, ainsi qu'à la représentation perma-nente auprès de l'Union européenne à Bruxelles. Il occupe actuellement le poste de directeur du Cabinet d'analyse et de prévision de politique extérieure. Il colla-bore habituellement à des moyens de communication et des revues spécialisées dans les questions internationales, et est coéditeur du BlogEu-ropa.eu, un forum consacré aux débats européens. Cet essai examine les défis auxquels est confrontée l'Eu-rope actuelle à partir d'une réflexion historique. L'évo-lution européenne de cette dernière moitié de siècle est parsemée de réussites, mais apparaissent aussi à l'horizon quelques signes inquiétants qui présagent de temps plus difficiles : la chute de la natalité, le vieillissement de la population, la situation

complexe de l'Islam dans les sociétés européennes, les dilemmes de la construction européenne.

> ‘L'emploi public en Es-pagne’, Dir. générale de la fonction publique. Madrid. Ministère des Administra-tions publiques. Secré-tariat général technique. 174 pages.L'approbation de la loi 7/2007, du 12 avril, sur le statut de base du fonctionnaire suppose un profond changement dans les structures administratives et justifie la publication de ce livre, pour informer les citoyens de la nouvelle configura-tion normative de base des différentes administrations publiques et de l'emploi public, englobant le régime des fonctionnaires comme celui du secteur privé. Le lecteur observera qu'en attendant le développement normatif ultérieur, le livre combine nouvelle réglementation et références à la précédente, en vigueur à défaut du développe-ment mentionné, parvenant à affirmer la sécurité juridique et à tracer une "feuille de route" à ce processus. Cette valeur ajoutée confirme la volonté de divulgation et d'orientation de cette édition, dont la structure est claire, organisée et concise, et qui couvre l'ensemble du nouveau système d'emploi public comme ses perspecti-ves d'avenir. Comme l'affirme la secrétaire générale pour l'Administration publique dans le prologue, "nous espérons que le texte remplira les objec-tifs qui ont guidé son élabora-tion et constituera un outil de travail utile pour les lecteurs intéressés".

> ‘Une prière pour la pluie’, Wojciech Jagielski, Éditions Debate.‘Une prière pour la pluie’ est le fruit de dix années de voyages en Afghanistan et dans les pays voisins, entre le printemps 1992 et l'automne 2001. De sa plume de reporter vive et agile, Wojciech Jagielski, journaliste pour la Gazeta Wy-borcza (le journal le plus vendu de Pologne) raconte l'histoire récente d'un pays détruit par la guerre, qui n'a jamais accepté une domination étrangère mais qui n'a pas non plus été capable de s'unir autour d'un centre de pouvoir. Un catalo-gue de commandants, leaders politiques, religieux mullahs, gens ordinaires et guerriers courageux défile dans ces pages, offrant un portrait du pays à la fois polyphonique et indéniablement personnel, basé sur les expériences et l'admiration pour les gens et les paysages d'Afghanistan de l'auteur.

> ‘La ville des mortes’, Marcos Fernández et Jean-Christophe Rampal. Éditions DebateÀ Ciudad Juárez, État de Chihuahua, au Mexique, près

de la frontière avec les États-Unis, près de quatre cents femmes ont été assassinées depuis 1993, et aujourd'hui encore, plus de cinq cents sont toujours portées disparues. Ce-pendant, plus de dix ans après la découverte de la première victime, et malgré la détention de nombreux suspects, les autorités n'ont toujours pas identifié les responsables de ces meurtres. Pire encore, les crimes continuent au rythme de deux victimes par mois, et Ciudad Juárez est considérée comme la capitale mondiale du fémicide. Les journalistes français Marcos Fernandez et

Jean-Christophe Rampal ont mené cette enquête au coeur de la ville, à la recherche des principaux protagonistes de l'affaire. Les auteurs repren-nent les différentes pistes d'un dossier qui, malheureusement, est loin d'être clos.

> ‘La perception inquiétan-te’, Anunciada Fernández de Córdova. Éditions Visor."Un livre de voyages, composé à partir de photos ; un livre apparemment facile, mais qu'il faut lire plusieurs fois pour en comprendre la subtilité". C'est ainsi que Gonzalo Santonja,

Cette section a pour but d'être une porte ouverte à tous les lecteurs. Un point de rencontre construit par les lecteurs et où envoyer des comptes rendus dignes d'intérêt. Toutes les institutions, organismes et fonctionnaires du MAEC qui souhaiteraient faire figurer leurs oeuvres dans cette section devront les envoyer à l'adresse suivante : Revista “Miradas al exterior”. Dirección General de Comunicación Exterior. Serrano Galvache, 26. 28034 MADRID

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membre du jury qui décerne le prix de poésie "Jaime Gil de Biedma", a défini le deuxième recueil de poèmes d'Anuncia-da Fernández de Córdova. L'auteur a obtenu un accessit lors de la dernière édition du prix, organisé tous les ans par l'assemblée provinciale de Sé-govie, avec la mairie de la ville et le gouvernement régional de Castille-León. Anunciada Fernández de Córdova, diplomate de profes-sion, actuellement à la tête de la Direction générale des organismes multilatéraux his-pano-américains, a publié deux romans : ‘Demi-lune’, finaliste du prix Fray Luis de León de littérature (1999) et ‘Les îles du temps’ (2004). Et aussi le recueil de poèmes ‘Quelque chose d'incertain’ (2004).

> ‘Penser la danse’, Delfín Colomé. Éditions TurnerPendant des décennies, Delfín Colomé a été une des journalistes de référence dans le monde de la danse. Aujourd'hui, elle rassemble dans ce livre un bon nombre d'articles, de collaborations, de conférences ou de simples notes de programmes, avec lesquels elle cherche à la fois à réfléchir sur l'art de la danse et à y impliquer les connaisseurs, ainsi qu’à rendre cet art plus proche de tous ceux qui com-

mencent à s'y intéresser.Diplomate de profession, Delfín Colomé a toujours été en relation avec le monde de la musique et de la danse. Critique, conférencière, chef d'orchestre, elle a occupé différents postes dans des ambassades espagnoles et des organisations internatio-nales. Elle est actuellement ambassadrice d'Espagne pour les deux Corées.

> ‘Femmes et Nations unies’, Irene Rodríguez Manzano. Los Libros de la Catarata.Lorsque les états qui ont participé à la Conférence de San Francisco ont approuvé la Lettre des Nations unies, ils ont réaffirmé non seule-ment leur "foi dans les droits fondamentaux de l'homme", mais aussi "l'égalité des droits

des hommes et des femmes". Depuis lors, l'organisation a travaillé activement pour l'avancée des femmes dans le cadre de son engagement global pour le maintien de la paix, l'encouragement du développement économique et social et la promotion des droits de l'homme. L'auteur, Irene Rodríguez Manzano, est docteur en sciences politiques et professeur titulaire de relations internationales à la faculté des Sciences politiques et sociales de l'université de Saint-Jacques-de-Compostelle. En suivant une évolution chro-nologique, cette oeuvre ana-lyse l'histoire de cette activité, à partir des efforts initiaux, consacrés à garantir l'égalité des droits des hommes et des femmes, pour conclure avec les développements survenus après la célébration, à Pékin, de la quatrième conférence mondiale sur la femme. Cette analyse a pour but de montrer le rôle décisif joué par les Nations unies dans la recon-naissance et la promotion des efforts des femmes pour améliorer la vie de tous les êtres humains dans un monde instable et en mutation.

> ‘Quórum. Revue hispano-américaine’. Université d'Alcalá de Henares Un regard sur la politique extérieure espagnole, tel est le thème centrale du dernier numéro de la revue Quórum, coordonné par Celestino del Arenal, professeur de relations internationales à l'univer-sité Complutense de Madrid. Écrivent également sur ce thème José Antonio Sanahuja, directeur du département de développement et coopéra-tion de l'Institut Complutense d'études internationales (ICE) ; Cástor Díaz barrado, directeur du Centre d'études d'Amérique

latine de l'université Rey Juan Carlos ; Caterina García, profes-seur à l'université Pompeu Fa-bra ; Esther Barbé, professeur de relations internationales à l'université autonome de Barce-lone et directrice de l'Obser-vatoire de politique extérieure européenne ; Laia Mestres, chercheuse à l'Institut universi-taire d'études européennes et membre de l'Observatoire de politique extérieure européen-ne ; Fernando Delage, directeur du Centre Casa Asia à Madrid ; Francisco Oda-Ángel, profes-seur à l'université Rey Juan Carlos et Paloma González del Miño, professeur de relations internationales à l'univer-sité Complutense de Madrid. Dans sa lettre aux lecteurs, le directeur de la revue, Manuel Guedán, défend l'indépen-dance de l'Espagne en matière de politique extérieure. Comme dans les numéros précédents, figurent les Corollaires architec-turaux, de Roberto Goycoolea ; un Dialogue de la langue, édité par Caridad Plaza avec les écrivains mexicains Jorge Volpi et Mario Bellatín ; deux articles d'actualité rédigés par Juan Pablo De Laiglesia (Bilan de la politique de coopération espagnole) et Francisco Javier Giraldo et Olmedo Vargas, sur le Traité de libre échange entre les États-Unis et la Colombie.

> ‘La guerre froide’, Álvaro Lozano. Éditions Melusina.La guerre froide constitue

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une période mouvementée dans les relations internatio-nales, qui a placé plusieurs fois l'humanité au bord de l'abîme nucléaire. Elle représente également un long intervalle de paix, pendant lequel les acteurs connais-saient les règles du jeu et les respectaient, malgré des combats continus d'un bout à l'autre de la planète. A l'aide d'une prose claire et concise, le diplomate et historien Álvaro Lozano analyse cette étape fondamentale du XXe siècle et montre son emprein-te indélébile dans le nouveau millénaire.

Álvaro Lozano, collaborateur habituel de publications spécialisées en histoire, tant espagnoles qu'étrangères, est l'auteur d'‘Opération Barbe-rousse’, ‘L'invasion allemande de la Russie’, ‘Kursk, 1943’ et ‘La bataille décisive’.

> ‘Afrique’, Vanguardia Dossier (Numéro 26. Jan-vier/mars 2008)La dernière monographie du supplément spécial édité par le journal catalan La Vanguardia est consacrée à l'analyse des perspectives du continent afri-cain et, en particulier, à l'étude des maux dont souffre l'Afrique subsaharienne. Ainsi, la suc-cession d'événements négatifs que traverse l'Afrique force les

auteurs de ce supplément à se demander pourquoi le conti-nent africain semble constituer un concentré de tous les maux. Et les réponses qu'ils apportent sont multiples. Première raison envisageable : l'effondrement de l'État ; autre cause possible : la conflictua-lité régionale ; troisième expli-cation éventuelle des maux africains : l'effet dévastateur de maladies comme le sida. Cependant, l'Afrique est aussi le lieu d'événements positifs. On constate notamment que 40 pour cent des états afri-cains sont désormais dotés de gouvernements élus démocra-tiquement.Pour toutes ces raisons, conclut le rapport, le monde développé est appelé à faire pour l'Afrique ce que les États-Unis ont fait pour l'Europe après 1945. Et les principaux pays européens sont en train de s'y employer.

> ‘Mensonges nécessai-res. Le combat pour l'opi-nion britannique pendant la guerre civile’, Hugo García. Éditions Biblioteca Nueva.Première étude monographi-que sur les efforts réalisés par les deux camps s'affrontant lors de la guerre civile espa-gnole pour gagner la sym-pathie de l'opinion publique britannique. Pour obtenir le soutien de celle qui était alors la première puissance européenne et officiellement neutre dans le conflit, les deux gouvernements ont dépensé des sommes d'argent considé-rables et ont mis en place un réseau complexe d'organismes de propagande, avec l'aide dé-cisive de leurs alliés étrangers (l'Allemagne nazie et l'Italie fas-ciste du côté national, l'Union soviétique du côté républicain). Malgré le peu d'influence de

ces services dans la politique du cabinet londonien, qui finit par reconnaître le gouverne-ment de Franco en février 1939, l'empreinte laissée par leurs campagnes dans la société anglaise est encore visible aujourd'hui. Après une recherche exhaustive dans les archives de quatre pays et en s'appuyant sur une vaste bi-bliographie, l'auteur (chercheur titulaire au département d'His-toire de la pensée et des mou-vements sociaux et politiques de l'université Complutense de Madrid) consacre son premier livre à un genre inépuisable en apparence et, à l'intérieur de celui-ci, à un aspect (peut-être le plus moderne) de cette guerre totale que fut la guerre civile espagnole.

> ‘Cohésion sociale en Amérique latine : quelques problèmes en suspens’, Pensamiento Iberoame-ricano (Numéro 1) Funda-ción Carolina y AECID.Le numéro 1 de la revue Pen-samiento Iberoamericano est consacré au thème de la "Co-hésion sociale en Amérique latine : quelques problèmes en suspens", et a été présenté officiellement à Santiago du Chili dans le cadre du XVIIe sommet d'Amérique latine. Il a ensuite été présenté à la Casa de América de Madrid, lors d'une cérémonie présidée par Leire Pajín, secrétaire d'État à la Coopération Internationale, avec la participation de José Luis Machinea, secrétaire exé-cutif de la CEPAL, Francisco Rojas, secrétaire général de FLACSO et Soledad Gallego, sous-directrice du quotidien El País. La revue aborde comme thème central de ce numéro la cohésion sociale en Améri-que latine et traite également d'autres sujets en rapport avec la démocratie et la

gouvernabilité dans la région latino-américaine ou les élites et la société dans les crises d'Amérique latine. Parmi les diverses contributions, citons celles de José Luis Machinea (CEPAL), Álvaro Espina et Rebeca Grynspan (PNUD). La deuxième partie de la revue comporte des textes de l'ex-président Fernando Henrique Cardoso, de María Teresa Gallego (UAM) et de Julián Salas (CSIC). Entre autres thèmes, ils proposent une réflexion sur la mondialisation et abordent l'égalité des sexes ou l'habitabilité de base en Amérique latine.

> ‘La guerre et la paix’, Charles Philippe David. Éditions IcariaTout en présentant les écoles et les tendances en matière d'interprétation du système international, ‘La guerre et la paix’ attire l'attention des lec-teurs sur des questions telles que le nouveau terrorisme, la crise des États fragiles et génère une discussion sur la promotion de la démocratie, le débat sur la guerre préven-tive et la marginalisation du droit international. Ce livre convient particulièrement aux académiciens, étudiants, fonctionnaires de gouverne-ments, diplomates, membres d'organisations non gouverne-mentales et journalistes.

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l'interview

Il affirme qu’il se considère avant tout comme un professeur, un enseignant qui préfère donner des cours. Pourtant le directeur de la RAE (Académie royale de la langue espa-gnole) dispose d’un impressionnant bagage de chercheur et, aussi bien durant son étape d’académicien, en étroite collaboration avec l’ancien directeur Fernando Lázaro Carre-ter, qu'à son poste de directeur, il a eu à sa charge la modernisation de cette institu-tion presque trois fois centenaire. En se ba-sant précisément sur les technologies moder-nes et en accord avec les nouveaux courants linguistiques, Víctor García de la Concha nous a expliqué que le grand travail actuel de l’Aca-démie est de renforcer l'unité de la langue des deux côtés de l’Atlantique, une tâche qu’il a entreprise « main dans la main » et « sur un pied d’égalité » avec les académies respecti-ves des républiques hispano-améri-caines. Une vraie politique linguistique pan-hispanique, en définitive, de la main

du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération.

Les objectifs fixés sont nombreux, au point qu'il est parfois difficile de tous les mettre en œuvre, mais deux d'entre eux sont prioritai-res : la prochaine édition d'une Grammaire complète de l'espagnol et la poursuite du travail sur le Dictionnaire historique de la langue. Sans oublier bien sûr la mise à jour permanente du Dictionnaire, dont la vingt-troisième édition sera mise en vente en 2013 à l'occasion du tricentenaire de l'Académie.

Victor García de la Concha continue de dé-fendre l'idée que la langue appartient au peuple et que le travail de la RAE est surtout d'ordre notarial, pour entériner ce que les locuteurs considèrent comme correct ou non. Et pour cela, il assure garder les yeux et les oreilles grands ouverts.

“ Nous ouvrons grandes les oreilles pour écouter ce qui se dit et bien grand les yeux pour voir ce qui s'écrit

víctor garcía de la concha

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Nous ouvrons grandes les oreilles pour écouter ce qui se dit et bien grand les yeux pour voir ce qui s'écrit

víctor garcía de la concha

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TEXTE : luis sánchEz pérEz phOTOGrAphiE : juliA rOblEs

— Je vois que vous occupez un bureau im-pressionnant et chargé d’histoire. — Oui, le typique bureau de direction. ce bâtiment a été inauguré en 1894 car l’Aca-démie a d’abord eu pour siège le palais du marquis de Villena, son fondateur, et ensuite des dépendances du palais royal puisque l’Académie depuis ses débuts a pu compter sur le soutien de la famille royale. par la suite, elle a encore une fors démé-nagé pour le siège actuel de l’Académie des sciences, dans la rue Velarde. Et enfin, dans la seconde moitié du XiXe siècle, la famille royale a fait dont d'un terrain appartenant à l'ensemble du buen retiro, où ce bâtiment a été construit spécialement pour l'Acadé-mie. — Il est indéniable que nous nous trou-vons dans un bâtiment à la tradition bien ancrée, tout comme la devise de l’Acadé-mie : « Nettoie, fixe et donne de la splen-deur ». — Cette devise reflète les idées linguisti-ques du XViiie siècle. En effet l’Académie va fêter son tricentenaire en 2013 et à cette époque, ses fondateurs étaient conscients que la langue avait énormément grandi et qu’elle venait de passer, de plus, par un âge d’or long de deux siècles. par conséquent, le moment était venu de fixer la langue à ce niveau de grandeur, de la défendre des im-puretés sans rapport avec la nature même de la langue et d'en promouvoir la splen-deur.

En fait, notre Académie s’est en quelque sorte constituée en suivant les traces de l’Académie française et, plus ancienne en-core, de l’Accademia della crusca italienne qui fut la première à être érigée au service d’une langue. Mais bien entendu, la linguis-tique a beaucoup évolué depuis.

— Si vous en aviez la possibilité, change-riez-vous donc la devise pour l’adapter aux temps modernes ?— Avant de vous répondre, laissez-moi d’abord vous expliquer l'un des chapitres les plus importants, selon moi, dans l'histoi-re de l'Académie. l’un des services les plus importants que cette institution a rendu à la culture et à la société espagnoles a été de promouvoir l’apparition des académies de la langue dans chacune des jeunes républi-ques hispano-américaines après l’indépen-dance des provinces d’outremer.

À cette époque est apparue une ten-tative d’indépendantisme linguistique qui visait essentiellement à créer une acadé-mie de l'espagnol d'Amérique, différente de l'espagnol d'Espagne, dirons-nous. une idée erronée puisque cette supposée dif-férence ne correspondait pas à la réalité. Toutefois, nous avons eu l’immense chance que certains des hauts personnages de l’indépendance américaine aient aussi été d’excellents linguistes, comme ce fut le cas d’Andrés bello ; et ce sont eux qui empêchèrent immédiatement ces reven-dications d’indépendantisme linguistique en proclamant qu'ils se soulevaient contre la mauvaise gestion politique de l’Espagne mais que l'espagnol leur appartenait autant qu'à nous, qu'il s'agissait d'un patrimoine commun. — On évita, donc, un schisme au sein de la langue.— heureusement. Et ce fut le moment dont l’Académie sut profiter pour promouvoir la naissance des diverses académies dans les nouvelles républiques américaines. pour cela, elle choisit, avec discernement, des personnes de grand prestige social et intellectuel dans chacun de ces pays. ce fut une réussite à l’époque et continue de l’être aujourd’hui. — Qu’entendez-vous exactement par là ?— lorsque j’ai visité pour la première fois les académies américaines, j'ai remarqué que parmi tous les membres, il y avait beaucoup d'anciens présidents, ministres ou ambas-sadeurs espagnols... c'est une coutume héritée de cette première époque. ces aca-démies qui virent le jour à partir de 1870 se sont regroupées en 1951 sur l’initiative du président mexicain de l’époque, Miguel Alemán, en une association : l’Association des Académies de la langue espagnole. le

premier congrès, celui d’inauguration, s’est tenu à Mexico mais l'Académie espagnole ne put y participer car le gouvernement espagnol d’alors, qui ne maintenait pas de contacts diplomatiques avec son homolo-gue mexicain, exigea que ce pays expulse le gouvernement exilé de la république espagnole, ce qui bien évidemment n’était pas de la compétence de l’Académie, ni des académiciens. — Mais revenons à la question du début. Changeriez-vous la devise ?— je vais répondre, je vais répondre. le deuxième congrès de l’Association des aca-démies s’est tenu en Espagne en 1956. À cette occasion, Dámaso Alonso répondit à la question que vous me posez. il y expliqua que la devise « nettoie, fixe et donne de la splendeur » correspondait effectivement aux idées linguistiques du XViiie siècle et que si nous devions aujourd’hui en cher-cher une nouvelle, nous devrions insister sur l’idée d’unité de la langue espagnole, en étroite collaboration avec les Académies. il faut prendre en compte le fait que nous sommes un ensemble de vingt-deux aca-démies, toutes sur un pied d’égalité, même si l’Académie espagnole reste « prima inter pares ».— Nous parlons de 1951 mais la situation actuelle est très différente, surtout avec l’apparition des nouveaux médias et des nouvelles technologies… — En 1951, il est vrai, les possibilités d’échanges entre les Académies étaient limitées. Aujourd’hui, les nouvelles tech-nologies permettent une communication instantanée et très fluide comme le dé-montre le fait que nous travaillons depuis une dizaine ou une douzaine d’années sur ce que nous appelons la politique linguisti-que pan-hispanique. c’est là, selon moi, la tâche la plus importante de la rAE et nous y travaillons en étroite collaboration avec le ministère des affaires étrangères et de la coopération.

j’aimerais par ailleurs ouvrir une paren-thèse, si vous me le permettez. je souhaite rappeler que la rAE est la seule institution espagnole qui ait survécu intacte depuis le XViiie siècle, et ce sans interruption, aux guerres, aux révoltes, etc. ce qui est n’est pas sans mérite et est digne d’intérêt. — Sur quels aspect se centre cette politi-que pan-hispanique ?

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— Elle consiste en ce que les trois grands co-des sur lesquels se base et s'exprime l'unité de l'espagnol, c'est-à-dire le dictionnaire, qui est le code lexical, la grammaire et l’or-thographe soient réalisés, créés et mis à jour par toutes les académies. l’Académie espagnole ne les élabore pas pour que les autres donnent ensuite leur approbation, au contraire, toutes les académies y travaillent ensemble. — Toutes les académies participent acti-vement ?— En effet. un exemple vaut mieux qu’un long discours : dimanche prochain (l’entre-tien a eu lieu le 22 janvier - ndr), nous nous réunirons au parador de ségovie entre re-présentants des huit zones linguistiques de l'espagnol, c'est-à-dire le chili, le río de la plata, la zone andine, la caraïbe continen-tale, le Mexique, l’Amérique centrale, les Etats-unis, les philippines et les Antilles, et l’Espagne bien entendu. nous avons une semaine pour préparer la nouvelle édition de la Grammaire de la langue espagnole, sur laquelle nous travaillons depuis plus de dix ans et dont le texte de base a été voté au cours du Xiiie congrès de l’Association des Académies qui s’est tenu à Medellin en mars dernier. Et voilà, vous voyez, nous tra-vaillons coude à coude. — Que feriez-vous ressortir du nouveau texte grammatical ?— nous en sommes à la phase de révision d’une œuvre qui, dans sa version de réfé-rence, portera pour la première fois dans l’histoire de la grammaire sur l’espagnol dans sa totalité. jusque là les différentes grammaires publiées par l’Académie s’inté-ressaient à l’espagnol d’Espagne mais cet ouvrage va porter quant à lui sur l’espagnol dans toutes ses variantes. c’est important si l’on prend en compte le fait que l’espagnol d’Espagne ne représente qu’un dixième de la langue.

De plus, je vous avance qu'il s'agira d'une grammaire très détaillée, une sorte de grande carte en relief et qui, dans sa version longue, celle de référence, aura 3 400 pages, réparties sur deux ou trois to-mes. par la suite, nous publierons aussi un ouvrage de divulgation d’environ 600 pages ainsi qu’un épitomé encore plus court, à la manière d’un manuel.

c’est un exemple pratique de la politique linguistique pan-hispanique. Mais il y en a

d’autres, car nous travaillons aussi de façon continue à la mise à jour du dictionnaire qui se veut, chaque jour davantage, une œuvre de référence de l'espagnol total et non pas seulement de la variante d'Espagne. Toutes nos actions sont au service de l’unité de la langue. On peut donc dire que nous som-mes en train de mettre en pratique tout ce que Dámaso Alonso défendait en 1956. — Vous avez déclaré, précisément à la suite du Congrès de Medellin, que les par-ticipants avaient été surpris par la grande unité conservée par la langue. Pouvons-nous affirmer que  les médias modernes, dans un contexte mondialisé, contribuent à cette unité ? Sommes-nous en train de perdre nos diversités ?— nous nous sommes rendu compte du fait suivant : quatre-vingt-dix à quatre-vingt-dou-ze pour cent du lexique total de l’espagnol est commun à toutes les variantes linguisti-ques c’est énorme, et c’est ce qui nous per-met de voyager depuis rio Grande jusqu’en

patagonie sans cesser de nous faire com-prendre. les seules différences concernent la dénomination des aliments, des fruits, des petits objets, mais pour le reste, le vo-cabulaire est collectif.

nous avons également découvert que l’unité, l’interconnexion grammaticale est très forte et très ample, bien plus que ce que nous pensions. je dirais que ces étu-des nous obligent à dépasser une fois pour toute l'idée d'un espagnol d'Espagne et d'un autre d'Amérique. cette division, entre Es-pagne et Amérique, n’est pas exacte car la langue utilisée en Andalousie ou aux cana-ries par exemple, possède des similitudes avec celle du littoral américain bien plus nombreuses qu'avec, un autre exemple, la langue employée à burgos. ce qui revient à dire que la carte de ce que nous appelons les isoglosses ne se pas divise pas entre Espagne et Amérique, mais selon un autre schéma.

pour ce qui est des phénomènes dé-rivés de la mondialisation, certains sont importants comme la facilité constante de communication, la possibilité de voir les mêmes programmes de télévision, les feuilletons, etc. sans oublier les migra-tions puisqu’actuellement par exemple, il y a en Espagne 600 000 travailleurs de nationalité équatorienne. Tout ceci aboutit à un phénomène techniquement appelé la neutralisation du langage, dans le sens où les variantes idiomatiques se réduisent et l’unité s’accentue.

je voudrais préciser que la langue n’est pas en train de s’appauvrir, puisqu’au contraire, elle continue de se renforcer par-tout et à chaque instant, avec la création de nouvelles acceptions pour des termes déjà connus ou par la consolidation de nouveaux mots. — Vous insistez à nouveau en effet sur le fait que la langue appartient au peuple. — l’Académie remplit en premier lieu une fonction d’observatoire de l’évolution de la langue et, pour ce faire, nous disposons d’une grande base de données composée de 500 millions d’entrées lexicales. notre travail consiste à ouvrir grandes les oreilles pour écouter ce qui se dit et bien grand les yeux pour voir ce qui s'écrit, afin d'exercer ensuite notre fonction notariale en prenant acte. nous témoignons de ce que le peuple, dans un processus de construction constan-

Je voudrais préciser que la langue n’est pas en train de s’appauvrir, puisqu’au contraire, elle continue de se renforcer partout et à chaque instant…

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te de la langue, considère comme correct ou non ou bien de ce qui n’est correct que dans un certain registre de communication. nous précisons ainsi lorsqu’un terme est correct dans une conversation familière mais incorrect dans un langage plus soute-nu ou dans un discours. De là viennent les petites notes du dictionnaire que beaucoup de gens oublie de regarder et par lesquelles nous avertissons si un terme est vulgaire, familier, obscène…— Ne croyez-vous pas pourtant que la langue,  de  par  la  grande  influence  des médias, évolue très vite ? Prenons par exemple les messages sur les téléphones portables,  les  textos.  Vous  avez  déclaré que l’Académie est en train d’envisager la possibilité de créer un tableau des abré-viations pour ce type de messages. — il s'est produit une certaine confusion au sujet de ces déclarations. peut-être me suis-je mal expliqué, ou bien on ne m’a pas compris... ce type de message repose sur un système d’abréviations que chaque usager élabore selon son goût et, en fait, nous pensons qu'il est impossible de créer de tels tableaux. les abréviations, tout le monde peut en créer. pensez aux notes que l’on prend au cours d’une interview ou d'une conférence, ou en classe ; elles sont à usage personnel. il n'en va pas de même pour la rédaction de messages plus longs, comme les courriels par exemple.

lorsque j’ai abordé ce thème je faisais référence à l'orthographe qui, tout en ayant une base scientifique, n'est pas une science mais une convention. l’orthographe ne se base pas sur le seul critère phonétique par-ce qu’elle est aussi très liée avec l'écriture

et, à ce sujet, il est nécessaire de rappeler qu’elle fut conçue, à l'origine, pour l'écriture à la main, pour la plume, pour ainsi dire. — Mais la plupart des gens maintenant, lorsqu’ils écrivent, utilisent des moyens informatiques. — En effet, et c’est pour cela que nous de-vons bien étudier les problèmes que pose ce type d'écriture qui utilise la technologie numérique afin de vérifier si nous pouvons fixer dans ce domaine les normes conve-nues, celles qui sont déjà acceptées com-me telles par les usagers. pour autant, nous devons adopter une attitude ouverte et considérer ces nouvelles formes d'écriture puisqu'il existe déjà des conventions adop-tées que nous devons cataloguer, étudier, essayer de regrouper, et finalement identi-fier celles de plus grande permanence...— L’un des principaux déficits de la langue espagnol, selon une idée assez répandue, est sa faible présence dans le monde scientifique  et  technologique.  Que  peut faire l’Académie pour relever ce défi ?— Elle peut faire plusieurs choses. il faut partir du fait qu’il y a toujours eu une langue de communication internationale prédomi-nante. D’abord le latin, ensuite l’italien, puis le français, et maintenant, c’est au tour de l’anglais. — La lingua franca… — la mal nommée lingua franca… éclair-cissons ce point : ce sont deux choses dif-férentes. D’une part, nous avons la langue véhiculaire utilisée dans la communication internationale, celle qu’utilise par exemple n’importe quel voyageur dans un aéroport quand il veut savoir depuis quelle piste va décoller son avion. c’est une langue consti-

tuée d’éléments hétérogènes, très limitée et qui n’a pratiquement rien à voir avec l’an-glais parlé à Oxford, par exemple.

D’autre part nous avons le langage scientifique où l’anglais prédomine actuel-lement de façon évidente. Dans ce domai-ne, nous pourrions faire de grands progrès si, dans un premier temps, nous disposions d’une terminologie précise pour les notions scientifiques et que nous l’utilisions comme unité d’action dans tout l’espace hispano-phone. nous travaillons dans ce sens et nous avons constitué une commission qui s’occupe de fixer la terminologie. Nous ap-portons des critères d’unité dans l’établis-sement de cette terminologie car si chaque mot technique se traduit en espagnol de manière différente, ce ne sera pas bon pour l’unité de la langue. — Un travail indispensable, certes. — ce serait une grande avancée si nous parvenions à établir une traduction à l’es-pagnol des termes techniques du langage scientifique qui est utilisé dans plusieurs langues, surtout en anglais.

De plus, il s’agit d’encourager les scien-tifiques à s’exprimer en espagnol. En ce sens, nous disposons d'un chiffre qui n'est peut-être pas très significatif, mais qui, je crois, éclaire le sujet. Dans les statistiques d'exportations de livres écrits en espagnol en 2006, en augmentation notable de 30 %, on remarque que l’un des domaines en hausse correspond précisément aux livres de médecine et à caractères techni-ques.

notre travail doit aller dans cette direc-tion. cependant, on comprend facilement que, pour des raisons d’économie du lan-

L’un des services les plus importants que l’Académie a rendu à la culture et à la société espagnoles a été de promouvoir l’apparition des académies hispano-américaines

Si nous devions aujourd’hui chercher une nouvelle devise pour l'Académie, nous devrions insister sur l’idée d’unité de la langue espagnole, en étroite collaboration avec les académies correspondantes

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gage, les individus visent à obtenir, au mo-ment de s’exprimer, un rendement maximal pour un effort minimal et, par conséquent, si l'on peut se faire comprendre avec une ou deux langues, pourquoi en apprendre quatre ou cinq ? — Parmi les projets de l’Académie, je crois que la conception d’un correcteur pour les ordinateurs de Microsoft a été envisagée.— En fait, l’Académie maintient de très bonnes relations avec Microsoft. si vous me le permettez, je vais vous raconter une anecdote qui se trouve à l’origine de cette information. bill Gates est venu visiter l'Aca-démie lors de l'un de ses voyages en Espa-gne. Auparavant, juan luis cebrián m’avait prévenu que le propriétaire de Microsoft avait une énorme bibliothèque et était un véritable bibliophile. nous avons donc sorti quelques « joyaux » de notre bibliothèque pour qu’il puisse les contempler.

Alors que nous étions dans la salle d'assemblée, bill Gates nous a demandé ce que nous faisions lors des assemblées plénières. nous lui avons expliqué que nous nous réunissons tous les jeudis pour fixer la langue et notre façon de procéder par un travail notarial et d’enregistrement des normes créées continuellement par les usa-gers. j’ai bien vu qu’il était très surpris, au point de me dire : mais alors, pourquoi est-ce que je prépare trois produits différents en espagnol ? — Bonne question. — je lui ai dit que, précisément, c’était là la question que j'allais lui poser. Depuis lors, nous avons une bonne relation avec Microsoft. ils nous ont demandé de tester leur correcteur d’espagnol et de les aider à

l’améliorer. nous disposons quant à nous d’un dé-

partement pionnier en linguistique infor-matique, dont nous sommes très fiers, et l’une de ses tâches porte justement sur le développement des correcteurs orthogra-phiques. le problème c’est que nous avons beaucoup de projets en place et que nous ne pouvons pas tous les mettre en œuvre en même temps. — Combien de personnes travaillent à l’Académie ?— Au siège, environ vingt personnes. Mais l’Académie dispose aussi d’un centre d’étu-des qui se trouve dans un autre bâtiment, et où travaillent quatre-vingt personnes envi-ron. nous travaillons dur mais nous n'avons pas assez de temps pour tout faire. — Selon moi, ce type de correcteur aurait une importance vitale car désormais la plupart des tâches s'effectuent sur ordina-teur. On écrit de moins en moins à la main. Il semble que l’écriture au stylo, et ne par-lons pas de la plume, est sur le point de disparaître, de devenir marginale.— Elle ne disparaîtra pas et je suis certain que l’on redécouvrira le plaisir d’écrire à la main. De même que l’on redécouvrira le plaisir de lire un livre ordinaire. je suis convaincu que les grands ouvrages de ré-férence seront de plus en plus souvent pu-bliés au format électronique mais le livre et le papier ne perdront jamais leur charme. — C’est justement pour cela que je remar-quais qu’il était essentiel d’avoir un bon correcteur pour l’ordinateur. — sans aucun doute, en effet, et nous y tra-vaillons. Mais à présent nous nous concen-trons sur plusieurs fronts, dont certains

sont fondamentaux, comme la préparation de la Grammaire qui occupe la plupart de notre temps, ou comme le Dictionnaire his-torique. — À propos du Dictionnaire historique, il me semble que c'est un projet à long ter-me sur lequel vous travaillez déjà depuis longtemps. — il y a eu deux tentatives d'élaboration de ce dictionnaire, toutes deux, évidemment, sur papier. le second projet, qui fut aprouvé dans les années cinquante, était très am-bitieux et entendait regrouper l’histoire de tous les mots et de tous les lieux, de tous les temps et à tous les niveaux, rien de moins. naturellement, les trois tomes que l’Académie a réussi à terminer sont formi-dables mais nous avons fait un calcul ra-pide et nous estimons qu’il aurait fallu 200 ans pour le terminer et bien sûr, pendant ce temps, la linguistique continue d’évoluer et les dictionnaires historiques se font autre-ment. —  Pourriez-vous  m’expliquer  en  quoi  a consisté ce changement de critère ?— nous avons abordé le nouveau Diction-naire historique selon des critères linguis-tiques avancés. la méthode retenue est celle que l’on appelle familièrement « de l'oignon », avec plusieurs couches et qui consiste à commencer à partir d'un noyau central regroupant les 50 000 mots les plus utilisés pour, dans 15 ans, y ajouter progres-sivement de nouveaux termes.

il ne s’agit pas de faire une œuvre par-faite et fermée. notre objectif est de mettre à disposition de tous les érudits et de toutes les personnes intéressées le noyau central de la langue et, d'autre part, de leur offrir

Quatre-vingt-dix à quatre-vingt-douze pour cent du lexique total de l’espagnol est commun à toutes les

variantes linguistiques. L’interconnexion grammaticale est aussi très forte, bien plus que ce que nous pensions

Pour ce qui est du langage scientifique, nous pourrions faire de grands progrès si nous disposions

d’une terminologie précise et que nous l’utilisions comme unité d’action dans tout l’espace hispanophone

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tout le matériel dont nous disposons au fur et à mesure que notre travail avance, aidé par l'informatique.

Au fond, c’est un travail similaire à ce-lui que nous réalisons avec le Dictionnaire qui est accessible via notre site internet et auquel viennent progressivement s’ajouter les modifications que nous validons. C’est une tâche importante car le Dictionnaire est consulté en moyenne 750 000 fois par jour. — C’est un chiffre impressionnant, en ef-fet. — c'est énorme. le concept est très intéres-sant car nous offrons au public qui consulte un terme sur la page web la définition telle qu’elle apparaît dans la version actuelle et aussi les éventuelles modifications que nous avons adopté pour la prochaine édi-tion. De cette façon, on peut consulter le Dictionnaire et en prendre le pouls. Tout no-tre travail est immédiatement mis à disposi-tion de tous parce que cette institution est là pour être au service des citoyens. — En direct et sans attente, en effet. Au fait, pour quand est prévue la prochaine édition imprimée du Dictionnaire ?— Pour 2013, afin de coïncider avec le tri-centenaire de l’Académie. — Si vous le voulez bien, j’aimerais vous posez quelques questions sur votre vie professionnelle. Vous êtes docteur en philologie de l’université d’Oviedo et vous avez aussi une maîtrise en théologie. J’avoue que ce dernier détail a piqué ma curiosité. — En effet, j’ai suivi des études ecclésiasti-ques et je possède une maîtrise en théolo-gie de l’université grégorienne de rome, un centre d’étude très important et la première université du monde en matière ecclésias-tique. — Est-ce de là que vient votre passion pour la poésie mystique de Saint Jean de la Croix et Sainte Thérèse d’Avila ?— pas exactement. Ma passion pour la mystique et les mystiques est postérieure à mes études ecclésiastiques. Elle remonte à 1973 ou 74 alors que j’étais professeur à l’université de Valladolid quand un collègue, un carmélite, professeur d’histoire moder-ne, Teófaces Egido, me demanda d’écrire un bref article sur la littérature thérésienne. je me suis engagé à l'écrire et comme je ne connaissais pas particulièrement le thème

en question, je me suis mis à l'étudier à fond. cet article n'a jamais vu le jour mais mes études ont donné naissance à un livre : El arte literario de santa Teresa (l’art litté-raire de sainte Thérèse). — Presque une reconversion littéraire. — j’ai découvert un monde absolument fas-cinant. À cette époque j’étudiais la poésie espagnole du XXe siècle et j’ai fait une autre découverte : je me suis rendu compte que ceux qui avaient véritablement découvert la poésie de saint jean de la croix et de sainte Thérèse étaient les grands poètes symbolis-tes français. Des poètes comme Mallarmé avaient trouvé dans ces deux mystiques le grand modèle à suivre pour la lyrique sym-boliste.

naturellement mes études ecclésiasti-ques m’ont aidé puisque, sur un plan maté-riel, la religion est contenue dans l'idéologie sous-jacente à cette poésie, mais pas dans son aspect formel et littéraire. Mais mon rapprochement d'avec les mystiques s’est fait d’un point de vue strictement littéraire. — En tant que professeur vous avez occu-pé plusieurs postes. Vous avez enseigné dans les universités de Murcie, Valladolid, Saragosse et enfin à Salamanque. Quels sont vos souvenirs les plus frappants de cette époque ?— À saragosse, par exemple, j’ai été chargé de mettre en place un grand département de littérature et je crois que c’est l’une des choses dont je suis le plus fier. Je suis allé à salamanque sur la recommandation de Fernando lázaro carreter qui était un très bon ami. Qui aurait cru à l’époque que nous allions tous deux nous retrouver à l'Acadé-mie et que j’allais devenir son proche colla-borateur pendant son étape de directeur de l’institution !— Pourquoi Salamanque et pas Madrid, par exemple ?— Fernando m’a dit un jour que je devais aller à salamanque parce que c’était ce qu’il y avait de mieux en littérature et que j'allais avoir à ma disposition une bibliothè-que fantastique et aussi pour les nombreux contacts avec d’autres universités. ce fut un bon conseil et, effectivement, je suis resté à salamanque pendant 29 ans en tant que professeur.

c’est beaucoup, au point que j’ai main-tenant des petits-enfants universitaires. c’est-à-dire que certains professeurs d’uni-

versité ont été élèves de mes élèves. Et puis des centaines, des milliers peut-être, d'en-seignants qui sont passés par salamanque. c’est une université qui a toujours formé et a toujours eu à cœur de former de bons pro-fesseurs de langue et littérature espagnole, et elle continue à le faire. — À ce que je vois, vous vous considérez avant tout comme un professeur. — Oui, oui, par-dessus tout. j’ai fait de la recherche et je continue, mais j’ai toujours aimé l’enseignement, donner des cours. certains de mes collègues préfèrent le tra-vail de recherche et je reconnais que c'est une partie essentielle du travail universitai-re mais moi, je préfère enseigner.

De plus ma carrière a commencé tout en bas parce que j'ai d'abord été ce que l'on appelait alors professeur adjoint de l’ensei-gnement secondaire, ensuite je suis passé professeur de lycée et enfin, professeur des universités. le corps des professeurs de ly-cée a toujours été admirable même s’il est de nos jours un peu mis à mal, ce qui est vraiment dommage. il y a toujours eu de nombreux professeurs de lycée à l’Acadé-mie. — Vous avez dirigé des collections pour plusieurs maisons d’édition et vous avez même été directeur de la revue littéraire Ínsula. — c’est assez fréquent que les maisons d’édition demandent à des professeurs de langue et littérature de collaborer à la publi-cation de certaines collections d'ouvrages. Dans mon cas, c’est ignacio bayón qui m'a appelé, alors qu’il dirigeait la maison d’édi-tion Espasa calpe, pour relancer les collec-tions « Austral » et « clásicos castellanos », ce qui permit de rééditer les œuvres com-plètes d’auteurs comme Antonio Machado, juan ramón jiménez et Miguel hernández... ce qui m'a le plus intéressé à ce moment a été de donner un second souffle à la collec-tion « Austral » en adaptant un grand nom-bre de titres pour l’enseignement scolaire. Ça a représenté beaucoup de travail.

Ínsula, au contraire, était une revue spé-cifiquement conçue pour les professeurs et centrée sur les études littéraires. je l’ai dirigée jusqu’à mon entrée à l’Académie. j’ai laissé mon poste lorsqu’on m’a nommé directeur car je considérais que mes nou-velles responsabilités exigeaient une totale implication.

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63miradas al exteriorvíctor garcía de la concha ● l'interview

SON PROFIL Asturien, né à Villaviciosa le 2 janvier 1934, Victor García de la Concha est docteur en phi-lologie de l'université d'Oviedo et possède une maîtrise en théologie de l'université gré-gorienne de Rome. ● Après un doctorat obtenu avec féli-citations du jury, il a graduel-lement monté les échelons professionnels depuis un simple poste de professeur adjoint de l’enseignement se-condaire, puis de professeur de lycée et enfin, de profes-seur des universités. ● Il a enseigné dans les universités de Murcie, de Valladolid et de Saragosse mais c’est surtout à l’université de Salamanque que García de la Concha a exercé ses fonctions, à partir de 1979 et pendant 29 ans. ●

Son travail de chercheur s’est centré fondamentalement sur deux époques : la littérature hispanique de la Renaissance et la poésie espagnole du XXe

siècle. Ses recherches les plus significatives ont porté sur la littérature mystique du XVIe siècle et les livres qu'il a publié s'intéressent aux deux grands mystiques espagnols : Saint Jean de la Croix et Sain-te Thérèse d'Avila. ● On lui doit également de nombreux travaux sur Nebrija, Garcilaso de la Vega, Fray Luis de León, Pérez de Ayala, auquel il a consacré sa thèse doctorale à Juan Ramón Jiménez et An-tonio Machado, entre autres. ● Ses études sur les avant-

gardes littéraires en Espagne et son livre El surrealismo español (le surréalisme espa-gnol) méritent une mention particulière. Il est de surcroit à l’origine de plusieurs initia-tives culturelles comme les Rencontres de Verines (Astu-ries) qui réunissent des écri-vains de toutes les langues officielles d'Espagne. ● Son travail d’enseignant inclut les médias. Comme c’est le cas du cours multimédia « Viaje al español » (voyage vers l’espa-gnol) produit par la télévision

publique espagnole (TVE) et l’université de Salamanque afin d’enseigner l’espagnol comme langue étrangère. ● Il a été élu à l'Académie royale espagnole en novembre 1991, membre titulaire du siège « c » minuscule et a été par la suite nommé directeur de l’institution en 1998. ● Il possède de nombreuses décorations, titres universi-taires et doctorats honoris causa remis par des univer-sités aussi bien espagnoles qu’étrangères.

En compagnie d’Ana María Matute, le jour de l’entrée de cette dernière à l'Académie. / Aux côtés du président de Mi-crosoft, Bill Gates, lors de la signature à Madrid d’un accord de collaboration / Visite de l’ex-président du gouvernement, José María Aznar, au siège de l’institution. / En compagnie du président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero / Aux côtés du poète Ángel González lors d’une cérémonie à l’université d’Oviedo / Remise du prix de la concorde Prín-cipe de Asturias aux directeurs des 22 académies de la langue d’Espagne, d’Amérique hispanique, des Etats-Unis et des Philippines.

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210 x 297 A 18/2/08 17:43 P�gina 1

Pero lo más importante es el agua.

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